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Une dot pas ordinaire, de Galatrave 1701
Article mis en ligne le 6 février 2025

par Serge d’Isernia

Une dot pas ordinaire, de Galatrave 1701 (Serge d’Isernia)

C’est celle d’Isabeau-Catherine de Galatrave, lors de son mariage avec François-Paul de Solages seigneur de St- Etienne, lieutenant de cavalerie au régiment de Narbonne, habitant de la Ville de Saint-
Affrique.

Le 24 avril 1773, une estimation des biens ayant appartenu à François-Paul de Solages, ainsi que ceux de sa défunte femme Isabeau-Catherine de Galatrave, est réalisée en vue d’un partage en faveur des frères cadets de Solages et de Maur-Léon de Morlhon, fils de leur sœur Catherine-Gabrielle de Solages, contre le marquis de Carmaux, leur frère aîné Antoine-Paulin, suite à l’arrêt du Parlement de Toulouse du 28 mars 1743. Instance demandée à la suite de la mort de leur père ; considérant que le marquis dilapidait les biens familiaux.

De cet inventaire, ressort un montant de 172.604 livres concernant seulement les biens de feue leur mère Isabeau-Catherine.

Montant, digne d’un mariage ducal : c’est la dotation d’Isabeau-Catherine de Galatrave lors de son mariage avec François Paul de Solages, le 29 août 1701 en la chapelle du château d’Arviala (Avec la permission du grand vicaire) et du contrat du 25 août 1701 (Me Antoine Duranc de Peyreleau).

Du même document, ressort le montant de la fortune personnelle de François-Paul, à la même époque ; inventoriée à 50.500 livres ; sans la seigneurie de St-Étienne de Naucoules du chef de sa première épouse Marie Anne de Mostuéjouls, vendue 11.500 livres (H. Barrau).

En comparaison, à l’occasion du mariage de Catherine-Gabrielle de Solages leur fille, mariée en 1726 avec Jacques de Morlhon ; François-Paul l’avait dotée de 8.000 livres, ce qui était une dotation élevée pour un mariage noble (Contrat 30 août 1726, Comitis notaire).

D’autant que les familles du Puy, de Goudon, de Tourbes, de Solages et de Galatrave, du fait de morts prématurées de la gent masculine, n’avait pas permis, auxdites familles, de mener un train de vie correspondant à un tel montant de dot.

Isabeau-Gabrielle du Puy, la mère de Catherine-Gabrielle avait perdu son père François avocat, le 15 juin 1664 à Gignac à l’âge de 35 ans ; lorsqu’elle avait 5 ans. L’aînée de la fratrie en avait à peine 14.

Isabeau-Gabrielle, née le 15 mai 1659 à Rebourguil, avait été mariée par contrat du 1er novembre 1672 (Me Pierre Peyre), alors qu’elle n’avait à peine plus de 13 ans, à Bernardin de Galatrave né le 20 janvier 1645 à St Affrique, décédé à l’âge de 46 ans le 9 juin 1691 à St Affrique ; seigneur de Vendeloves et avocat, puis Lieutenant de la judicature de St-Affrique à la mort de son père en 1687.

À part l’aînée Marthe de Galatrave, née le 29 novembre 1674 à St Affrique, mariée à l’âge de 16 ans le 22 février 16911 à St Affrique, à Charles de Chapelain seigneur de La Vialla ; quatre mois avant le décès de son père ; avec une dot de 4.000 livres. Ses frères et sœurs avaient, alors à peine 13, 10, 9 et 5 ans.

Cette famille, en cette période, n’était vraisemblablement pas en très brillante situation.
L’aboutissement de revenus insuffisants produits par la seigneurie de Vendeloves, ne permettent pas d’entretenir la petite famille orpheline de père, ni financer les études de droit de Guillaume-Gabriel.

Contrat de mariage pour Guillaume-Gabriel 1699

La famille de Galatrave, connaissait des temps tellement durs financièrement, que le frère aîné de Catherine-Gabrielle de Galatrave : Guillaume-Gabriel s’engagea dans un contrat de mariage du 1er mars 1699 (Me Barascut St Rome) avec Henri de Prévinquières, seigneur de Montjaux, à épouser sa fille Jacqueline.
La dot s’élevait à 8.000 livres :
 3.000 livres qui avaient déjà été reçues par le seigneur d’Arviala, Jean de Gayraud, au paiement avancé des dettes de Guillaume-Gabriel ;
 Les 5.000 livres restantes, Henri de Prévinquières s’engageait à les payer jour à jour aux créanciers les plus privilégiés de Guillaume-Gabriel, ou à son grand-oncle le seigneur d’Arviala, suivant l’indication qui lui en serait faite.

