Quoi de plus facile lorsque l’on veut monter les étages que de prendre l’ascenseur ? Ce moyen d’élévation moderne existe-t-il en généalogie ?
Et bien oui ! Je vous propose de partager l’expérience de l’ascenseur. Peut-être certains d’entre vous auront-ils la chance de s’apercevoir que cet ascenseur concerne leur généalogie. Les veinards !
Les registres de notaires contiennent de très nombreux actes. Si la plupart des généalogistes se focalisent exclusivement sur les contrats de mariage voir éventuellement les testaments pour remonter leur généalogie, il est utile de rappeler que de très nombreux actes peuvent être utiles en généalogie. Personnellement lorsque je fais des relevés de registres de notaire, je m’attache à relever tous les actes. Certains actes qui peuvent nous paraître inutiles de prime abord, peuvent à la lecture se révéler d’une grande aide pour progresser en généalogie.
C’est ainsi qu’en relevant les actes du notaire Guillaume NEGRIER de Lédergues, j’ai découvert un ascenseur généalogique.
Il s’agit d’un acte du 29/09/1704 de collation de chapelainie passé par François TEULIERES travailleur du Navech (Camjac en Rouergue) en faveur de Me Pierre DE CRESPON Sr de la Calmette à présent résidant à la Raffinie représenté par Sr Jean Pierre DE CRESPON Sgr de la Raffinie son frère.
Tout d’abord, il convient de rappeler ce qu’est une chapelainie et la collation qui en est faite. Dans la plupart des églises de nos paroisses, existent des chapelles à l’intérieur dédiées à tel ou tel saint. Ces chapelles ou chapelainies ont été fondées à l’initiative d’un fondateur qui a choisi le saint auquel est dédiée la chapelainie ainsi que les actions religieuses qui y sont attachées (célébration d’office par exemple).
Le fondateur y affecte en principe un bien ou une rente générant des revenus.
Un chapelain est pourvu de la chapelainie. Il s’agit d’un religieux qui doit célébrer les offices prévus par le fondateur et en contrepartie perçoit la rente attachée.
La collation de chapelainie est le fait pour le patron d’une chapelainie d’affecter ladite chapelainie à un nouveau religieux très souvent suite au décès du précédent titulaire. Les chapelainies se transmettant en principe par héritage, le patron de la chapelainie est très souvent un descendant du fondateur.
Le décor est donc planté pour notre ascenseur généalogique !
Dans l’acte en question du 29/09/1704, il est précisé que :
– François TEULIERES travailleur du Navech (Camjac en Rouergue) est fils et héritier de :
– + François TEULIERE et + Jeanne ROUBERTE du Navech et icelle ROUBERTE fille et héritière de :
– + Antoine ROUBERT et + Jeanne VIALETTES du Navech et icelle VIALETTES fille et héritière de :
– + Pierre VIALETTES et icelui fils et héritier de :
– + Salvy VIALETTES et de + Marie PUECH de Centrès et ladite Marie PUECH fille et héritière de :
– Antoine PUECH de Centrès et ledit Antoine PUECH héritier de :
– + Me Hugues FRANCONIS prêtre et notaire de Centrès fondateur de la chapelainie dite de St Antoine confesseur et abbé et de Ste Catherine vierge desserviable dans l’église de Centrès suivant son testament du 6/12/1515 retenu par Me NAVECH prêtre et notaire de Centrès
Et voilà ! En un seul acte notre ascenseur nous a fait remonter de 5 étages !
Nous sommes passés du règne de Louis XIV à celui de François Ier et à la bataille de Marignan.
L’acte ayant permis de remonter les patrons de la chapelainie jusqu’au fondateur, il permet ensuite de descendre les prêtres pourvus de la chapelainies.
Il est en effet précisé que ladite chapelenie ayant été conférée à Me Bertrand PENDARIES le 5/04/1519 par acte reçu par Me RECOLIS notaire puis ayant été conférée par ladite Marie PUECH à + Antoine BALIEYRE prêtre puis à + Me Guion BOUTOUNET prêtre et curé de Centrès par acte du 1/10/1651 reçu par Me MATHIEU notaire et ledit BOUTOUNET venant de décéder depuis peu ledit TEULIERES confère la chapelainie à Me Pierre DE CRESPON Sr de la Calmette à présent résidant à la Raffinie représenté par Sr Jean Pierre DE CRESPON Sgr de la Raffinie son frère.
Voici ci-dessous le début de cet acte dont le registre a été numérisé et hébergé sous Brozer.
Tout serait parfait dans cette histoire d’ascenseur si le point de départ était exact mais une rapide recherche dans la base de données du Cercle amène un doute sur le point de départ.
En effet, notre ami Gilles Sarraute dans ses relevés des notaires de St Just sur Viaur a noté le CM suivant :
CM 9/06/1643 AD12 3E 20679
TEULIER François du Navech (Camjac)
fils de + François et ROUBERT Marie
avec ROUBERT Jeanne du Navech (Camjac)
fille de + Antoine et + Margueritte SUDRIES
Les parents de Jeanne ROUBERT ne sont donc pas les mêmes que ceux indiqués dans notre acte de collation de chapelainie ! Etant donné que les parents de François TEULIER sont aussi un François TEULIER marié avec une Marie ROUBERT il y a pu avoir confusion sur la filiation.
Peut-être l’un de nos lecteurs descendant de cette famille aura-t-il la réponse.
Cette démonstration aura, je l’espère, convaincu les plus sceptiques du bien fondé de lire en détail tous les actes notariés et pourquoi pas suscité l’intérêt d’en faire le relevé !