par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE
Ce testament est particulièrement intéressant, d’une part en raison de son ancienneté, mais surtout du fait que notre testateur est "particulièrement méticuleux".
Ce document comporte un grand nombre de renseignements généalogiques, mais également "géographiques" avec une définition précise de la localisation de la maison du testateur.
Nous voyons que le testateur avantage grandement ses "filles à marier" par rapport à ses garçons célibataires, qui eux peuvent avoir un métier rémunérateur !
Par ailleurs, nous pouvons y glaner d’important renseignements concernant la vie quotidienne (mesures, vêtements, nourriture, etc..)
Enfin, et une fois encore, les "amis" étant témoins nous pouvons avoir une idée de l’environnement social. SB
La famille VANEILHES [1]est très anciennement attestée à Carbassas. Ce village, situé sur la rive gauche du Tarn, est de nos jours rattaché à Paulhe. [2]
Voir aussi notre article http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1595
Testament de Stephanus (Esteve, Etienne) Vanelhes, laboureur de Carbassas, 1528
A.D. Aveyron 3E 7748 (Me Philippi)
1 [Fol. 23 vo] Testament de Stephanus Vanelhas, laborator de Carbassas (de Carbassacio) 1528, juillet
2 [Fol. 24] Stephanus Vanelhas, habitant de Carbassas, mandement de château de Compeyre, paroisse de Notre- Dame de Lumenson, diocèse et sénéchaussée de Rodez, en sa bonne mémoire, mais malade (infirmus corpore), voulant disposer de mes biens afin qu’il n’y ait pas de dispute, après la fin de mes jours, entre mes parents connus et proches (post finem dierum meorum inter amicos [3]. (notos et proximos meos), mais plutôt la paix et la concorde, j’ai fait mon testament nuncupatif devant témoins en ces termes :
Obsèques et dispositions religieuses
3 [vo] Je fais le signe de la croix et j’invoque la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Je déclare rendre mon âme et mon corps à Dieu, en trois personnes, à la Vierge Marie, etc.
« Sépulture au cimetière de Notre- Dame de Lumenson, au tombeau de mes parents. Seront convoqués pour ma sépulture tous les prêtres de « la dévote fraternité de l’église paroissiale ». Que soient donnés à chacun pour l’offerte (pro offerta et oblatione) 15 deniers tournois, payables en une fois, sans réfection [4] ; qu’ils soient tenus de prier Notre- Seigneur Jésus-Christ, la glorieuse Vierge, mère de Dieu (Dei genitrix) et les saints de Dieu « pour mon âme et celle de mes parents… Que Notre- Seigneur me pardonne tous mes péchés ».
– Je veux que durant la neuvaine soit faite une offerte de pain, de vin et de lumière.
4 [Fol. 25] - Je veux que soit célébrée par les prêtres de la fraternité une messe chantée dite de neuvaine (unum cantare vocatum novena). Mon héritier donnera à chacun 15 deniers pour l’offerte. Les prêtres prieront Notre- Seigneur Jésus-Christ creator, la Vierge Marie et tous les saints et saintes aux mêmes intentions « pour que Notre- Seigneur ait pitié de mon âme et me pardonne mes péchés ».
– Je veux que dans un an après ma mort soit célébrée une messe chantée dite de « cap d’an » (unum cantare vocatum capud-anni). Que soient appelés lesdits prêtres. Ils recevront pour l’offerte 15 deniers. Ils devront prier Notre- Seigneur Jésus-Christ creator, la Vierge Marie et tous les saints et saintes pour mon âme, etc.
5 [vo] Même formule que précédemment.
– Je lègue au bassin de Saint-Pierre de Carbassas et au bassin du Purgatoire dudit lieu, à chacun 6 deniers.
– Je lègue au bassin de la « bienheureuse Vierge Marie de Lumenson » 6 deniers.
Legs à mes filles non mariées
– A [rouge] Maria Vanelhas[/rouge], filia mea, à son mariage, pour sa part d’héritage, une dot de 40 livres ; plus 10 livres pour ses vêtements de noces (vestes nupciales) ; plus deux couvertures (lodices) et deux draps (lintheamina) pour le lit nuptial. Cette dot sera payée aux termes suivants : avant la célébration du mariage (ante annulum), 10 livres, les vêtements et la literie, puis chaque année 2 livres.
6 [Fol. 26] Qu’elle ne demande rien de plus.
– A [rouge]Astrugia Vanelhas[/rouge], filia mea, à son mariage pour sa part d’héritage, une dot de 40 livres..., etc. Mêmes formules que précédemment.
7 [vo] -A [rouge]Johana Vanelhas[/rouge], filia mea, à son mariage pour sa part d’héritage, une dot de 40 livres..., etc. Mêmes formules que précédemment.
– A [rouge]Ayglena Vanelhas[/rouge], filia mea, à son mariage pour sa part d’héritage, une dot de 40 livres..., etc. Mêmes formules que précédemment.
