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Saint Georges-de-Luzençon et sa région à travers les siècles
Article mis en ligne le 24 mai 2006

Saint Georges-de-Luzençon

Ce promontoire dominant la vallée du Cernon, voie d’accès au Larzac, ne pouvait que convenir à un habitat ; Depuis quand ?

Près d’un millénaire avant notre ère, les Celtes ou Gaulois s’y trouvent installés.

Après la conquête romaine, et la paix qui s’inscrit de l’an 50 à 400, l’agglomération - le « vicus » gallo-romain à l’appellation inconnue - s’étale en aval, rive droite de la rivière.

Après 400, invasions et brigandages obligent à un repli sur la hauteur initiale, plus facile à protéger. Le christianisme s’y implante ; et les évêques de Rodez y acquièrent des droits.

Vers l’an 900, le petit bourg se fortifie mieux. Il prend le nom de Saint-Georges, de par l’influence et le rayonnement de deux saints Georges : le grand et le lointain d’Orient, un officier romain ; le petit et le proche, un évêque de Lodève.

Vers 1140, les Templiers y ont des possessions. Le tènement du Temple rappelle leur souvenir.

Comme tout le Rouergue, vers 1250, Saint-Georges passe dans la mouvance du royaume de France.

En 1317, à la création de ce nouvel évêché, l’évêque de Vabres conforte son pouvoir temporel sur le village, en plus de sa juridiction spirituelle. Par son « viguier » ou représentant personnel permanent, il domine et dirige la vie consulaire et municipale. Il s’y construit un petit château, sur la Placette, près de l’église.

En 1360, Saint-Georges comme tout le Rouergue, tombe sous la dépendance anglaise pour quelques années. Dans les pourparlers pour le départ des soldats anglais, l’évêque de Vabres, dans son château de Saint-Georges, joue un rôle prépondérant.

Avec les guerres de Religion, à partir de 1560, Saint-Georges demeuré catholique, subit de furieux assauts et de cruelles vicissitudes.

Après 1630, dans la paix civique revenue, l’agglomération s’étale hors des murs. C’est la nouvelle Place et le faubourg, ou « barry » du Temple.

La Révolution a diverses répercutions à Saint-Georges, notamment sur sa vie paroissiale, officielle et clandestine, mais sans trop d’excès. Les biens locaux de l’évêché de Vabres supprimé sont vendus aux enchères publiques.

Le XIXème siècle et le début du XXème se déroulent sous la double influence conservatrice et progressiste en matière idéologique, deux conceptions qui s’affrontent, sans animosité outrancière.

L’activité minière se développe, tandis qu’une nouvelle et vaste église est construite, une fontaine publique est érigée - l’une paraissant défier l’autre - Un grand bâtiment mairie-école publique est élevé de l’autre côté du Cernon, délaissant la Mairie Commune de la Placette. La vieille église romane de la Placette est démolie.

La guerre de 1914-18 voit tomber au front bien de jeunes Saint Georgiens. Après c’est la fermeture des mines, qui ont repris un semblant d’activité pendant la guerre de 1939-45.

Lors de la Seconde Guerre mondiale 1939-45, la maison éloignée des Tilleuls sera, dans le plus grand secret, un lieu de décisions importantes résistantes.

La mutation économique qui s’amorce voit diminuer la population de Saint-Georges, passant de 1110 à 775. Elle remonte autour de 1600, ces dernières années, dans le développement péri-urbain de Millau et de l’axe Millau Roquefort Saint-Affrique.

Notes sur Saint-Geniez-de-Bertrand

Disons un mot du nom. Son ancienne forme, dans les documents, était "Saint-Geniez de Vertenan". Vertenan, appellation qui reste attachée à des terrains situés un peu en amont et sur la rive droite de l’Avencou, était, je pense, le nom originaire du lieu. Celui-ci, lorsqu’il devint chef lieu d’une paroisse sous le patronage de Saint-Geniez (greffier de profession, martyr d’Arles dans les premiers siècles de l’église), dut être dénommé St-Geniez de Vertenan, comme d’autres paroisses devinrent St-George de Valserène, St-Amans de Bouysse, St-Amans de Bouffiac, St-Amans de Trousit, St-Martin de Pris etc...

A propos du nom de St-Geniez-de-Bertrand, le chanoine HERMET écrivait en 1929, que dans la région, on appelait aussi ce village "St-Geniez des Pérous", à cause d’une spécialité ou de l’abondance particulière de petites poires en ces lieux.

