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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Les conséquences de la guerre de 1914-1918 sur l’agriculture aveyronnaise
Article mis en ligne le 28 avril 2014
dernière modification le 23 janvier 2015

par Patrick OZANNE

Conférence "Les conséquences de la guerre de 1914-1918 sur l’agriculture aveyronnaise" donnée au Salon Généalogique de l’Aveyron, le samedi 12 avril 2014 par Gérard Bonnafis

Le département de l’Aveyron est un département très rural qui comptait en 1911, 89.000 exploitations agricoles dont 72.000 avaient moins de 10 hectares, tournées essentiellement vers l’élevage et la production de céréales.
A partir du mois d’aout 1914, la mobilisation concernera 65.000 aveyronnais dont 40.000 agriculteurs soit le tiers des hommes des exploitations et 35.000 agriculteurs seront appelés dès les premiers six mois.
La guerre fera près de 15.000 morts dont 9210 agriculteurs, ce qui aura des conséquences très importantes sur l’agriculture aveyronnaise.
Deux productions essentielles et dont on dispose de données assez précises sont les céréales et le lait de brebis.
A partir de 1915, l’Aveyron va perdre un tiers de la production de céréales dû au manque de main d’œuvre et aussi à la réquisition du blé payé de 15 à 20% en dessous du prix du marché local.
Le lait de brebis subira aussi une baisse de production de plus du tiers essentiellement à cause du manque de main d’œuvre dans les exploitations.
Entre 1910 et 1922, l’Aveyron va perdre près de 2.000 chevaux, 8.500 bovins et 80.000 brebis.

La pénurie de main d’œuvre

Dès la fin aout 1914, la Société Centrale d’Agriculture alerte les pouvoirs publics sur la pénurie de main d’œuvre et les risques de ne pas pouvoir lever les récoltes, puis plus tard de ne pas réaliser les cultures d’automne. Des sursis seront accordés aux professions essentielles : entrepreneurs de battages, bergers, tondeurs de moutons, forgerons, maréchaux ferrants…
Les femmes prendront la place des hommes pour assurer les gros travaux avec l’aide de la famille et des voisins, elles reçoivent les consignes de leur mari, frère ou fils partis au front. Mais ce dur travail ne sera pas véritablement reconnu à cette époque.
Il sera très vite fait appel à de la main d’œuvre étrangère.
Au début, ce seront les émigrants belges (468 en 1915 à qui en fuyant la zone de guerre, chercheront à s’employer. Puis viendront les italiens, les espagnols (2.900 de 1916 à 1917) les prisonniers de guerre allemands (680 en 1919). Des militaires russes (303 en 1918) qui ne participent plus à la guerre au côté des français (la révolution russe débute en octobre 1917).

Les réquisitions

En même temps que se réalise la mobilisation des hommes, sont mises en place les réquisitions de tous les animaux ou produits nécessaires à l’armée.
Des commissions de réquisitions seront mises en place dans toutes les communes sous la responsabilité des maires.
Les chevaux de trait ou de selle, avec leur harnachement, seront tout de suite réquisitionnés pour tracter le matériel ou pour la cavalerie (1.800 entre aout et octobre 1914)

 La paille pour les litières des chevaux mais aussi les paillasses des soldats dans les tranchées (20.000 quintaux en 1918).

 L’avoine pour les chevaux (20.000 quintaux par an) et le foin (90.000 quintaux par an)
 Le lait, le beurre et les fromages : l’Aveyron sera très peu concerné.
 Les pommes de terre (30.000 quintaux en 1915, 70.000 quintaux en 1917).
 Le blé et la farine : le département est déficitaire (il fallait nourrir environ 400.000 habitants) le 8 avril 1917, le président de la République autorise l’introduction de farines de succédanés dans la farine de blé, la quantité de pain par personne qui était de 750 grammes sera limitée à 600 grammes et le 1er décembre 1917, un décret présidentiel instaurera les tickets de pain mais seulement dans les villes de plus de 20.000 habitants ; le département de l’Aveyron échappera à cette mesure.
En 1918, le ministre de l’Agriculture instaure les carnets de battages sur lesquels les entrepreneurs de battages devront enregistrer les volumes récoltés par chaque agriculteur.
8.500 têtes de bovins et 6.000 porcs devront être fournis chaque année aux abattoirs de Dijon, Minières, Lyon, Pithiviers. Les embarquements se font aux gares locales.

 Le vin  : un tiers de la production devra être livrée, mais en 1918, le département de l’Aveyron ne sera plus concerné « le vin ne supportait pas le voyage ».
 Les légumes secs, haricots et lentilles.
 Toute la laine sauf deux toisons par membre de la famille.
 Les troncs de noyers seront aussi réquisitionnés pour faire des crosses de fusils ou des pièces pour les avions. De nombreuses plaintes seront déposées pour les dégâts faits aux cultures, aux clôtures, aux murailles et terrasses. La perte économique sera lourde, l’huile de noix servait à l’alimentation et à l’éclairage et apportait un revenu complémentaire.

Quatre tanneurs aveyronnais seront réquisitionnés pour tanner des cuirs de bovins pour faire les chaussures et les harnachements des chevaux.
Toutes ces réquisitions se font a des prix inférieurs aux prix du marché local et donc n’incitent pas à la production, bien au contraire, les agriculteurs, faute de main d’œuvre se contentent du nécessaire.

La reconstruction

Dès 1917, la profession agricole réagit et crée le Syndicat d’ Encouragement à la Motoculture.
Le ministre de l’Agriculture propose 50% d’aide aux achats de matériel agricole s’il est acheté en groupe.
Les 2 et 3 septembre 1917, une démonstration de tracteurs avec charrues est organisée à Baraqueville, les trois premiers tracteurs sont achetés en Aveyron.
Le 4 mai 1918, une loi est promulguée pour accompagner financièrement la reprise des exploitations ou des terres abandonnées : 65 exploitations et 3560 hectares en bénéficieront.

 1918 : Création des Services du Génie Rural
 1918 : Création de l’abattoir de Cantaranne proche de Rodez et d’une usine frigorifique
 1919 : Création de la RAGT
 1919 : Création des Offices Départementaux et Régionaux
 1921 : la Société Centrale d’Agriculture veut promouvoir l’utilisation de l’électricité force
 1922 : Création de la Fédération des syndicats des éleveurs de brebis
 1922 : Création de l’école d’agriculture de La Roque
 1924 : Création des Chambres d’Agriculture
 1925 : Le fromage de Roquefort obtient son Appellation d’Origine

Gérard Bonnafis