Il n’utilisera finalement que 7.000 livres, après avoir désintéressé ses plus dangereux créanciers, Guillaume-Gabriel n’épousera pas Jacquette de Prévinquières. Il remboursera Henri de Prévinquières par accord du 17 juin 17081 s’obligeant à payer 9.240 livres sur douze années.

Héritage pour Jean-Pierre du Puy 1687 :

C’est à l’occasion de son contrat de mariage du 10 février1687 (Me André Descuret, Millau) avec Gabrielle de Bonald, fille légitime et naturelle d’Honoré de Bonald, seigneur du Monna, conseiller du roi, président de l’élection du Haut Rouergue, et d’Eléonor de Grégoire, que Jean-Pierre du Puy recevra l’héritage des du Puy et de Goudon.

Le père de Jean-Pierre, François du Puy mort en 1664, avant son propre père, alors que lui n’était âgé que de 9 ans. Ladite hérédité lui proviendra de :
 Son grand-père, feu Pierre du Puy, conseiller du roi et juge de St Sernin et Balaguier, par l’intermédiaire de sa grand-mère paternelle Isabeau de Tourbes, ayant pour procureur son petit-fils Jean-Pierre de Nozié de Laval.

  • Il s’agira principalement de la seigneurie de Rebourguil en partie, et autres biens à Saint-Sernin.

 Son père, feu François du Puy, par l’intermédiaire de sa mère, Marthe de Goudon, ayant pour procureur son gendre Bernardin de Galatrave, il recevra des biens, des recommandations et des demandes de contreparties.
Dans sa transmission Marthe de Goudon, afin de garder quelques privilèges, s’appuiera sur les termes de son propre contrat de mariage du 24 mars 1646 avec François du Puy, dans lequel il est dit que son mari partagera tous ses biens avec elle, et réciproquement.

  • Il s’agit principalement de la seigneurie de Rebourguil, d’une maison à Saint-Affrique, d’actions et de rentes.

 Marthe de Goudon qui possédait déjà, par héritage paternel de :

  • La part manquante de Rebourguil ;
  • Les terres et seigneuries de Pradeilhes et Salmanac.
    De plus, elle avait hérité :
  • Des terres et château de Vailhauzy, de son oncle Jacques de Solages, par testament du 6 novembre 1682 ; mort sans postérité ; son frère, Jean sieur de La Devèze, étant décédé trois jours avant lui.

 Marthe de Goudon, héritière contractuelle de son défunt mari, ajoutera les conditions suivantes :

  • Elle donne Vailhauzy à condition notoire que le seigneur de Rebourguil sera tenu de payer et acquitter toutes les actions passées de ladite hérédité. Cette condition étant liée aux actions en cours engagées par Jean de Vaissière, comme nous le verrons dans le chapitre Vailhauzy ;
  • Elle donnera la moitié de ses biens, comme prévu dans son contrat de mariage avec François du Puy, qui iront à l’enfant mâle issu du présent mariage.
  • Elle récupère sa part et celle de son défunt mari, suivant son contrat de mariage, pour une pleine propriété de la seigneurie et des terres de Pradeilhes, cela jusqu’à sa mort.
  • Elle se réserve en outre la jouissance à son choix, de Vailhauzy, de Rebourguil ou de la maison de Saint-Affrique ; avec tous les meubles qui lui seront utiles et qui appartiendront aux futurs mariés après son décès.
  • En contrepartie de sa donation, elle exige que pendant toute sa vie il faudra lui payer annuellement trois « pipes » de vin, huit charrettes de foin, et lui laisser la jouissance d’un jardin au lieu où elle aura choisi son habitation. Le seigneur de Rebourguil s’acquittant, également, de tous les frais des biens de ladite dame sa mère.

Durant les neuf années qui suivront l’enregistrement dudit contrat, Marthe de Goudon restera la maîtresse des lieux. Jouissant tour à tour de tous « ses » biens.