Institutions civiles ou politiques

Saint-Geniez a eu, dès l’époque féodale, ses Seigneurs. Mais, ici comme partout, la chose est loin d’être simple.

En schématisant un peu, disons que la seigneurie haute, comportant l’hommage et les droits de toute justice, appartient à l’Evêque : l’Evêque de Rodez, puis celui de Vabres, après la création de ce dernier évêché en 1317.

L’Evêque seul gardait droit à l’hommage, mais pour la haute justice il semble bien qu’il l’ait eue en indivision avec la famille de seigneurs locaux, les CREISSELS puis leurs successeurs, ainsi qu’avec les PELEGRY. Ne nous étonnons pas d’avoir là-dessus, au XXème siècle, quelques incertitudes, car, dès 1356, la Notice Officielle des droits de l’Evêque de Vabres (citée par Hermet) avouait que les PELEGRY possédaient "certam partem" de la justice, sans oser préciser davantage.

Ces co-seigneurs exerçaient la justice par un juge, ils avaient un procureur juridictionnel, officiers qui ne résidaient pas en général sur les lieux, à la différence du baille, sorte d’officier de police local. Les fourches patibulaires, insigne de la haute justice, se dressaient sur "le Puech de Verdus", au Larzac.

La famille de CREISSELS, qui fût peut-être la première à posséder la seigneurie et le château de St-Geniez, ne doit pas être confondue avec les vicomtes de Creissels... Ils eurent pour successeurs, au XVème siècle, les nobles RICARD, venus de Peyrelade, lesquels eurent pour héritiers les GARCEVAL, au XVIIème siècle. Comme, par ailleurs, les GARCEVAL avaient hérité des PELEGRY au début de ce même XVIIème siècle, ils réunirent sur leur nom tout ce qui, à St-Geniez de Bertrand, pouvait se posséder par indivis avec l’Evêque en matière de haute justice.

Au XVIIIème siècle, les biens des GARCEVAL, par suite du mariage de leur dernière héritière, passèrent aux LASTIC Saint-JAL, dont la dernière héritière, à son tour, par son mariage avec François de LEVEZOU de Vezins, apporta tous ses biens, y compris Saint-Geniez, à la famille de LEVEZOU de Vezins, qui le possédait encore à la Révolution.

La propriété la plus importante des seigneurs de Saint-Geniez était le château. Cette construction, dont on ignore naturellement les origines et l’état primitif, est, selon Jacques MIQUEL, spécialiste en la matière, injustement méconnue. Il est typique du château repaire, c’est-à-dire une maison seigneuriale fortifiée mais non entourée d’une enceinte propre et construite dans un site dépourvu de défense naturelle. Les bâtiments s’ordonnent autour de la cour centrale. En façade, la tour de gauche remplit la fonction symbolique de donjon.

Le château comporta un fossé, alimenté (autant qu’il pouvait l’être sans doute) par les eaux du torrent du Théron, affluent de l’Avencou.

La famille de VEZINS, ou du moins ceux de ses membres sur la tête de qui étaient le château et autres possessions, n’ayant pas émigré, ne fut pas spoliée de ses biens de droit civil par la Révolution (celle-ci ne lui fit perdre que ses droits et redevances de droit féodal). Elle vendit le château de Saint-Geniez, entre 1850 et 1860, à M. de GISSAC. Les de GISSAC, le revendirent en 1920 à la famille MAURY, qui l’habite actuellement. Il s’y trouvait, des cheminées armoriées, dont certaines ont été vendues.

A noter que les seigneurs de Saint-Geniez possédaient, entre autres domaines, la métairie de Labro (jadis la Bercaduro = la Brèche), qu’ils baillaient à ferme. Ils avaient aussi un droit exclusif à un pigeonnier.

A la révolution, la commune fut maintenue, mais les maîtres de l’époque, sans doute peu dévots pour Saint Geniez, remplacèrent son nom, trop chrétien, par celui de Lavencou, emprunté au ruisseau qui arrose la localité. La commune appartint alors au canton de la Cavalerie, qui ne comprenait que la Cavalerie, l’Hospitalet du Larzac et Lavencou. Mais en 1800 la réorganisation administrative du premier Consul fit disparaître le canton de la Cavalerie, ainsi que la commune de Lavencou. Saint-Geniez recouvra son nom traditionnel et fut rattaché à Saint-Georges.

