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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Les Hoches (Oches)
Article mis en ligne le 22 août 2016
dernière modification le 4 juillet 2016

par MIQUEL Maurice

Le 20 juin 2015 avait lieu une journée organisée par l’Association «  Mémoire Saint-Georgienne » qui, après nous avoir fait découvrir la visite de St-Georges nous invitait à découvrir une exposition de vieilles photos, rappelant un passé pas si lointain et nous avons été attirés par une photo qui intriguait de nombreux participants, il s’agissait « d’HOCHES  » dont se servait nos anciens pour acheter leur pain quotidien.

Hoches
Maurice Miquel

Nous savons que cette façon de faire était encore usitée à St-Georges, par nos deux boulangers, jusque dans les années 60.

Que les aveyronnais ne soient pas les seuls ni les premiers à avoir utilisé ce système pour comptabiliser leurs achats n’est pas étonnant..

Ce qui parait remarquable c’est que ce système ait été employé encore à Saint Georges de Luzençon au milieu du XXème siècle, c’est à dire hier !

Tout ce qui éclaire la vie de nos ancêtres dans un passé ancien ou récent est digne d’intérêt.

Pour ce qui est de ce système des hoches en usage encore à Saint Georges de Luzençon à la moitié du XXème siècle il serait intéressant d’avoir des témoignages nous informant de son usage dans d’autres communautés aveyronnaises.

Considérant que beaucoup de ses membres résident dans d’autres départements que l’Aveyron, nous avons lancé un appel sur un site de généalogie, afin de savoir si cette pratique y a été observée à une période récente.

Nous regrettons d’avoir eu peu de messages nous permettant d’enrichir notre connaissance de la société rouergate au temps passé.
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Toutefois nous avons pu noter :
 Que la pratique des encoches pour payer entre autres le pain était générale au moins en Europe.
 C’est ainsi que se notaient les versements d’impôts en Angleterre. Au début du 19° il existait à Londres aux archives des millions de ces petits bâtons à encoches. Un jour on a décidé de se chauffer avec !
 Sur You tube, un reportage sur la cuisine médiévale au moyen-âge – « histoire de la gastronomie » : on y voit un des figurants se servant « d’une taille » qui est bien notre hoche.
 Dans Mœurs et coutumes du Rouergue, tome 1, au début du chapitre 49, Jean DELMAS, Conservateur général honoraire du patrimoine a consacré une étude sur une ancienne forme de contrat : l’Abonnement. Grâce à ce système chacun obtient un avantage par rapport à un règlement à l’acte ; l’artisan ou le prestataire est assuré de toucher un salaire quoiqu’il fasse ; le client est sûr que, quoiqu’il arrive, il ne paiera pas plus que la somme convenue.

C’est ainsi que dans ses comptes personnels, (1806-1820) Antoine VIDAL de Saint-Jean du Bruel (AD12-19 J 30) emploie le mot abonnement pour quatre types de prestations :
 celles du boulanger
 du maréchal-ferrant
 du couvreur
 du perruquier
faisant partie d’une consommation imprévisible avec un type d’accord l’hoche. Dans ce cas, le fournisseur fait crédit à son client, chaque achat étant inscrit par une entaille sur deux baguettes, l’une pour le fournisseur l’autre pour le client.

 Le Trésor de la Langue Française Informatisé nous donne HOCHE, nom féminin vieilli, avec le sens de “petite entaille” et spécialement «  Marque qu’on fait sur une taille pour tenir le compte du pain, du vin, de la viande, etc., qu’on prend à crédit. Faire une hoche`` (Ac. 1798-1935). » En outre ce dictionnaire retrace l’histoire du terme jusqu’au douzième siècle, ce qui en fait à nos yeux un élément qui appartient à notre patrimoine commun.
 Le dictionnaire languedocien-français d’ALIBERT nous donne cette définition, à la page 448, au mot patois connu : OUÓSCO « Cran, hoche, coche f., petite entaille, taille, petit bâton sur lequel on taille des hoches pour marquer la quantité de viande ou de pain, etc …que l’on prend chez le boucher ou le boulanger (préna lou pa o l’ouόsco) »
 Et Jean DELMAS, que nous avons contacté, nous dit : j’avais pensé consacrer à l’osca/oche une étude ; mais les mentions d’archives sont rares.

Donc si vous en savez plus n’hésitez pas à nous informer pour compléter cette pratique ancestrale.

Nous savons que les agriculteurs pouvaient payer en fournissant de la farine, il y avait autrefois deux grands moulins à St-Georges, le meunier fournissait la farine au boulanger, en fonction du blé qu’avait livré l’agriculteur à la moisson, et le tout était régularisé avec l’hoche ...

Ex : pour 100kg de farine il percevait 100Kg de pain marqué sur les Hoches, et devait payer les frais de cuisson.

La marge du boulanger était représentée par les 40 à 45 % d’eau utilisée.

Nous avons appris que c’était connu à La Cavalerie, Flavin et Vezins, ainsi qu’à Cestas en Gironde, à Florac en Lozère et dans la région de Villeneuve sur Lot dans les années 50.

A noter que la distribution du pain se faisait aussi tous les jours dans les rues du village au moyen d’un charriot (carretou) ce qui évitait les clients de se rendre à la boulangerie, En principe les Hoches étaient pendues au bras du charriot.

Ici on voit Hélène M. prendre son pain à Jeanne C. la boulangère, et Louis venant chercher le sien.

le Carretou hélène achète son pain à Jeanne C

PS : Nous tenons à remercier Josiane G., notre ancienne boulangère, qui a eu le mérite de conserver un paquet d’hoches de ses tournées journalières et Myriam A., ancien menuisier, qui a bien voulu nous en faire un exemplaire, en souvenir de ce temps pas si lointain.

Nous remercions aussi Hélène Estéban, de Carcassonne, qui nous a fait parvenir la photo de sa grand-mère Jeanne, en tournée journalière.

Maurice MIQUEL