Le culte de l’eau sur le Larzac et le mystère de la statuette d’Isis
Nous avons préparé notre publication sur la commune d’accueil à l’occasion des JOURNEES GENEALOGIQUES DE l’AVEYRON, qui se tiendront à LA CAVALERIE les 9 et 10 septembre 2017, voir notre article
N’oubliez pas de réserver vos dates, vos repas, vos visites et à très bientôt
Dans le cadre de nos recherches pour cette publication (qui traitera des origines de ladite commune jusqu’à nos jours), nous nous sommes notamment penchés sur la période gallo-romaine et avons appris qu’une statuette de bronze représentant « ISIS allaitant HORUS », avait été déposée à la Maison Carrée de Nîmes vers 1893.
Dans ses écrits, Louis BALSAN notait en effet que « Monsieur Balmelle avait lui-même examiné cette statuette à la Maison Carrée (vers 1939). Cet objet, d’une hauteur approximative de 25 cm, avait semble-t-il été « Trouvé vers 1893, sur le Causse du Larzac, près La Cavalerie (Aveyron) dans une source » comme en attestait la plaque apposée sur son socle.
Il nous a immédiatement semblé intéressant :
- d’une part, de faire quelques recherches sur ce type de statuette,
- et d’autre part de tenter de connaître l’endroit où serait aujourd’hui abritée notre fameuse « Isis Lactans », en repartant de l’endroit où elle avait été signalée pour la dernière fois, à savoir la Maison Carrée de Nîmes.
Nous étions, bien sûr, tout à fait conscients de peut-être chercher une aiguille dans une botte de foin… mais qui ne tente rien…
Monsieur BALSAN indiquait « Les figurations de quelques divinités d’origines égyptiennes sont assez courantes dans l’art romain, particulièrement Isis et Sérapis, mais encore inconnues dans le Rouergue. Nous avons été très étonnés du silence observé sur cette découverte et de l’oubli total, du moins à notre connaissance, du fait »… Mais il précisait également qu’en dépit de ses recherches il n’avait pu obtenir de résultats probants.
Penchons-nous un instant sur la légende d’Isis
Iris allaitant Horus
Epouse et sœur du dieu Osiris, Isis en complète les fonctions sur le mode féminin. Elle est ainsi déesse des morts mais aussi de la renaissance. C’est elle en effet « qui rassemble les membres d’Osiris, dépecé par son frère Seth pour usurper son trône ». Elle en conçoit un fils, Horus. Cette statuette fait donc expressément référence à son rôle maternel. Horus, héritier du trône d’Égypte, représente ici la fonction royale.
Aux époques tardives, les Égyptiens prennent l’habitude de réaliser de petites statuettes en bronze de leurs divinités qu’ils offrent, en hommage, à l’occasion de pèlerinages dans les lieux saints. On les a retrouvées par milliers dans des cachettes où elles avaient été déposées.
Statuette d’Isis allaitant (Basse Époque, 664 - 332 avant J.-C. – figurine, en bronze d’une hauteur de 27,40 cm) est exposée au Louvre.
"Cette iconographie d’Isis allaitant son enfant ne se répandit qu’au dernier millénaire av. J.-C. Auparavant, le rôle était tenu par d’autres divinités comme Mout ou Hathor, la Vache céleste, aussi appelée Demeure d’Horus, dont les cornes de bovidé furent alors attribuées régulièrement à Isis. Cette pièce est un beau témoignage d’une production courante et de qualité variable. Pour la plupart des réalisations de ce type, il est bien difficile de préciser la provenance géographique ou d’avancer une datation : Isis fait en effet vite figure de mère universelle. A l’époque chrétienne, la Vierge tiendra ce rôle dans un style bien différent."
La Maison Carrée de Nîmes
Nous rappellerons que ce bâtiment, à l’origine Temple Romain, a connu une histoire mouvementée, mais il doit son exceptionnel état de conservation à une utilisation sans interruption depuis le XIe siècle.
Cet édifice a été, tour à tour, maison consulaire, écurie, appartement, église. Après la Révolution française, elle devient le siège de la première préfecture du Gard, puis est aménagée en Archives départementales.
Restaurée, comme les autres monuments nîmois, au XIXe siècle, la Maison Carrée porte, gravé en lettres romaines sur le flanc ouest, un court texte en latin : « Réparé par la munificence du roi et l’argent offert par les citoyens, 1822. ». Enfin en 1824, le temple devint un lieu d’exposition d’objets antiques. Nous pouvons donc supposer que notre fameuse statuette y fût déposée en 1893.
Nous avons commencé notre enquête auprès des services compétents, en contactant le service culture de la ville de Nîmes, que nous remercions, et qui nous a mis en relations avec Madame le Conservateur en chef du Patrimoine.
Il apparait, bien sûr, que de nos jours il n’y a plus d’expositions dans la Maison Carrée… La statuette, objet de notre recherche, a probablement été transférée en son temps nous indique-t-on, au Musée Archéologique, mais ne ferait pas partie des objets actuellement exposés. Elle ne pourrait donc être que dans les réserves.
Autre petit facteur de complication : la ville de Nîmes met actuellement en œuvre un « musée de la romanité » qui sera ouvert, face aux Arènes, en 2018. De ce fait les services sont quelque peu perturbés, car le déménagement d’un musée n’est pas chose aisée… Mais notion intéressante : notre fameuse statuette pourrait-elle être un jour exposée dans ce nouveau musée de la romanité ?
Nous entrons donc en contact avec les différents services, et … bonne surprise ! Quelques jours plus tard nous recevons la réponse suivante de Madame le Conservateur en chef du patrimoine : « La statuette d’Isis allaitant Horus découverte à La Cavalerie est bien identifiée dans nos collections. Je communique votre demande à l’une de mes collaboratrices qui va vous envoyer une photographie de cet objet. »
Après un enthousiasme débordant, il nous a fallu accepter le principe que les clichés reçus ne représentaient pas la statuette que nous recherchions initialement, à savoir une statuette d’environ 25 cm, tandis que les clichés reçus représentaient une statuette d’environ 7,5 cm ! Les services compétents nous ont indiqué qu’il s’agissait d’une figurine de l’époque romaine impériale (soit 27 av. J.C. à 476 après J.C.).
Le mystère de la statuette demeure donc entier …
et les questions suivantes se posent :
- s’agissait-il d’un culte « aux eaux » (du fait que l’objet avait été trouvé dans une source) ?
- Ou bien d’un « culte funéraire » ?
Manifestement au moins DEUX STATUETTES … et sans doute plus… ont pu être découvertes sur Le Larzac
Nous poursuivons nos échanges avec le Massée Archéologique de Nîmes, échanges dont la synthèse alimentera bien sûr notre publication.
Nous invitons tous nos lecteurs ayant quelques informations sur le sujet, à poster un commentaire. Par avance merci, et rendez-vous sur Le Larzac, à La Cavalerie les 9 et 10 septembre 2017.
Le cycle de conférences aura lieu à la salle des fêtes.
Voir le programme complet sur
http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1223