8 [Fol. 27] - A [rouge]Finis Vanelhas[/rouge], filia mea, à son mariage pour sa part d’héritage, une dot de 40 livres..., etc. Mêmes formules que précédemment.
Legs à mes fils non mariés
9 [vo] – A [rouge]Johannes Vanelhas[/rouge], filius meus, pour sa légitime 2 livres, soit 10 sous à son contrat de mariage, puis 10 sous chaque année. Qu’il ne demande rien de plus.
– A [rouge]Petrus Vanelhas[/rouge], filius meus, pour sa légitime 2 livres, etc.. Même formule que précédemment.
10 [Fol. 28] -A [rouge]Arnaldus Vanelhas[/rouge], filius meus, pour sa légitime 2 livres, etc.. Même formule que précédemment.
Dispositions concernant mes filles et mes fils
– Je veux que mon héritier universel soit tenu de nourrir, vêtir et chausser (calciare) tous mes fils et mes filles, jusqu’à leur mariage, les fils quand ils seront en âge de gagner leur vie (in etate lucrandi eorum vitam) et les filles en âge de se marier. Si l’un ou l’une d’eux décédait sans enfant, que ce qui lui a été attribué revienne à mon héritier universel.
– Je veux que mes légats soient distribués graduellement.
Legs à mes filles mariées et à mon frère
– A [rouge]Johana,[/rouge] filia mea, épouse d’Arnaldus Galtié, du mas de Vialgues, 5 sous en plus de sa dot.
11 [vo]- A[rouge] Catherina[/rouge], filia mea, épouse de Petrus Combeta (ou Combas ?), du mas del … (?), 5 sous en plus de sa dot.
– A [rouge]Ramundus[/rouge], frater meus germanus (mon frère germain), pour sa part fraternelle (ratione frayresca) 5 sous. Qu’il soit tenu de prier Dieu pour mon âme et celle de mes parents.
Legs à Catherina, mon épouse, et pension éventuelle
– A [rouge]Catherina[/rouge], uxor mea, si elle reste veuve, la nourriture, les vêtements, les chaussures (calciatum) sa vie durant (sous-entendu dans la maison de mon héritier). Au cas où elle ne s’accorderait pas avec mon héritier, je lui réserve les conditions de vie suivantes :
– Une maison appelée lo Hostal stacga (maison d’habitation), à Carbassas, dans laquelle elle fera sa demeure, confrontée devant avec la rue publique (carreyria publica), sur un côté avec la maison des héritiers de Johannes Vanelhas et de l’autre avec celle d’Hugo Ayraldi, espace (duppla) entre deux.
12 [Fol. 29] - Une vigne au vignoble de Carbassas, appelée communément Als Camps, confrontée d’un côté avec la vigne des héritiers de Johannes Vanelhas, de l’autre avec la vigne de Petrus Roqua et du pied avec la vigne des héritiers de Petrus Vasselhas,
– Ces deux immeubles sa vie durant. A sa mort, ils retourneront à mon héritier.
– Trois setiers [5](cestaria) de blé, moitié froment, moitié orge, chaque année à la Saint Michel Archange.
– Un quartier (carteria sive cartieyra) [6] de chair salée de porc ; six quartons (cartones) d’huile de noix, la moitié d’une pessa de fromages. Le tout payable à la Nativité du Seigneur.
– De deux ans en deux ans, une robe (raupa) garnie en drap de maison noir, une cota et une gonella.
– Tous les ans 10 pans de toile de maison du présent pays.
– Elle pourra prendre du bois de chauffage de mes bois (de lignis sive lenha [7] de mos bosses) ; et, si elle ne peut y aller, elle pourra en prendre au bûcher (de lignario sive linie [8]) de mon héritier.
13 [vo] – Elle pourra prendre des légumes (ortalessas) du potager de mon héritier, seulement pour son usage (hoc per sa provesieu).
– Mon héritier lui fera ses obsèques (exequias), comme pour moi.
– Je lègue à tous ceux qui pourraient prétendre avoir une part à mon héritage 5 sous.
Héritier universel
– Pour tous mes biens et droits quels qu’ils soient, j’institue mon héritier universel [rouge]Stephanus Vanelhas[/rouge], filius meus, le chargeant de payer mes légats, les dettes, les réclamations ou les promesses (debita, clamores et rancuras [9]) qui, après ma mort, apparaîtraient légitimes.
– Si mon héritier décédait sans enfant légitime, que l’hérédité passe à Petrus Vanelhas, mon fils, et ensuite par degrés, aux autres enfants. selon leur âge.
Clauses finales et témoins
14 [Fol. 30] – Clauses finales confirmant la validité des présentes dispositions, dont les personnes suivantes peuvent témoigner :
15 [vo] – Fait à Carbassas, dans la maison du testateur.
Témoins :
- Hugo Ayraldi, tisserand,
- Petrus Ayraldi son fils, [10]
- Bernardus Baldoyni,
- Guilhermus Arnaldi, [11]
- Natalis (Nadal, Noël) Baldoy, [12]
- Johannes Valdayro,
- Vincencius Valdayro,
habitants dudit lieu.
J.D.