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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Lapanouse-de-Cernon
Histoire, patrimoine et géographie d’un village d’Aveyron
Article mis en ligne le 4 mai 2022
dernière modification le 21 novembre 2022

par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE

Il nous a toujours semblé intéressant de présenter l’environnement dans lequel vivaient les ancêtres dont nous évoquons les généalogies. Aussi, permettez-nous de vous proposer quelques lignes sur LAPANOUSE-de-CERNON, berceau de la famille BERGONIER, dont nous développerons la généalogie dans les prochaines semaines

La commune de Lapanouse-de-Cernon  [1] est située dans la vallée du Cernon au pied du plateau du Larzac, dans le département de l’Aveyron en région Occitanie. Lapanouse-de-Cernon fait partie de l’arrondissement de Millau, Communauté de Communes « Larzac et Vallées » canton de Cornus. [rouge]Merci de cliquer sur les différents éléments iconographiques pour les agrandir.[/rouge]

Origine du nom

Au Moyen Âge, une congrégation de moines panetiers cultive le blé et fabrique du pain donnant ainsi son nom au village "Panus", puis "Panusia" et enfin "Lapanouse".
Puis le nom du village fut complété (afin de le distinguer des nombreuses autres LAPANOUSE) par le nom de la rivière qui le traverse à savoir : Le Cernon

Le CERNON

Rivière longue de 30,4 km, le Cernon prend sa source au pied et au cœur du haut plateau karstique du Larzac. Le Cernon entaille largement ce plateau puis en marque la frontière nord-ouest avant de se jeter dans le Tarn en rive gauche, entre Millau et Saint-Rome-de-Tarn à l’aval de Saint-Georges-de-Luzençon.

Le Cernon traverse successivement : Sainte-Eulalie-de-Cernon, Lapanouse-de-Cernon, La Bastide-Pradines, Saint-Rome-de-Cernon, Saint-Georges-de-Luzençon.

Ses affluents sont : le Soulzon : 10,3 km ; le Ruisseau de Fourniou  : 3,5 km ; le Ruisseau de Lessude : 5 km ; le Ruisseau de Lavencou : 8 km.

Histoire et patrimoine

Lapanouse-de-Cernon appartenait aux Comtes de Rodez, qui vendirent les revenus du lieu en 1302 à Raymond de Gozon. Cf. http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article897. La famille de Gozon, une des plus nobles et des plus anciennes de la Vicomté de Millau, tirait son nom, et sans doute son origine, de son château de Gozon, situé sur les collines de la rive gauche du Tarn, à peu de distance à l’aval de Saint-Rome. La famille de Gozon possédait encore le château de Mélac ainsi que d’autres fiefs. Elle avait fixé sa résidence à Millau pendant les XIIIe et XIVe siècles, et habitait une vaste maison avec des dépendances considérables placées au centre de la ville.

Raymond de Gozon d’abord damoiseau puis chevalier figure d’une manière presque permanente, dans la première moitié du XIVe siècle, parmi les consuls de Millau. Il était consul en 1327 puisqu’il fut désigné par la ville, avec un de ses compagnons, comme délégué aux états généraux de Tours. Cette assemblée convoquée par Philippe le Bel devait associer les pays aux mesures prises après le coup d’état de Philippe le Bel contre l’ordre du Temple.
Raymond de Gozon est qualifié dans l’inventaire fait le 19 mai 1340 de la ferme du Larzac de "Noble senhor Raymon, Senhor de Gozo, Cossol de la vila d’Amelhau".

Outre le pont médiéval qui franchit le Cernon, on peut remarquer quelques détails architecturaux ornant les maisons : un bel escalier, une terrasse, un pigeonnier. Lapanouse garde également de son passé médiéval une tour carrée et quelques vestiges des remparts que l’on peut encore observer au centre du village. Ces fortifications datent de la Guerre de Cent Ans lorsque les Armagnac accordèrent aux habitants le droits de se défendre des Anglais et des routiers. [2]

Le prieuré bénédictin dépendait de l’Abbaye Saint Martial de Limoges. Il fut attribué en 1619 aux Jésuites de Rodez. "La paroisse St-Martial correspond à l’ancienne communauté. Le roi était suzerain comme vicomte de Creissels. En 1785, Jean de Singla, baron d’Avène, tenait la seigneurie en engagement du roi (C1605)". [3]

