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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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1613 - Testament de Guillaume ARTIERES du Monna
AD Aveyron 3E 12182 (Jean Vidal, notaire de Millau)
Article mis en ligne le 25 mai 2023
dernière modification le 29 mai 2023

par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE

A la fin du XVe et au début du XVIe, les ARTIERS (DARTIERES, ARTIEYRES) sont attestés à Compeyre, à Paulhe, au Monna. Nous vous proposons aujourd’hui le testament de Guillaume (prénom récurrent dans cette famille).
L’acte est clairement rédigé : sa sépulture, don en faveur des pauvres de Boisse, legs aux enfants du premier mariage, à ceux du second, complément concernant la pension de sa femme et augment en sa faveur, l’héritier universel, Guillaume, né du premier mariage, et ses éventuels remplaçants s’il décédait (sans héritier et) intestat, etc.

 

Testament de Guilhaume Artières vieux (30 mars 1613)

1613, pénultième jour du mois de mars (30),

[fol. 98 vo] Testament de Guilhaume Artières vieux, laboureur du masage de Laulanou, juridiction de Millau,« malade, gisant en son lit, mais en son bon sens et parfaite mémoire. »

[fol. 99] Il veut que ses obsèques aient lieu en l’église Saint-Amans de Boisse, dans la religion catholique, apostolique et romaine, qu’il soit enterré au tombeau de ses prédécesseurs et que dans l’an de son décès soit distribué « aux pouvres de Jésus-Christ de la paroisse de Boysse ung cestier bled mescle [1] en pain ... » [le bout de la ligne manque].

Il lègue à François, Jean et Anthoine Artières ses fils et de feu Hélips Mazerande, sa première femme, à chacun 6x20 (120) livres tournois ; soit 30 livres payables à chacun après son décès s’ils se mettent « à mestier » ; sinon quand ils auront l’âge de 25 ans ; le surplus payable trois ans après, à savoir 10 livres, puis chaque année 10 livres jusqu’à la fin du compte.

[fol. 99 vo] Il lègue à Peyronnelle Artières sa fille et de feu Hélips Mazerande, mariée avec Pierre [le patronyme n’a pas été écrit] [2] outre son douaire 20 sous, payables dans l’an après son décès.

Il lègue à François, Pierre et Bernard Artières ses fils et de Gaspare Sabatière, sa présente femme, à chacun 6x20 (120) livres tournois ; soit 30 livres payables après son décès à chacun d’eux s’ils se mettent «  à mestier  » ; sinon quand ils auront l’âge de 25 ans ; le surplus payable trois ans après, à savoir 10 livres, puis chaque année 10 livres jusqu’à la fin du compte.

[fol. 100] Il lègue à Angnès et Gaspare ses filles et de Gaspare Sabatière à chacune 8x20+10 (170) livres,« plus ung père de robes, courset et gonelle drap (teintes ?), autre père de robes drap de maison faites et garnies, 4 linseuls toile de maison et deux couvertes layne du présent pays ; payables la moitié de la somme, la paire de robes, corset et gonelle, 2 linseuls et une couverte, le jour de leur mariage, et le surplus dans les quatre ans et les autres linseuls et couverte dans les quatre ans suivants. »

[fol. 100 vo] Il confirme la pension attribuée à sa femme dans leur contrat de mariage, en 1602 (Me Fabry, notaire à Sévérac) et il lui donne en augment pour sa pension « ung cestier bled mescle, ung cartier de demy-vin, appellé beuraige ». Lors du contrat, il avait donné à sa femme en augment de dot « en cas de prémorance [3] sans enfans la somme de 54 livres. » Mais du fait qu’ils ont eu des enfants, cette donation est caduque.

[fol. 101] Il lui donne 30 livres si elle vit « viduellement ou autrement pour en faire ses volantés tant en la vie qu’en la mort » ; la somme serait réduite à 15 livres si elle se remariait, payable à son mariage... [le bout de la ligne manque].

Il lègue à ses frères, cousins et autres parents 10 sous à chacun.

Il nomme son héritier universel et général autre Guilhaume Artières son fils et de feu H. Mazerande, le chargeant de payer ses légats, rancures  [4]et dettes légitimes…

[fol. 101 vo] Si ledit Guilhaume décédait sans avoir fait de testament, il lui substitue François Artières, son deuxième fils, et à celui-ci Jean et ainsi de suite dans l’ordre de primogéniture, les fils passant avant les filles.

[fol. 102] Fait à Laulanou, maison du testateur.

Présents :

  • Me Pierre Testor, prêtre et recteur de Boysse,
  • Jean Péletan,
  • Pierre Grérard… de Millau,
  • Anthoine Ricard, mettadier de la métairie du Sr [le bout de la ligne manque] Vallete dite des Privatz,
  • André Ricard fils du précédent, demeurant à la même métairie,
  • Jean Lacas, laboureur de Carbassas,
  • Pierre Delaur, natif de Barruques (?), demeurant à la métairie des Privatz,
  • François et Jean Artières, frères du testateur.

Ont signé Testor, Péletan, Grérard et Jean Vidal, notaire royal de Millau. [Les mots « du Monna » oubliés dans le texte (mais où ?) ont été ajoutés à la fin, avec un signe de renvoi].

J. D.

 

La famille ARTIERES

Nos lecteurs peuvent également se reporter à notre ouvrage LA CAVALERIE, des femmes, des hommes et leurs racines... Cf. www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1110. Nous avons évoqué dans cet ouvrage les nombreuses branches de cette famille.

 

Le Monna

Le village du Monna (commune de Millau) se niche au cœur d’un profond vallon qui entaille les flancs du Causse Noir. Dominé par son château, le village s’allonge dans ce fond de ravin très encaissé. Les ruelles pittoresques sont typiques de ces villages caussenards accrochés au rebord des Grands Causses.

Le village du Monna s’est formé au pied du château, connu, comme "castrum" depuis le début du 12e siècle. Il s’agit d’un « bourg castral », c’est-à-dire une agglomération médiévale, bénéficiant généralement d’un statut particulier, développée à côté d’un château préexistant ou dans sa basse-cour, ou bien créée de pair avec un château.

Le Monna aurait été fortifié dès le 12e siècle comme l’indique le cartulaire de Gellone (castrum del Molnar). Au 15e siècle, le château et la seigneurie appartenaient à des familles de Millau : les Mandagout, Dolmières (1519), Bonami (16es.), Tauriac (1660) et enfin de Bonald (1702).

L’église paroissiale est reconstruite en 1768 puis en 1866, suite à l’union de Saint-Amans de Bouysse (détruite au cours des guerres de religion) dont le siège de la paroisse est transféré dans l’église Saint-Pierre du Monna. [5]

Le village du Monna est probablement à l’origine un bourg castral, élevé au pied du château, sous sa protection.