Jean-Pierre du Puy laissera sa mère continuer à s’occuper de son héritage, comme elle l’avait fait pour Rebourguil et autres lieux durant 23 ans, et Vailhauzy depuis cinq ans.

Jean-Pierre du Puy, habitera St Sernin. Puis, à partir de 1691, le couple s’installera à Millau.

Il décèdera avant le 14 novembre 1696 à l’âge de 41 ans, jour où Gabrielle de Bonald, Marraine de son demi-frère Pierre-Joseph, sera désignée comme veuve de Jean-Pierre.

Le couple aura deux fils :
 Honoré Jean François, né le 12 janvier 1690 à St Sernin, décédé le 25 mars de la même année ;
 Guilhaume Joseph né le 13 janvier 1692 à Millau, décédé avant son père.

Gabrielle de Bonald, se remariera le 6 novembre 1688 à St Rome de Cernon avec Louis Joseph Marie de Morlhon de Murasson. Elle décèdera sans postérité, le 26 avril 1699 à Murasson, à l’âge de 33 ans.

Héritage de Jean-Pierre du Puy pour la famille de Galatrave 1696-1697

Jean-Pierre du Puy décédant sans postérité, désignera sa sœur Isabeau-Gabrielle comme héritière universelle, « à la charge de le rendre à l’aîné de ses enfants au temps de son décès » (contrat de contrat de mariage Solages Galatrave 1701). Mais Isabeau-Gabrielle ne voulant pas garder cet héritage le restituera par acte à ses enfants. Tous sont mineurs, sauf Marthe mariée, comme nous l’avons vu, à Charles de Chapelain.

Isabeau-Gabrielle désignée par son frère, n’était pas l’aînée. Elle a deux sœurs plus âgées qu’elle, encore en vie :
 Marie-Anne, mariée en premières noces, le 28 février 1666 à Jean de Brandouin seigneur de Blanc et du Puget, coseigneur de Massals ; en secondes noces, le 15 janvier 1684 à Vailhauzy, à Marc-Antoine de Clairac sieur de La Prade ; décédée le 14 avril 1715 à St Sernin ;
 Marthe mariée, le 31 août 1683 à Rebourguil à Jean-François Demas seigneur de Massals ; décédée après 1708 ;
 Ainsi que deux autres sœurs : Marie-Thérèse née le 6 avril 1663 ; Delphine, fille posthume, née le 9 janvier 1665. L’une sera religieuse.

Isabeau-Gabrielle du Puy, se remariera, le 4 mars 1697 à Rebourguil, à Anthoine de Clergue sieur de La Tonnié à Valence-d’Albigeois. Elle aura deux fils de ce mariage :

  • Philippe, né vers 1700, Capitaine des dragons, décédé le 6 février 1728, à l’âge de 28 ans, à Valence d’Albigeois ;
  • Augustin-César, né vers 1702, décédé le 31 décembre 1781 à l’âge de 80 ans, à Valence d’Albigeois ; marié le 12 janvier 1733 à Valence, avec Marie Granier. Ils auront 5 enfants.

L’hérédité de Jean-Pierre du Puy appartient désormais aux enfants de Galatrave ; sans en avoir désigné de légataire universel.
Lesdits enfants de Galatrave ne seront pas en capacité de « profiter » de l’héritage de leur oncle. Sans réels droits et avec leur envahissante grand-mère qui, à mon sens, aurait dû être légataire universelle après la mort sans postérité de son fils.

Dès 16981, Guillaume-Gabriel intentera un procès contre sa grand-mère, Marthe de Goudon, et à François de Bonald aux droits de Gabrielle de Bonald.

Héritage d’Arviala pour Guillaume-Gabriel 1700

Le 9 février 1700, Jean de Gayraud, seigneur d’Arviala, décède à l’âge de 91 ans. C’est le grand-oncle paternel des enfants de Galatrave.

Depuis, a minima 1697 et le mariage de leur mère, Guillaume-Gabriel et Isabeau-Catherine logent chez leur Grand-oncle à Arviala, La Borie Blanque.

Isabeau-Catherine assistera, avec son frère et les neveux et nièces de Benoist, à l’ouverture du testament de son grand-oncle paternel (Me Jean Brengues, St Rome).
 Les neveux de Benoist hériteront de métairies.
 Marion de Benoist héritera des dettes que la communauté de Pinet reste devoir à son oncle ;
 Guillaume-Gabriel sera institué héritier universel ;
 Isabeau-Catherine, n’héritera de rien.

