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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Généalogie d’un fabricant de verre en Lévézou
Par Alain GOULESQUE
Article mis en ligne le 13 février 2009
dernière modification le 20 février 2010

Retour à l’article " Famille de COLOMB"


En 2007 suite à la découverte de 2 fours de verriers, l’un en bon état dans la forêt domaniale de Lagast (commune d’Auriac Lagast) et l’autre, complètement rasé, dans le bois de la Devèze (commune d’Alrance) quelques recherches m’ont permis de découvrir un fabricant de verre, avec ses ascendants et sa descendance comme suit :

 1) dans le registre de La-Capelle Farcel, le 30/11/1810, la naissance de Auguste COLON DELSUC fils de Baptiste 26 ans fabricant de verre, domicilié à la fumadette , à La-Capelle-Farcel, et de Christine FABRE.
 2) dans le registre de La-Capelle-Farcel, le 16/17/1812 la naissance de Rosalie DELSUT fille de Baptiste DELSUT fabricant de verre 29 ans demeurant à La-Capelle-Farcel et de Christine FABRE, le père signe COLON DELSUC. Elle décède le 17 avril 1817 à 5 ans sous le nom de Colon Rosalie, à La-Capelle-Farcel, son père est indiqué verrier par les témoins (il doit être absent pas de signature)
 3) dans le registre de La-Capelle-Farcel, le 26/05/1814 la naissance de DELSUT Jean Louis fils du Sieur Baptiste COLON DELSUT fabricant de verre 30 ans domicilié à La-Capelle-Farcel et de Christine FABRE. Le 26/02/1840 sur le registre de La Besse est inscrit le + de DELSUC Jean Louis 27 ans militaire en congé de convalescence de La Capelle, témoin déclarant DELSUC Auguste propriétaire 30ans frère

Christine FABRE + le 11/10/1867 à Alrance
Baptiste COLON DELSUC + le 02/12/1834 à son domicile à La-Capelle-Farcel. Il a 52 ans sans autre précision. Ils ont donc 3 enfants sur Alrance, seul Auguste porte le nom de COLOM, mais pas de X.

Enfin à Saint Sauveur de Grandfuel (proche du Viaur) le 16 mai 1810 se marient :
 Le Sieur Jean Baptiste COLOMB D’ELSUC majeur habitant Burgayrettes ° 27/01/1784 à Comiac, arrondissement de Figeac Lot fils de Jean Baptiste COLON DELSUC et de Jeanne ESPALIEU mariés de camiac. Ledit COLOM avec le consentement de ses parents, procuration du 19/3/1810 chez M° De ? Notaire à La Roquebrou.
 Christine FABRE ° 8/1/1784 fille de Jean et de Geneviève SEGURET mariés de Carcenac
Le CM est passé chez M° Moly le 6/4/1810 à Salmiech, les mariés signent tous les 2 ainsi que tous les parents !!! Ils reconnaissent une fille Justine ° le 21/1/1809, elle se marie en 1834 à La Besse avec DURAND Antoine, cordonnier, elle + à Auriac-Lagast en 1856, sans profession.
Ce qui fait 4 enfants connus de ce couple COLOMB/ FABRE (1 avant leur mariage et 3 après).

Génération suivante

Auguste COLOM DELSUC (né en 1810) propriétaire cultivateur, habitant avec sa mère à La-Capelle-Farcel se mariera le 21/10/1836 à Comps-la-Granville avec BENEZET Marie Jeanne née le 30/11/1810 demeurant avec sa mère, elle est fille de + Antoine 2/5/183, présents Louys DELSUC 23ans son frère, BENEZET et FABRE. Ils auront 8 enfants, là aussi 2 seulement porteront le nom de COLOM, les autres DELSUC !! Ce mariage et celui de son fils ont eu lieu très prés de la vallée du Viaur, aussi on peut se demander ce qui les a fait venir en cette région, y ont-ils de la famille ou des confrères.
La dite BENEZET Marie Jeanne est + à Alrance le 21/04/1871 à l’age de 49 ans.

