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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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LE FORT VILLAGEOIS DE ST JEAN D’ALCAS
Communication présentée dans l’église du fort lors des Journées Généalogiques 2015
Article mis en ligne le 24 septembre 2015
dernière modification le 22 septembre 2015

par Suzanne BARTHE

Cette communication est extraite du livre ST JEAN et ST PAUL des femmes, des hommes et leurs racines

Le toponyme « Olcas », progressivement devenu «  Alcas  », est antérieur aux gallo-romains. Il n’y a d’abord que quelques maisons à l’Est, dans le quartier du Mas . L’adoption du christianisme entraine la construction d’une église isolée, dédiée à Saint-Jean-Baptiste. Les défrichements du 12ème siècle et la poussée démographique sont à l’origine du hameau de Salabert situé à l’Ouest : il abritait les salariés de l’abbaye de Nonenque, distante de quelques kilomètres, et propriétaire du sol.

Au début du 14ème siècle, le monastère connaît des difficultés et fait appel au roi de France qui, à la même période, cherche à mieux dominer le Midi.. C’est le paréage, ou contrat de seigneurie commune, négocié à plusieurs reprises à partir de 1314, et proclamé en 1321, sous le règne de Charles IV le Bel. Chacun y trouve avantage et sécurité.

Deux décennies plus tard, la Guerre de Cent Ans oppose deux monarques rivaux : Philippe VI de Valois, roi de France, et Edouard III, roi d’Angleterre, mais aussi duc d’Aquitaine et prétendant à la couronne de France. Les intérêts des co-seigneurs sont à l’origine d’une politique régionale de fortifications.

Durant les années 1356-1357, dans un premier temps, l’église paroissiale est surélevée, dotée d’une salle haute, divisée en compartiments par des murs, pour servir à la protection des hommes et à la sauvegarde de leurs ressources en cas de danger. En 1439, une nouvelle campagne de travaux va déboucher sur la construction du Fort médiéval qui va être édifié de 1439 à1445.

L’ensemble, qui doit être dissuasif, aussi bien pour les hommes de guerre que pour les Routiers des grandes compagnies. s’apparente – toutes proportions gardées – aux murailles de Sainte-Eulalie de Cernon, de la Cavalerie, de la Couvertoirade, et même du Viala du Pas de Jaux, également du XVe siècle. Précisions toutefois que Le Fort de St-Jean n’a pas été construit par les Templiers,, mais par l’Abbaye de Nonenque avec le concours des habitants de Saint-Jean. St-Jean d’Alcas n’a jamais dépendu des chevaliers du Temple, ni de Malte.

Le Fort mesure à l’extérieur 70 m de long sur 46 m de large. Il est flanqué de quatre tours rondes. On y entrait par un grand portail au nord, Lou Pourtal et par une petite porte au sud la Pourtarello, aujourd’hui "Pourtanelle".

La porte principale, en arc brisé, est défendue par une archère et un mâchicoulis. Par ses dimensions, elle constituait le seul accès des charrettes dans le fort. Sur la façade nord existe une tour poivrière par laquelle on montait intérieurement au sommet du Fort.

Au sommet du Fort, à gauche de la tour poivrière existaient des pierres émergeant du mur. Ce sont les derniers restes des mâchicoulis qui permettaient de jeter de l’eau bouillante et divers matériaux plus charmants les uns que les autres sur les assaillants.
Un chemin de ronde avec créneaux courait sur les quatre faces du rectangle.

Les matériaux employés pour la construction du Fort sont constitués d’une pierre calcaire très dure, provenant d’un terrain dit les Boissières, situé à trois cents mètres environ du Fort. Le grès, qui a servi à la construction de la grande et de la petite porte, provient des bords de la rivière, en aval de Nonenque, au-dessus de la Roquaubel. Un clocher trapu s’élève sur la dernière travée de l’église. Il servait tout à la fois de beffroi, de donjon et de tour de guet.