Ce dernier fait, déstabilisant pour Isabeau-Catherine, jouera probablement dans la décision de Guillaume-Gabriel lorsqu’il s’agira de constituer la dot de sa sœur, lors de la conclusion de son contrat de mariage du 25 août 1701, un an plus tard.

Guillaume-Gabriel après avoir hérité de son père de la seigneurie de Vendeloves se voit propriétaire du haut et bas Arviala et de son château. (Plus de 1000 setérées, suivant Albert Carrière).

Contrat de Mariage d’Isabeau-Catherine de Galatrave 1701

Le premier fait important, concernant le contrat de mariage de François-Paul de Solages et Isabeau-Catherine de Galatrave, devant Antoine Duranc notaire royal de Peyreleau, est qu’il est établi en l’absence de :
 Marthe de Goudon, ni présente, ni représentée par quelconque procureur.

Elle est la mère de Jean-Pierre du Puy et d’Isabeau-Gabrielle du Puy.

Comme nous l’avons vu, elle est intéressée dans l’héritage des familles du Puy et de Goudon, avec la jouissance de la plupart desdits biens, et la « pleine propriété » de Pradeilhes et Salmanac.

On note également l’absence d’une des sœurs et de l’un des frères d’Isabeau-Catherine, qui sont encore mineurs :
 Marianne et Benoît  ;
Par contre :
 Sa sœur aînée, Marthe de Galatrave est là, même si elle a délégué son mari Charles de Chapelain ;
 Tout comme leur mère Isabeau-Gabrielle, qui a délégué ses pouvoirs par acte notarié à son second mari Antoine de Clergue, tout en étant présente ;
 Également présent, Guillaume-Gabriel, seigneur de Vendeloves et d’Arviala depuis moins de quatre mois.

Il est bon de rappeler que :
 Les enfants de Galatrave sont légataires, depuis quatre ans, de leur oncle Jean-Pierre du Puy ;
 Théoriquement, Isabeau-Catherine possède comme sa fratrie 1/5 de l’hérédité de son oncle, en l’absence de désignation de légataire universel ;
 Cette hérédité est frappée d’un droit de jouissance de la part de Marthe de Goudon, avec des obligations financières ; et une partie est restée propriété de ladite Marthe, jusqu’à sa mort.

N’ayant plus de droits personnels directs sur cette hérédité, seul celui de représenter les intérêts de ses enfants mineurs, il semble que c’est bien Isabeau-Catherine qui va déterminer la façon dont cette hérédité va être distribuée.

Elle va d’abord indiquer « d’avis et consentement » des présents « desquels ont fait et passé les pactes et conventions de mariage suivants ».
Elle va rappeler que son frère Jean-Pierre :
 L’avait instituée héritière universelle dans son dernier et valable testament ; avec l’obligation de s’engager « à le rendre à l’aîné de ses enfants, au temps de son décès » ;
 Qu’elle avait « refusé » cette hérédité ; pour la restituer par acte « pour celui à qui elle appartiendrait » ;
 Que présentement aux consentements : « lesdits futurs mariés preneurs … entreraient en possession (de l’hérédité de Jean-Pierre du Puy), le lendemain de la solennelle cérémonie de mariage » ;
Rajoutant de son chef :
 « à la clause toutefois de les tenir quitte de toutes les dettes passées de l’hérédité, ainsi que des droits, actions et hypothèques sur la seigneurie de Vendeloves » (dont Guillaume-Gabriel en est l’héritier par son père) ;
Finissant par :
 « Les futurs mariés seront tenus de payer 800 livres au sieur de Bedos, époux de Marthe de Galatrave constituées comme l’augmentation de sa dot ».

Que dire des termes de ce contrat ?
Apparemment, Isabeau-Gabrielle du Puy, ne connait pas, ou ne veut pas reconnaître, pour le moins, les clauses incluses et attachées à la transmission d’héritage conclues et acceptées par Jean-Pierre du Puy auprès de leur mère Marthe de Goudon :

 Alors que le contrat de mariage de Jean-Pierre du Puy, prévoyait :

  • « que son hérédité irait au mâle procréé par le dit mariage » ;

 Ainsi que son testament :

  • qui désignait Isabeau-Gabrielle, et ensuite « l’aîné de ses enfants ».

