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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Résumé de la conférence du 10 septembre 2006 lors de l’AG du CGSA
La seigneurie de Roquefort en 1671 (contrefort du Larzac)
par Marc VAISSIÈRE
Article mis en ligne le 12 septembre 2006
dernière modification le 6 décembre 2013

Les cadastres anciens, appelés Compois-cadastres en Rouergue, sont d’une importance primordiale dans l’étude sociale de l’Histoire.

Le cadastre de Roquefort de 1671 s’intitule « Livre du nouveau compoix cadastre, allivrement et abonnement du lieu et mandement de Roqueffort au diocèze de Vabre ».

La procédure de réfection du cadastre débute le 5 mars 1665 par la signature du bail à prix-fait (devis), mais le procès-verbal d’achèvement n’est signé que le 26 septembre 1671 et donne un revenu cadastral de 218 livres 8 sols 2 deniers.

La seigneurie de Roquefort est limitée par celles de Montclarat, de Tournemire, de Saint-Affrique, de Saint-Jean-d’Alcas et de Saint-Jean-d’Alcapiés, ce dernier village étant souvent appelé dans le cadastre « Saint-Jean-le Bas ».

Les voies importantes indiquées par le cadastre sont le chemin de Saint-Jean-d’Alcapiès à Millau et d’Est en Ouest « le grand chemin ferrat de St-Jean à Tiergues ».

La seigneurie est composée de onze villages, hameaux ou fermes. Le nombre de contribuables inscrit dans le cadastre est de 154, dont 67 forains (Non résidents dans la seigeurie), et qui se répartissent ainsi : 36 à Lauras et autant à Roquefort ; 6 à Saint-Privat ; 3 au Mas-de-Bages ; 2 au Mas-de-Boutinenques ; et dans les fermes du Mas-du-Bousquet, Mas-de-Tendigues, Montagut, Moussac, Pradeilles, le Salès.
Les contribuables des villages de Roquefort et de Lauras constituent presque 47 % des inscrits du cadastre.

Peu de renseignements sont donnés sur les professions. Ainsi à Lauras trouve-t-on un « cardeur » en la personne de Pierre Salvan. À Roquefort Jacques Trémoulet est « maitre-charpentier », Antoine Galhard « maitre-cordonier », Guillaume Vernières « tisserand ». Il ne se trouve qu’un « maçon » à Saint-Privat qui n’est autre que Jean Bousquet. Parmi les forains de Tournemire on cite Jean Andral comme « fournier » (Occitan Fornièr = boulanger).

Donnons quelques statistiques sur les patronymes en constatant que 18 noms de famille sont représentés dont les plus fréquents sont Vernières en 9 exemplaires ; Vernhet, Salvan, Galtier en 4 ; Gastine, Fabre en 3 ; Roquet, PASCAL, Lauras, Guibert, Geniès, Gély, Coupiac, Costes, Castan, Carle, Brun en 2.
Rares sont les surnoms officialisés et on ne trouve qu’Antoine Costes dit « Barberoux », de Lauras ; feu Guillaume Vernières dit « Dalhaire » (Occitan = faucheur), de Roquefort, dont le bien est encore indivis ; Pierre Andral, de Tournemire, dit « Del-Four » (Del forn = du four) pour le distinguer de son homonyme le boulanger Jean Andral ; et enfin une femme surnommée « la Galude », de Saint-Affrique.

Dans la seigneurie de Roquefort, les grandes propriétés sont rares et n’appartiennent pas aux résidents ; la plus importante est de 245 ha.
On trouve ensuite une tranche de neuf biens entre 42 et 20 ha. Les quatre tranches allant jusqu’à vingt ha totalisent 139 tenanciers soit 90 % des contribuables. Les 15 tenanciers restants se partagent 70 % du territoire.

Pour mesurer les superficies, les arpenteurs utilisent une mesure de compte variable selon les régions. Elle est appelée « sétérée » et constituée d’un certain nombre de « cannes », la canne étant la mesure de longueur servant de base [1].
Les entrepreneurs du cadastre de Roquefort disent avoir mis 720 cannes dans la sétérée de terre, pré et vigne, et 192 dans la sétérée de jardin. Comme ils utilisent la canne de Montpellier, il faut multiplier 4,012 m² par chaque nombre de cannes pour obtenir successivement une sétérée valant 0,2897 ha pour les terres, et de 0,0770 pour les jardins. La sétérée se divise en 4 quartes ou 40 poignées.

Les entrepreneurs du cadastre donnent parfois d’intéressantes indications sur l’état du foncier bâti. Jacques Guibert, de Roquefort, tient une maison et « degré ... soubz lesquels passe la rue » ; Antoine Vernière, de Roquefort, tient une maison « estant à quatre membres ... degrés au dedans ».
Un certain nombre de constructions sont en cours ou récemment achevées : Jean Ricard, de Lauras, tient un « membre de nouveau construit n’estant pas encore couvert ».
Donnons la signification des occitanismes de ces extraits : Membre = pièce d’appartement ; Degrà = étage.
Le cadastre indique plusieurs bâtiments dont la couverture est de chaume, on peut donc déduire que les autres sont tuilés.

Les descriptions du cadastre spécifient que le village de Roquefort recèle un certain nombre de cave à formages. Ces caves sont groupées dans le site dénommé « l’enclos des cabanes », donnons ici la description de la première citée : Etienne de Vernhet, du Mas, tient « une cave scittuée dans l’enclos des cabanes de Roqueffort contenant quinze canes, confronte du levant avec le rocher de St-Pierre, du midy la cave de Delle Marie de Pascal, du couchant la rue publique, et de la bize la cave de la dame abbesse de Nonenque ».
On dénombre 22 constructions incluses dans l’enclos possédées par seulement 16 tenanciers puisque certains ne possèdent qu’un étage d’une construction.

Voilà quelques éléments que procure le dépouillement du cadastre de Roquefort de 1671.

Sous leur apparence austère de documents fiscaux, les cadastres anciens apportent de nombreuses données en toponymie, anthroponymie, métrologie, démographie, sociologie, économie, habitat, voies de communications, parcellaire, habitats disparus et archéologie.
Ils permettent de mieux comprendre les terroirs et donc les habitants de la période concernée.

Marc VAISSIÈRE

Les amateurs d’histoire désireux de dépouiller un cadastre les intéressants trouveront des modèles dans les cinq études que nous avons publiés dans le Bulletin du Cercle généalogique du Rouergue :

 « La seigneurie de Montméjan en 1666 (causse Noir) », n° 43, 2003, pp. 27-36.
 « La seigneurie de Montferrand en 1620 (Palanges) », n° 44, 2003, pp. 27-36.
 « La seigneurie de la Clau en 1645 (Palanges et Lévézou) », n° 45, 2003, pp. 29-39.
 « La seigneurie de Vezins en 1668 (Palanges) », n° 46, 2003, pp. 29-38.
 « La seigneurie du Ram en 1676 (Palanges et Lévézou) », n° 47, 2004, pp. 26-37.

Ils peuvent aussi nous écrire à l’adresse suivante : Marc Vaissière, 440, avenue de Calès 12100 Millau.