L’acte que nous vous proposons aujourd’hui nous donne de fort intéressants renseignements sur les équipements d’un moulin drapier au XVIème siècle.

AD Aveyron 3 E 11973 (Joan Mercier, notaire de Millau), fol. 7 vo-8 vo.

[Fol. 7 vo] 1539, 11 décembre – Senhen Francés Cahusac, marchand de Millau, diocèse de Rouergue, baille en arrendamen à Guilhem Flotard, penchenia  [1](pareur de draps ) [2] et à Borguina Cabanieyra, sa femme, et à leurs successeurs, ung moly drappia avec lo payrolh et una mayssa  [3] , aux appartenances du château de Creissels, sur le ruisseau de Cabrieyras, confrontant vers le haut avec le moulin de Peire Falgayretas, de Creissels, et vers le bas avec le moulin de Chymbert [4] qui était avant à Falgayretas. Il le baille pour cinq ans ou cinq annadas et gausidas (années d’exploitation), à compter de la prochaine fête de Sainte Lucie [5] et finissant à pareille date, pour le prix chaque année de 12 livres, monnaie ayant cours, à raison de trois paies par an, soit 4 livres à la Pentecôte, 4 livres à la Saint Michel et 4 livres à Noël.

• 1- Fr. Cahusac et les siens pourront se servir du moulin sans payer aucun loyer, quand il leur plaira et le temps qu’ils voudront per molynar (pour traiter au moulin) tous leurs draps.

• 2- G. Flotard et B. Cabanieyra ne pourront prendre ni legnias ny albres (ni bois pour la cheminée ni bois d’œuvre), quels qu’ils soient sur les rebeyrals (rivages) du moulin, durant l’arrentement.

[Fol. 8] 3- A la fin du contrat, ils devront restituer à Fr. Cahusac ou aux siens tout le mobilier figurant sur l’inventaire. [6]

• 4- Ils devront faire toutes les réparations nécessaires, durant le bail de cinq ans, à moins qu’il ne faille refaire à neuf l’aubre ou la roda ou los naucs ou la canalh ou la payssieyra, quand seria esclatada de tout et la calria fayre tota nova (l’arbre, la roue, les auges, le conduit d’eau, la chaussée, au cas où elle serait entièrement éclatée et qu’il faudrait la refaire à neuf [7] ).

• 5- Fr. Cahusac paiera chaque année pour le moulin las talhas (impôts fonciers) et las cessas (redevances fixes dues au seigneur).

• 6- G. Flotard et B. Cabanieyra devront, en fin de bail, restituer à Fr. Cahusac le moulin en état de molynar draptz, comme il est de présent et ils ne seront pas obligés de refaire à neuf les pièces mentionnées ci- dessus [§ 4].

Fr. Cahusac engage ses biens meubles et immeubles, G. Flotard sa personne et tous ses biens, B. Cabanieyra ses biens meubles et immeubles, les soumettant à l’autorité de la cour du sceau royal authentique de Millau et renonçant à tout autre droit contraire. B. Cabanieyra renonce aux avantages de la ley Juliana (loi qui interdit au mari d’aliéner la dot de sa femme) et au sénatus-consulte velléien qu’es introdutz en favor de las fennas que non se podon obligar ny leurs bes per degun estrangier ny estre fermansas per alcungs… (selon lequel les femmes ou leurs biens ne peuvent faire l’objet d’obligations ou de garanties contractées par d’autres personnes).

[Fol. 8 vo] Fait à Millau, dans la boutique de Cahusac.

• Fra [8] Peyre Gerald, religieux du couvent des frères prêcheurs,
• Senhen Guilhem Fajas, drappia de draptz,
• Johan de Yrnac [9] , penchenia de draptz de Millau.

• Guilhem Mercia notaire.

François CAHUSAC, Marchand de Millau, était né vers 1490, et décèdera avant 1566.
Il avait épousé Antoinette TREMOLET d’où :
–  Antoinette CAHUSAC x Pierre TRINQUAIRE
www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1718
–  Antoine CAHUSAC
–  Jean CAHUSAC
–  Marthe CAHUSAC x Pierre ROCAYROL, d’où Gilette ROCAYROL que nous avons évoquée dans nos articles www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1712 et www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1715