 Ils suppriment toute part d’hérédité aux autres enfants, tout en rajoutant les dettes et hypothèques sur Vailhauzy et Vendeloves à Guillaume-Gabriel ;
 Les enfants mineurs Marianne et Benoit, eux, sont ignorés ;
 Ils accordent 800 livres à Marthe de Galatrave comme augmentation de sa dot ;
 Enfin, ils ouvrent à un fort probable contentieux, entre Marthe de Goudon et François-Paul de Solages. Contentieux qui durera jusqu’en 1724 ; bien après la mort de Marthe en 1710.

Dès le 9 décembre 1701 : François Paul de Solages fera requête, comme mari, des biens dotaux de Isabeau-Catherine de Galatrave son épouse, héritière de feu Jean-Pierre du Puy, justifiant de ladite hérédité sur la démission faite par Guillaume-Gabriel de Galatrave et Marthe de Galatrave ses frère et sœur, et de mise à disposition.

Le 18 décembre 1712 : Benoît de Galatrave se désiste de tous ses droits et prétentions sur les biens de feu noble Jean-Pierre du Puy, son oncle (Crébassa notaire). Il est alors lieutenant au régiment de Gensac ; comme son beau-frère François-Paul de Solages. C’est un mois avant le décès de sa sœur.

Le Contentieux Vailhauzy

Jacques de Solages, sans postérité, dans son testament du 6 novembre 1682 désignera sa nièce, Marthe de Goudon comme seule héritière des terres, seigneurie et château de Vailhauzy. À cette époque, Marthe est veuve depuis 18 ans et est âgée d’environ 49 ans.

Dès le décès de Jacques de Solages le 16 novembre 1682, à l’âge d’environ 84 ans à Vailhauzy, donateur de Marthe de Goudon sa nièce ; sa veuve Marguerite de Prévinquières réclamera sa part d’hérédité, ayant accouché d’un enfant sans prénom de son légal mariage : enfant probablement mort-né.

Leur contrat de mariage du 21 avril 1670 - alors que Jacques est âgé d’environ 72 ans - prévoyait en sixième lieu (Me Viguier, Montjaux) :
 « Ledit seigneur de Vailhauzy donnera comme il donne présentement la moitié de ses biens, avec la moitié de ses charges à l’enfant ou fille de la descendance dudit mariage… Sans ladite nomination, ladite demoiselle future épouse, étant survivante, pourra faire ladite nomination selon sa volonté, à condition que le présent contrat soit enregistré ».

Marthe de Goudon restera sourde à cette réclamation. Son oncle Jacques de Solages, sans postérité, ayant choisi son héritière par son testament établi dix jours avant son trépas : la cause étant entendue.

Marguerite de Prévinquières se remariera, le 26 février 1686 à Millau, avec Jean de Vaissière, avocat de Millau, qui mettra en demeure Marthe de Goudon pour les droits de sa femme en secondes noces.

Marguerite de Prévinquières décèdera le 29 octobre 1688 à Millau, à l’âge de 36 ans ;

Continuant sa quête, Jean de Vaissière, veuf de Marguerite, arrivera à imposer une transaction à Jean-Pierre du Puy le 30 janvier 1693 ; lui vendant l’hérédité pour 11.000 livres.

Jean-Pierre du Puy, décèdera quatre ans plus tard, sans avoir tenu un engagement ; qu’il avait eu tort de prendre, à mon sens.