 1) ° 29/08/1837 Rosalie COLOMB DELSUC à la Besse, de La-Capelle-Farcel, fille de COLOMB DELSUC propriétaire 26 ans et de BENEZET Marie Jeanne, Elle épouse le 22/1/1863 au Truel FEVRIER Baptiste, cultivateur du Truel habitant Mergabes de Villefranche-de-Panat. Ils habiteront audit Villefranche, et auront 5 enfants, Rosalie, décède en 1871 après l’accouchement du dernier enfant qui était mort-né.
 2) ° 20/02/1839 Auguste Jean Louis DELSUC de La-Capelle-Farcel, fils de DELSUC Auguste 28 ans propriétaire et de BENEZET Marie-Jeanne. Il se marie le 15/1/1868 à BOUDES H. , il est travailleur, et fait CM chez Me Girard à Villefranche-de-Panat, il décède le 16/7/1876 en tant que fermier à Lacam, son père Auguste âgé de 69 ans est garde champêtre ( là pas de signature)
 3) ° 15/09/1841 Jean Joseph DELSUC de La-Capelle-Farcel, à la Besse, de Auguste propriétaire 32ans de BENEZET. Marie-Jeanne.
 4) ° 20/03/1844 COULOMB DELSUC Jean Hippolyte fils d’Auguste cultivateur à La-Capelle-Farcel. Il se marie le 15/03/1872 à Saint-Rome-de-Tarn à CAPELLE Marie Rosalie, ils auront 4enfants : Marie Louise en 1872, Hyppolite en 1876, Auguste Pierre en 1879 qui + en 1886 et Jean en 1887.
 5) ° 08/07/1847 Julie DELSUC fille d’Auguste cultivateur, 36 ans de La-Capelle-Farcel. Elle est couturière et se mari le 27/4/1870 à BOUSQUET Louis maréchal-ferrant
 6) ° 15/06/1850 Louis Henri DELSUC fils d’Auguste cultivateur, 38 ans à la Capelle.
 7) ° 17/05/1853 Jean Baptiste DELSUC fils d’Auguste 42 ans cultivateur a la capelle.
 8) ° 12/07/1856 François DELSUC d’Auguste 46 ans cultivateur à La Capelle.

Quelques remarques et son ascendance

Dans son acte de mariage en 1810 COLOMB DELSUC Jean Baptiste est domicilié aux Burgayrettes , petit village, disons entre Trémouilles et Carcenac ( non loin du Viaur, et de St Sauveur)
Il est déjà dans la région en 1808 puisqu’il "faute" et qu’ils ont une fille ° en 1809, reconnue lors de leur mariage en 1810. Comment est il venu, avait-il de la famille dans la vallée du Viaur où se trouvait depuis longtemps des gentilshommes verriers, tels que les Filiquier et Audouy et autres. ?

La Capelle-Farcel (commune d’Alrance) se trouve sur une colline (un col) entre le Bois du Lagast à l’ouest et le bois de la devèze au sud-ouest. Le choix du domicile était judicieux à mi chemin des deux fours, 20 minutes à pied environ de chaque coté.
Sur Auriac Lagast nous avons trouvé un VIGUIER porteur de verre à la même époque (il se marie en l’an 07)
Pourquoi les enfants et petits enfants portent indifféremment les noms de COLOMB et de DELSUC, les signatures vont de pair ! Le patronyme Colomb se perd totalement et la profession du métier du verre n’apparaît plus. L’orthographe du nom est souvent différente pour ne pas dire fantaisiste, pourtant Baptiste et Christine savent signer, et leur fils Auguste également ; ils savent probablement lire. Car les signatures sont bien formées, sûres.

Il faut noter qu’au début de l’été 1816 dans une lettre adressée au préfet de l’aveyron : "les habitants de Gozon de Puisac de Vispens Touloupi de Bages de Boussac de Couliac la sabaterie Crassous… ont l’honneur de vous exposer qu’il sont dans la persuation que la fumée de la verrerie établie depuis peu au bois du Lagast prés de Villefranche de Panat porte un préjudice notable à leurs blés dans le temps qu’ils sont en épi et qu’ils approchent de leur maturité. Ils ont observé que cette fumée portée directement par le vent nord ouest … dépose sur l’épi une matière noirâtre…..Depuis que cette verrerie existe."
Cette pétition (ref 35M 1-2 et 7M56 –AD12) a été donnée par le préfet à la chambre d’agriculture du département, séance du 21/7/1816 ; elle ne semble pas convaincue, il y a temporisation et la suite,s’il y en une , n’est pas connue. M. Jacques Jarriat professeur agrégé d’histoire au lycée Foch s’était penché sur cette affaire.
Cette affaire de pollution a-t- elle portée un coup décisif à cette famille de verriers ? La rareté du combustible, son remplacement par le charbon a certainement aidé à leur disparition.