Le pâté central de maisons fut édifié pratiquement à la même période.Tout y était prévu : bergeries au rez-de-chaussée, habitations à l’étage et même un endroit découvert près de la Pourtarello, le « pâtus communal », pour sortir les bêtes à l’abri de tout danger. Les montures du curé et de l’abbesse étaient parquées à l’intérieur des murs, au pied de la tour nord-ouest. Le bâtiment le plus ancien est l’église qui, datant du 13ème fut fortifiée vers 1356 sur ordre du sénéchal du Rouergue.

Les maisons, l’église, la salle de justice (qui servit de mairie jusqu’à une période relativement récente) et la prison, s’appuyaient aux remparts à l’intérieur.
L’espace central est occupé par un pâté de quatorze maisons, de telle sorte qu’il n’y a qu’une rue, formant rectangle elle aussi.

Le blason au-dessus de la fenêtre de la « Salle de justice » est celui de la famille des Casilhac, sommé de la crosse abbatiale (Cf. p. 289 les blasons dans « nos villages en couleurs »).

Le Fort eut à supporter quelques difficultés durant les Guerres de religion qui s’échelonnent de 1560 à 1629. Par deux fois, en 1573 et 1593, il est l’objet d’attaque de la part des Protestants, la Dame de Nonenque ayant voulu les duper…. Alors leurs troupes ouvrent une brèche dans la muraille EST, incendient la tour sud-est qui, sur le relevé cadastral de 1665, porte encore le nom de « Casal ». Il faudra aussi réparer le Pourtal et le clocher, après les équipées du duc de Rohan, finalement vaincu par l’armée royale de Louis XIII et la volonté de Richelieu (1629).

En 1612 des comptes du conseil de St-Jean mentionnent l’achat d’une cloche et la fermeture de la porte du Fort, du côté de la place, et des réparations faites aux portes.
Nous vous montrons ici ce qui semble être une partie de la clé du fort et qui fut retrouvée chez le forgeron

En 1641 les consuls font faire des bancs pour l’église.. Les assemblées tenaient leurs séances sur la place de St-Jean d’Alcas jusqu’en 1680, lorsque, sur la proposition du sieur Dalbis, 1er consul, il fut décidé que les délibérations auraient lieu dans « une chambre, pour éviter le désordre qui avait lieu sur la dite place et que le public ne serait pas admis ». A cet effet on meubla la salle de Justice, dans le Fort, d’une table, de deux chaises, deux sièges, six bancs, pour que les consuls, les conseillers et les greffiers puissent s’asseoir. On fit une armoire, pour enfermer les archives, au lieu du coffre utilisé précédemment.

Le 6 mai 1685 les registres des Baptêmes, Mariages et Sépultures furent baillés à Jean Réfrégier, consul, dont il se chargea par acte reçu par Me Flotard, notaire et ces registres furent mis dans la garde-robe de la communauté.

Les abbesses de Nonenque firent souvent leur résidence à St-Jean d’Alcas. En 1573, au moment de la prise de Nonenque par les protestants, l’abbesse y trouva refuge. En 1650, Marguerite de Montpezat, abbesse, y mourut. Nonenque conserva St-Jean d’Alcas jusqu’à la Révolution.

Après un très important déclin au 19ème siècle, Saint-Jean d’Alcas a connu « une résurrection de son village fortifié » au 20ème siècle. Reconstruction exceptionnelle, sous l’égide de celui qui y consacra 42 ans de sa vie à sa commune, je veux parler de Monsieur Fernand BARASCUD. Cette reconstruction fut du reste récompensée par de nombreux prix.

C’est de nos jours un site tout à fait remarquable qui s’offre aux visiteurs, et j’espère que vous avez pu en apprécier tout le charme en ayant une pensée reconnaissante pour M. Barascud qui s’y consacra avec tant d’ardeur

Vous pourrez retrouver des informations complémentaires, ainsi qu’un grand nombre de documents iconographiques dans le livre en vente au CERCLE GENEALOGIQUE DE L’AVEYRON au prix de 22 euros