Le 1er mars 1699, précédant le contrat de mariage de Galatrave - de Prévinquières du même jour, même endroit : Arviala, est conclu une cession rémission entre-les deux beaux-frères : Jean de Vaissière et Henri de Prévinquières (Me Barascut de St Rome) :
 Jean de Vaissière, « fait cession, rémission et transport à Henri de Prévinquières d’une somme de 12.300 livres de laquelle, dame de Goudon (Marthe) lui demeure obligée par police du septième février de l’année dernière, réduite en acte public par contrat en original l’année courante par devant Me Estienne Lafleur notaire de Saint Affrique, pour s’en faire payer dans six mois, à compter du septième février dernier et payé ; qu’il en soit lui a donné pouvoir d’en faire bonne et valable quittance et en refus de paiement l’y contraindre par la voie de justice sauf si elle et les siens lui payent l’intérêt annuellement au dernier vingt ainsi qu’il est porté par ladite police réduite en acte l’ayant subrogé a son lieu droit, place, privilège et hypothèques et néanmoins fait ladite cession audit seigneur de Montjaux à ses périls, risques et fortunes et sans que ledit sieur de Saint-Martin lui soit tenu d’aucune concession garantie n’y restitution des deniers que par exprès ledit seigneur de Montjaux a renoncé tant parce qu’il se trouve obligé des parties de ladite somme de douze mille trois cents livres tout ainsi qu’il est narré dans ledit acte que pour d’autres raisons secrètes entre parties la présente cession a fait et fait ledit Sieur de St Martin audit seigneur de Montjaux pour et moyennant pareille somme de 12.300 livres que ledit seigneur de Montjaux a promis et promet de payer audit Sieur de Saint Martin le septième d’août prochain ».

Jean de Vaissière subroge à son lieu, droit et place, privilèges et hypothèques Henri de Prévinquières de la dette de 12.300 livres que Marthe de Goudon lui doit, sur l’hérédité de Jean-Pierre du Puy. Cela « pour les raisons narrées dans ledit acte que pour d’autres raisons secrètes …. à ses périls, risques et fortunes ».

En avocat madré du parlement de Millau, Jean de Vaissière défendra l’hérédité supposée (pour un enfant mort-né) de son épouse en secondes noces, Marguerite de Prévinquières veuve de Jacques de Solages :
 Après avoir réussi à soutirer un accord à Jean-Pierre du Puy en 1693 ;
 Ayant récidivé, en obtenant une police le 7 févier 1698 de Marthe de Goudon, la transformant en acte public par contrat en 1699.
Ce qui avait le pouvoir de transformer :

  • Une promesse de 1693 ;
  • En contrat inattaquable en 1699.

Tout cela sans passer par la justice, qui aurait pu probablement le débouter, pour une hérédité pas facilement défendable, à mon sens.

Les raisons secrètes évoquées dans le contrat sont le fait, que depuis la mort de sa femme Marguerite de Prévinquières en 1688, Jean de Vaissière n’avait plus d’intérêt à agir. Il passe donc le relais à son beau-frère en le subrogeant, lui qui est le plus proche parent.

Le 1er mars 1699, dans le contrat de mariage entre Guillaume-Gabriel de Galatrave et Jacquette de Prévinquières, Henri de Prévinquières indiquera : « qu’il se dessaisira de ses droits sur Vailhauzy après la conclusion du mariage ». Cette initiative venant après la subrogation en sa faveur, de son beau-frère Jean de Vaissière.
Ce mariage avait un intérêt financier pour les deux protagonistes. Il ne s’est pourtant pas concrétisé. Guillaume-Gabriel se mariera en 1706 avec Hélène d’Albignac d’Arre ; Jacquette de Prévinquières avec François de Raymond le 19 mars 1711.

Le 17 juin 1708 François-Paul de Solages conclura une transaction avec Henri de Prévinquières suite à un arrêt rendu par le parlement du 20 juin 1705 ordonnant l’exécution d’une transaction du 30 janvier 1693 (Vaissière – du Puy). Solages et son épouse renoncent à leur opposition et s’obligent à payer 12.000 livres ; soit 4.000 livres présentement et le restant sur 12ans.

Le 4 mai 1720 Suite à l’accord du 17 juin 1708, il reste un solde que François-Paul réglera à dame Anne de Blancher de Manhac veuve de Henri de Prévinquières, devant leur fils Henri et Jean de Vaissière conseiller du roi, juge royal de Creissels.

L’affrontement François-Paul de Solages – Marthe de Goudon

Le 20 janvier 1702 François Paul de Solages, demandera une vérification des détériorations faites au château de Vailhauzy :
 Il indique à Me Jean de Galtier, juge de Saint-Affrique que : « dame Marthe de Goudon, veuve de noble François du Puy, ayant joui plusieurs années de l‘entière hérédité et biens de noble Jean-Pierre du Puy, seigneur de Rebourguil, son fils ; laquelle est parvenue audit sieur de Solages, du chef de dame Isabeau-Catherine de Galatrave son épouse ; et pendant le temps de sa jouissance, ladite dame aurait causé plusieurs détériorations aux biens, ayant laissé dépérir par sa négligence les châteaux, maisons, terres et autres fonds ; à cause de quoi, il a présenté une requête en vérification des biens pour qu’il soit procédé à l’état des lieux par experts. Assignation faite à ladite dame à comparaître, laquelle ne daigne comparaître après plusieurs assignations.