Leur origine :

De tous ces renseignements nous découvrons que cette famille Colom Delsuc est une branche des célèbres gentilhommes verriers de Colomb sieur del suc, de Lamativie dans le Lot ou ils sont présents depuis au moins le XVIe siècle.
Notre Jean Baptiste et la 10ème génération connue et étudiée, que nous ne développerons pas ici.
Produire le verre demandait d’importantes ressources.
Il fallait à proximité du sable, des fougères, la forêt et l’eau .Lorsque l’un s’épuisait il fallait se déplacer chercher ailleurs. Ce métier était donc un métier itinérant et l’on retrouve cette famille dans le Cantal, le Quercy, la Haute Auvergne, la Corrèze, le Lot bien sûr, la Lorraine, Marseille, le Poitou…….

Un petit peu d’histoire

Le verre a une origine un peu obscure, des savants citent l’apparition d’objets vers le 16ème av JC.
Les pharaons puis les romains connurent et améliorèrent les techniques. Un inconnu invente vers le 1er siècle av JC la canne à souffler, premier outil des verriers jusqu’à ce jour.
Vers le 16ème les fenêtres des plus riches, car c’était un luxe, peuvent échanger leur papier huilé contre du verre .Le vitrail aurait son origine vers le 6ème siècle avec une forte expansion au 12ème avec le développement de l’architecture gothique (religieuse puis particulière). Un verrier vénitien en 1463 aurait inventé ‘Le cristallo’ devenu ensuite le cristal.
L’art du verre fut longtemps réservé à une élite, celle des gentilshommes verriers. Après avoir participé aux croisades, versé leur sang et ruiné leur fortune, des nobles auraient obtenu de Saint Louis des privilèges pour exercer cet art, selon des historiens ce serait, plus vraisemblablement sous Philippe III le hardi (1270-1285) , faute de documents de cette époque.
Ces nobles d’alors gens de guerre pouvaient cultiver la terre mais sans se livrer au commerce et à l’industrie. Toutefois en 1330 Philippe IV donne le pouvoir à Philippe COQUERAY de faire établir une verrerie. Plusieurs autres nobles bénéficièrent par la suite de ce privilège, le plus ancien datant du 24/1/1399 signé par Charles VII. La permission est accordée aux nobles de naissance d’exercer le mestier de verrier sans déroger à leur "noble estat".
En 1448 après la guerre de cent ans en lorraine de nobles familles de verriers obtiennent d’importants privilèges (1658). Dispense d’impôts et du logement de gens de guerre, libre circulation de leurs marchandises, libres de couper le bois des forêts, chasse des bêtes grosses et rousses, d’ou conflits.
La noblesse d’alors acceptait mal ce partage de privilèges, ces verriers étaient appelés "les roturiers du verre". Le métier de verrier était une histoire de famille et les secrets de fabrication étaient bien gardés le plus souvent les alliances se faisaient entre gens et familles de verriers.

En 1445 les lettres patentes pour les nobles du Languedoc confirment leurs privilèges dans leur métier de verrier. Dans cette région on avait du marbre, de la chaux du silex et des plantes pour la cendre, du chêne kermès pour les fours.
Ces nobles du Languedoc dépendaient de la juridiction royale de Sommières entre Montpellier et Nîmes. Les pouvoirs du viguier de Sommières en tant que Juge conservateur des privilèges des gentilshommes verriers du Languedoc, s’étendaient jusqu’au Quercy et le Rouergue.
En 1528 les boulangers de Nîmes manquent de bois, les verriers sont obligés de fermer leurs fours.
En 1760 l’apparition des premiers fours à charbon accélère la disparition des "fours sylvestres" dits xylophages des forêts (sic).

Aux AD 12 - réf 47J293 -(fonds bouzat) Le 4/2/1732 signification à noble Jean de Bertin Sr delbosc de magrinet d’une ordonnance rendue par le seigneur Viguier gouverneur de Soumieres à la requete de noble Antoine de Grenier sieur de Lassaigne sindu ? du département de Gressigne habitant en sa verrerie dans la forest duddit Gressigne ou il fait mention de domicile en sa personne.........