L’église, dédiée à Saint Martial, se trouve au centre du village. Elle possède une abside en cul-de-four. Elle abrite une statue en bois peint datant du XVIIIe siècle et représentant une Vierge à l’enfant qui a été classée au patrimoine des monuments historiques le 5 décembre 1908. Le retable qui ornait l’église paroissiale et qui provenait du couvent des Chartreux de Rodez a aujourd’hui disparu. Le clocher fut réalisé par Boissonnade en 1865. Stèle discoïdale. [4]

Nous noterons également le Pont médiéval sur le Cernon. Ce pont de calcaire d’une longueur de 30,20 mètres et d’une largeur de 2,70 mètres, possède deux arches, celle de gauche en plein cintre, celle de droite légèrement surbaissée. Il est composé d’une pile centrale avec avant et arrière-becs triangulaires, remontant jusqu’au parapet où ils font refuge. Ce pont est de la famille (en plus modeste) des ponts de Nant [5] de Trèves, de Vabres ou de Saint-Affrique. Une croix de pierre récente (1892) a été dressée sur l’avant-bec et porte le monogramme IHS. On remarque dans le bahut, à côté de la croix une cuvette régulière de 16 cm de diamètre formant un "bénitier".

La construction du pont serait contemporaine de celle du fort de Lapanouse, autorisée par le comte d’Armagnac en 1362 et achevée en 1371. Mais les arches à bandeaux extradossés semblent avoir été refaites. La chaussée, aujourd’hui horizontale devait être à l’origine en dos d’âne. (JD)

Lapanouse-de-Cernon possédait une école dès le XVIIIe siècle.

Le bâtiment abrite de nos jours la mairie.

Il y avait une entrée pour l’école des filles, une entrée pour l’école des garçons et au centre une entrée pour le logement de l’instituteur, situé à l’étage.

Les clichés sont de Christian CAUSSE.

Démographie

En 1793 la population de Lapanouse-de-Cernon s’élevait à 400 habitants. En 1841, la commune comptait 740 Lapanousains et Lapanousaines. En 1891 la population ne s’élevait plus qu’à 525 habitants, pour décroitre lentement et inexorablement jusqu’à 99 en 1999. Depuis les années 2000 nous observons une nette remontée pour atteindre 124 Lapanousains et Lapanousaines au dernier recensement (2018).

Géographie

L’altitude minimum de la commune est de 473 mètres tandis que l’altitude maximum est de 880 mètres, pour une superficie de 22,87 km2.

Le village de Lapanouse-de-Cernon est entouré à l’Ouest par Labastide-Pradines, au Nord-Ouest par Creissels, au Nord-Est par Millau, à l’Est par La Cavalerie, au Sud-Est par Sainte-Eulalie-de-Cernon, et enfin au Sud par Le Viala-du-Pas-de-Jaux.

Villages, hameaux et maisons

La carte est de Jean Yves BOU que nous remercions. Le nombre d’habitants en 1868 est selon Jean-Louis DARDE. [rouge]Merci de cliquer sur la carte pour l’agrandir[/rouge]

  • [rouge] Arrabis[/rouge] (Alias domaine des Arabies) - Famille FABRE au 17ème siècle. Famille SOULIER au 18ème siècle. Ce lieu-dit abritait une maison et 6 habitants en 1868.
  • [rouge]La Baume -[/rouge] Ferme fortifiée, ancienne propriété des Montcalm Saint-Véran (XVIIe siècle). Cf. http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article426

    Ce domaine appartint en 1812 au général Jean-Baptiste Solignac. Son fils Laurent Achille Camille y naîtra en 1816. L’acte précise les titres du père : "baron de Solignac, lieutenant général, chevalier de l’Ordre Royal de St Louis, commandeur de la Légion d’Honneur, habitant de la Baume". Solignac, originaire de Millau, fut dans sa jeunesse un proche de Bonaparte, néanmoins, son amour de l’aventure et des combats lui fit perdre cette amitié. Solignac fit à la Baume des essais (non concluants) d’acclimatation de la race ovine Mérinos importée d’Espagne. [6] Ce hameau abritait 20 habitants en 1868.

  • [rouge] Bedassos[/rouge] - Ce lieu est qualifié de "masage" au XVIIème siècle. Puis de "domaine". Familles MAZERAND (17ème s.). COMBES (17ème s.). ARLES (18ème s.). GALZIN (18ème s.). [7]
    JL DARDE y signale "une maison" en 1868.
  • [rouge] Le Jas[/rouge] - Une maison en 1868
    Familles FABRE, GRAILHE.
  • [rouge]Lescure[/rouge]

    Ce lieu abrita deux châteaux.
    Le plus ancien était celui du haut. De nos jours il n’en reste que des ruines. Chapelle bâtie en 1311 par Raymond d’Amilhau.
    Le second château date du XVIIIe siècle. Ce "château bas" appartenait en 1850 à Hippolyte de Pegayrolles. Détruit par un incendie il fut rebâti au début du XXème siècle. Ci-contre croquis de Mme Madeleine COUSIN.
    Familles : MALZAC, CAVALIER, COULET, GALTIER, FABRE, CADILHAC, LEVESQUE.
    Ce domaine abritait 19 habitants en 1868.