Sur l’importance de la population de Saint-Geniez, on sait qu’en 1349 la paroisse comptait 57 feux, mais le feu étant déjà à cette époque une simple unité fiscale, on ne peut tabler sur ce chiffre pour évaluer le nombre d’habitants. Outre l’agglomération principale, il y avait quelques hameaux ou "villages". Sénil, par exemple, en était un (aujourd’hui simple quartier de Saint-Geniez). Il y avait aussi Séral, Virazels, Las Pauses,...

Le bassin du Larzac ne présente pas seulement l’originalité géologique (c’est le seul secteur en France où la houille stipite a été exploitée) et économique que l’on a indiqué au début. Il figure aussi parmi les régions où l’exploitation a été la plus ancienne : ainsi la mine de Saint Geniez de Bertrand a été exploitée au moins depuis 1377 : on y rechercha d’abord la couperose ou vitriol (sulfate divers). Elle fit l’objet à la fin du XVIIIe siècle d’une véritable activité industrielle à laquelle il faut rattacher, ainsi qu’on l’a dit, le nom du grand chimiste Chaptal

Ces mines comme toutes celles de notre région (Larzac, Vallée de la Dourbie, etc. . ) n’eurent jamais une grande importance. Le charbon pauvre, lignite, qu’on en extrayait, à une époque ou tout le monde se chauffait au bois, était destiné surtout aux forges, fours à chaux et autres artisanats.

Sans doute ces charbonnières étaient-elles logées à la même enseigne que celles de Saint-Georges, qui paraissent n’avoir enrichi aucun de leurs exploitants successifs. Elles ont fonctionné, jusqu’après la guerre de 1914-18 et elles avaient repris un semblant d’activité pendant la guerre de 1939-45. [1]

Outre les mines, il faut signaler que Saint-Geniez avait un moulin, comme toute localité possédant un cours d’eau. En 1562, c’était un moulin bladier à deux meules, dont le meunier était Pierre BALDOYN, du village de Sénil. Ce moulin appartenait au seigneur, qui le louait au meunier comme cela se faisait un peu partout (p. ex. en 1615, voir inventaire Bousquet, III, n°313).

Saint-Geniez sous l’ancien régime, possédait une école, dont le local était loué et le régent appointé aux frais de la communauté. On payait aussi un sonneur de la cloche et l’entretien de l’horloge.

Institutions religieuses : la paroisse

Saint-Geniez de Bertrand semble avoir été assez anciennement un prieuré dédoublé, c’est-à-dire ou le prieur et le curé étaient distincts. Le prieur, titulaire du bénéfice, l’administrait, percevait les revenus, assurait l’entretien du temporel mobilier et immobilier, et celui du curé, logement et nourriture, à l’aide d’une pension ou d’une portion dite congrue (= convenable) des revenus. Le curé (de cura, soin, curatus = celui qui a soin ou charge) avait la charge des âmes autrement dit l’administration spirituelle de la paroisse. Il en était encore ainsi en 1562, au début de la crise protestante. Mais ensuite, à partir du XVIIIème siècle, la paroisse eut un prieur-curé, le même personnage assurant les fonctions de prieur et de curé. On possède les noms d’un certain nombre de prieurs, de curés (v. liste donnée par HERMET, noms fournis par Maurice MIQUEL, mes notes personnelles). La liste des prieurs-curés des XVIIème et XVIIIème siècles est assez complète. Le curé fut aussi assisté de vicaires (appelés à l’origine secondaires, car le vicaire, alors, ou vicaire perpétuel, était le curé).

Sous l’ancien régime, quatre ouvriers (deux "vieux" c’est-à-dire de l’année précédente, et deux "modernes", de l’année présente) participaient à la gestion temporelle de la paroisse et à l’entretien d’une partie de l’église (la nef), l’autre, le choeur, étant à la charge du prieur.

A la Révolution, Saint-Geniez, ou plutôt Lavencou, eut un curé constitutionnel, Guilhaume GAZEL. Né à la Bastide Pradines en 1758, ordonné prêtre par "l’Evêque de paille DEBERTIER", en 1792, il fut nommé curé de Lavencou en 1794. Il se retira assez vite dans son village natal et, n’ayant pas mauvaise réputation, après le Concordat, réconcilié avec l’église, il reprit le ministère comme curé de Montégut, où il mourut à 80 ans en 1838.

D’après les notes de l’Abbé P.E. VIVIER, Jean DELMAS, André MAURY et Maurice MIQUEL