— Cette ordonnance rendue par Pons de Rocazel chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis marechal de comp des armées du Roy....chateau de la viguerie de Soumieres et en cette qualité juge et conservateurs des estatuts et priviléges de Mre les gentilhommes exercent art et science de verrerie dans le haut et bas Languedoc hte guiene, comté de foix et entier ressort du parlement de toulouse.... condamne noble Jean de Bertin sieur del bosc et noble Antoine de Bougniol sr du clos et de son fils assignés ...."A payer l’amende par eux encouru pour estre jugerez mal à propos de faire travailler des domestiques à la profession noble de l’art et science de verrerie au mepris de la déclaration du Roy et des délibérations....plutot plus tard qu’il n’est porté par la déclaration prise à la convocation de l’assemblée tenue devant notre prédécesseur du 2/9/1718 au préjudice des demandeurs qui leur cause un préjudice considérable autre fois requeste .... Lesdits assignés aus fins défaillans.. Amende de 300 livres chacun ...." (Condamnés aussi à payer les dépens pour 66 livres, 7 sols 4 deniers)

Aux AD 12 - réf 47J293 -(fonds bouzat) Dans le CM du 26 juin 1724 entre noble Pierre Jean de Borniol fils de noble Antoine de Borniol sr (duclaux ?) et de demoiselle Charlote de mazars mariés de fonbonne paroisse de Tayac assisté de nobles André de borniol sr de la plaine et Pierre jean de borniol sr de fonclaire ses oncles et noble Antoine de borniol sr de fonbonne son frère ….et dlle antoinette de la pomarède fille de +me bernard de la pomarede avocat en parlement et dlle jeanne de vacaresses X ….(page 2 )….et par expres de la moytié de la verrerie consistant en six places distraction faite ……

En Aveyron, dans un bulletin de la Société des Lettres de Villefranche M. R. GRANIER donne un recensement des établissement et des familles de verriers telles que les Bertin, Bournhol, Breton, Colomb, Filiquier, Grenier (Granier) Laroque , Renaud, Robert . La vallée du Viaur semble avoir été la plus riche. M. L. Dausse archéologue a fait une étude très approfondie sur l’atelier de Combenegre (commune de Centres) "bâtiment carré, sommairement construit et couvert. Le hêtre refendu en billettes donnait les flammes les plus ardentes". Les cendres de fougères utilisées comme fondant donnaient un verre mince fragile teinté en vert et parsemé de bulles. Pour obtenir un verre sans bulles et sans coloration il fallait pour fondant du sel de soude ou salicorne tiré des cendres d’algues marines calcinées.

L’origine de la Dame-jeanne
Chassée de son royaume de Naples la Reine Jeanne vint se réfugier en 1347 dans son comté de Provence passant par la route de Grasse à Draguignan. Surprise par un violent orange, on lui indiqua pour asile le petit château d’u gentilhomme verrier au hameau de "St Paul la Galline Grasse". Après y avoir passé la nuit, la reine désira voir fabriquer les flacons. Un peu troublé, le verrier souffla dans le mors de sa canne, et réalisa une bouteille énorme qui fit l’admiration de tous par sa contenance d’une dizaine de litres. Il décida d’en lancer la fabrication et l’appela Reine-Jeanne, mais la souveraine suggéra modestement de lui donner le nom de "dame-jeanne". Pour protéger cette grosse bouteille, le verrier l’habilla d’osier.

Alain GOULESQUE

Réf 
Les gentilshommes verriers de la Haute Auvergne par Tristan Busses (Sté Hte Auvergne)

Verreries et verriers du Rouergue par R. Grenier (sté des lettres 1979)

Nos ancêtres — Métiers de la lumière vitrail cristal - (revue de mai/juin 2007)N°25

Al Canton Peyreleau p53

http://fr.groups.yahoo.com/group/gentilhommes_verriers

http://fr.groups.yahoo.com/group/genverre

http://fr.wikipedia.org (noms de l’art verrier et leurs œuvres)

A101 (AD12) p205

EE1527 (AD12) Notes et documents –le Journal de Jean Colomb du Teil gentilhomme verrier

L’atelier de verrier de Combenegre par Lucien Dausse archéologue (aveyron)

Verreries et verriers du Rouergue par Brigitte Farrouch

Généalogie de la famille Colomb aimablement donnée par Pascal Pallas -genverre