  • 20 janvier, visite du château trouvé ouvert et inhabité, état des réparations qu’il convient de faire.
  • 23 janvier visite de la métairie, tenue par Gazel métayer...  »

Le 1er juillet 1703 François-Paul de Solages passe une police avec Marthe de Goudon, suite aux contestations sur l’héritage de Jean-Pierre du Puy dont, à présent, dame de Goudon jouit.

Utilisant la même stratégie que Jean de Vaissière, François-Paul : « accorde ladite jouissance sur une année, de l’entière terre de Rebourguil, de Salmanac et autres ; de la maison de Pradeilhes, rentes des mages de Serre-Grand et Salmanac. »

Le 30 août 1704, dans un jugement : Dame de Goudon perd contre François-Paul.

Le 10 février 1708 (Me Pierre Boutes, St Rome), lors du contrat de mariage de Marie-Rose Demas de Massals avec Guilhaume de Méjanes seigneur de Randan, intervient Marthe de Goudon la grand-mère de Marie-Rose. Elle est donatrice de :
 La terre de Rebourguil de justice, haute, moyenne et basse, château, meubles, et tout ce qui dépend de ladite terre : métairie, plus les biens dotaux qu’elle a ; savoir dans le lieu de Raissac ;
 Maison et jardin contiguës au moulin dépendant de St-Affrique ;
 La terre de Vendeloves, plus la rente constituée de la somme de soixante-dix livres par Mr Causanet ;
 La terre et métairie avec masage d’Alsac ; terre de St-Jean de Robal, etc. ;
 La terre de Vailhauzy ;
-Des biens à St Sernin ;
 La seigneurie de Pradeilhes ; la coseigneurie de Salmanac ; pour en disposer et en jouir en la vie qu’en la mort.

En contrepartie, elle demande de nombreuses choses :
 Six mille livres dues à madame de La Tonnié sa fille (Isabeau-Gabrielle veuve de Galatrave) ;
 Pour sa fille religieuse, madame de St Pierre une rente viagère de soixante livres ;
 De minimes sommes pour son docteur Jean Singla ; Mr Symandi, sa belle-fille, etc. ;
 Vingt trois mille livres à Mr de St Martin (Jean de Vaissière) bailleur ;
 Mille cinq cent livres audit St Martin ayant subrogé ladite dame de Goudon à son bien, droit, place du feu de Rebourguil fils de ladite dame ;
 Un quartier du château de Rebourguil, un jardin, du vin de la vigne de son choix, du bois pour son chauffage pour en donner durant sa vie, des meubles convenables et nécessaires pour l’ameublement dudit quartier.
Cette donation paraît illusoire, lorsque l’on connaît :
 Les biens dont François-Paul de Solages se réclame ;
 L’inventaire de la dot de sa femme en 1773 ;
 Ce que François-Paul réclamera aux Méjanes  ;
 Les biens qui appartiennent à la famille de Galatrave, par leur père :

  • Vendeloves ;
  • La maison de St-Affrique contiguë au moulin de Galatrave (Aujourd’hui, moulin de Madame, JPH Azéma, P Ozanne)

Le 20 octobre 1709, suite au contrat de mariage Méjanes-Demas de 1708, François-Paul de Solages initie une ratification avec dame Marie-Rose Demas seigneuresse de Rebourguil donataire universelle de Marthe de Goudon.
On ne connaît pas les termes exacts de cette ratification. On sait que dans ledit contrat de mariage, Marthe Goudon demandait que l’on rembourse deux dettes à Jean de Vaissière. Une au moins concernant Vailhauzy. François-Paul avait transigé ladite dette avec Henri de Prévinquières subrogé de Jean de Vaissière le 17 juin 1708 (chapitre Vailhauzy).

De plus, en 1722 François-Paul de Solages seigneur de Vailhauzy, Rebourguil, coseigneur de Salmanac et autres lieux, attaquera Guilhaume de Méjanes, tuteur des enfants de son fils et de dame Marie-Rose Demas, avec rappel des réserves faites aux domaines de Salmanac et Pradeilhes, par la dame de Goudon, moyennant la somme de 17.000 livres et leur cession au sieur de Bonald, avec plus-value.