  • [rouge] Le Mas[/rouge]
    En rive droite du Cernon, à côté du pont médiéval, se trouvait la ferme du prieuré de St Martial. Elle date au moins du XIe siècle. Famille MAZERAN.
  • [rouge] La Mouline[/rouge]
    La Mouline possédait un martinet (mouline à cuivre)au XVe siècle. En occitan, une molina, féminin de molin, est un moulin à eau destiné à exploiter l’énergie hydraulique pour l’artisanat métallurgique. Ce type de moulin est également connu sous le nom de martinet dont la racine qu’il a en commun avec « marteau » (martèl en occ.) exprime mieux le sens de forge.
    Puis ce lieu abrita une cave à fromage aménagée par Paul LEBROU.
    De nos jours nous y trouvons la Pisciculture de la Mouline, l’une des plus importantes du sud de la France, où se reproduisent les truites, créée il y a plus de 30 ans par la Fédération départementale de pêche. [8]
    A la Mouline, non loin de la pisciculture, trône la plus grosse truite du monde sculptée dans le granit et pesant 3 tonnes.
  • [rouge]Parets[/rouge] (alias Masage des Parets)
    Jacques BROUILHET, époux de Jeanne VAYSSIERE était qualifié de Laboureur du Masage des Parets en 1654. Le couple BROUILHET Estienne x REBOUILLE Marie leur succéda et leur fille Jeanne épousa Guillaume NAVECH en 1693.
    Une maison abritait 5 habitants en 1868
  • [rouge]Roumegous [/rouge]
    Ferme très ancienne, qui figure dans un acte de 1130 concernant le Prieuré. Cette petite propriété agricole qui appartenait au Prieuré, fut ensuite rattachée à Lescure.
    Une maison en 1868.
  • [rouge]Saint-Martin [/rouge]
    Familles CARRIERE, GALTIER.
    Une maison, 11 habitants en 1868
  • [rouge]Vialamontels [/rouge]
    Une maison, 7 habitants en 1868

La commune de Lapanouse de Cernon fait partie d’un espace protégé, le Parc naturel régional des Grands Causses, créé en 1995 et d’une superficie de 327 937 ha, qui s’étend sur 97 communes. « Ce territoire rural habité, reconnu au niveau national pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, s’organise autour d’un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine ». [9]

Sur la photographie ci-dessus nous pouvons apercevoir sur la gauche la mairie, puis l’église St Martial qui est en partie romane.

Adossés à l’abside se trouve le monument aux morts et un buste d’A. BERGONIER, bienfaiteur de la commune, sur lequel nous reviendrons dans un prochain épisode. Voir aussi notre article http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1596

Entrant dans LAPANOUSE de CERNON par l’Est, c’est-à-dire en venant de Ste-Eulalie, on pénètre dans le village par l’Avenue BERGONIER, cette rue aboutit à l’église, à la mairie et à la place du village. Elle porte le nom de son bienfaiteur auquel nous consacrerons un article dans les prochaines semaines.

SB

Nous remercions M Jean DELMAS pour sa documentation et ses éclairages dans la rédaction de cet article. Nous recommandons la lecture des documents suivants :
1- Le paragraphe concernant la mouline à cuivre de Lapanouse-de-Cernon, dans :
"Notes sur l’industrie du cuivre dans le Rouergue méridional au Moyen Age", dans Revue du Rouergue, 106, avril-juin 1973, p. 127-141
2- la notice concernant le pont de Lapanouse-de -Cernon (p. 8-9), dans :
Les ponts du département de l’Aveyron (antérieurs à 1800) - Bassin du Tarn (deuxième partie) : affluents rive gauche, Sauvegarde du Rouergue, no 130, juin 2019, 36 p.

Nous recommandons la lecture de l’excellente monographie de Madeleine et Emmanuel COUSIN parue en 1995.

Nos remerciements vont également à Madame Stéphanie ANDRIEU, maire de LAPANOUSE DE CERNON et à Fabienne, secrétaire de mairie, pour leur aimable collaboration.