Le 7 août 1709 (Me Pierre Boutes, Rebourguil) Marthe de Goudon établira son dernier testament. Elle est qualifiée de seigneuresse de Rebourguil. Elle se dit héritière de Marguerite Durand épouse de Pierre Boutes de Rebourguil, fait donation à Claude Milhau et divers membres de cette famille.

Le 7 avril 1711 Marthe de Goudon est citée comme décédée, à environ 74 ans.

Détail de la dot du mariage de Solages – de Galatrave 1701

Le détail de la dot de Isabeau Catherine de Galatrave inventoriée en 1773 est établi comme suit :
 La terre seigneuriale de Rebourguil et son château, vendue à Mr Falgueyrettes, 75.000 livres le 30 mai 1735 ;
 La terre seigneuriale de Vailhauzy, ses métairies, prés et son château avec le domaine de Soulzon et dépendances : vendue au Sieur Peyrot, 69.000 livres le 7 mai 1740 ;
 Une maison à Saint-Sernin, jardin, prés et vignes, vendue au sieur d’Isarn, 6.000 livres ;
 La métairie du Couderq vendue au sieur Valette le 23 mars 1745, pour 8.745 livres ;
 Une rente sur la métairie du Fley vendue, 3.100 livres ;
 Une rente et directe de Roquefort vendues au sieurs Estienne Vernhes le 3 juin 1736 et Castel le 23 mai 1743, pour 10.759 livres.

N’y figure pas, principalement :
 Pradeilhes ;
 Salmanac, bien que François-Paul en ait été qualifié de coseigneur.
Ses seigneuries semblent avoir été effectivement attribuées à Marie-Rose Demas et vendues à sieur de Bonald ; dont François-Paul se prépare à en demander restitution…

Dans le déroulement de cette affaire, nous avons les rémissions de trois des enfants de Galatrave.
Il n’y a aucune rémission de Marianne, leur sœur née le 12 janvier 1681.
On peut penser qu’elle soit décédée jeune.

Mais, le 9 février 1753, une Anne de Galatrave de Lodève est marraine de Suzanne Jean, petite-fille de Guillaume-Gabriel.
Or, celui-ci n’a eu qu’une enfant : la mère de Suzanne Jean.
Il pourrait donc s’agir de la tante de Suzanne de Galatrave : notre Marianne de Galatrave.

Conclusions

Pour sûr, François-Paul de Solages a su tirer un meilleur parti de la dot de sa femme, en augmentant et pérennisant les revenus. Ce que n’avait pas su réaliser Marthe de Goudon ; héritière et veuve alors qu’elle n’avait pas trente ans.

En 1720, François-Paul avait fait établir un mémoire sur la seigneurie de Vailhauzy :
 Il y est indiqué que la métairie du château avait été affermé à Louis Bousquet et Jean Roulendes ; celle noble du Théron affermé à Singla  ; celle de Soulzon à Guibal, le tout pour quelques centaines de livres ;
 Le tout est dorénavant affermé, depuis 1719 à Mr Textoris, pour un revenu récapitulé de 2.933 livres.

Sur ce domaine de 500 setérées de terre noble, il a également institué un juge procureur fiscal, greffier, sergent et autres officiers pour exercer la justice en son nom, et la jouir (sic) avec droits de lods et de prélation en seul. Tous les paysans sont obligés de lui donner des journées de grâce pour travailler ses vignes. Il avait agi de même pour Rebourguil.

De plus, leurs valeurs en 1701, étaient certainement assez éloignées de celles obtenues trente-deux et trente-neuf ans plus tard.

François-Paul de Solages se remariera le 1er octobre 1724 avec Marie de Ciron. Sa dot sera de 33.000 livres payées par son frère Innocent-François (JL Dega, Insinuations, Haute-Garonne), leur père étant décédé le 22 févier précédent…. La suite est une autre histoire.

Serge d’Isernia

Sources ayant permis la rédaction de cet article  :
ExpoActes ; Brozer ; BMS Aveyron, Tarn ; Minutes notariales Aveyron ; Tarn ; St Affrique et ses moulins (JPH Azéma) ; Archives de Solages de Carmaux (Yannick du Guerny)