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Une vie de militaire : Auguste Sylvain BOUZAT 1890/1970
Article mis en ligne le 5 mai 2017
dernière modification le 18 janvier 2017

Une vie de militaire

Auguste Sylvain BOUZAT 1890/1970

A Bonneguide, commune d’Alrance, est né le 30 juin 1890, Auguste Sylvain Bouzat fils de Jean-Baptiste, charpentier et de Marianne Rose Pendaries. Après une instruction primaire à l’école de La Capelle-farcel, il partira à Salmiech , chez Daures , menuisier ou il effectuera un apprentissage de charpentier .
De cette période il nous confiera le souvenir qu’à Bonneguide avec un camarade, ils sont partis par temps de neige pister un lièvre. Mais la maréchaussée les a surpris. Il raconte qu’il lui tardait d’entrer dans la forêt domaniale du Lagast car il sentait dans son dos le souffle chaud des naseaux du cheval le poursuivant.

Le 1er octobre 1911 il est appelé au 9ème génie de Montpellier pour effectuer son service militaire ; après ses classes il embarque à Marseille le 15 juin 1912 pour Casablanca au Maroc. Son régiment avait été envoyé dans le cadre « de la pacification du Maroc appelée aussi campagne du Maroc. »
C’était une conquête militaire et politique française amorcée sous la responsabilité d’Hubert Lyautey alors général et pendant le règne de Moulay Abdelaziz dés 1904...... 1911 le protectorat s’installe, il fut institué à partir du 30/03/1912 et dura jusqu’en 1934 avec la perte de 60.000 hommes français.

Auguste Bouzat reviendra à Bonneguide en novembre 1913 ; à l’intérieur de son avant bras gauche en grosses lettres bleues un tatouage «  campagne du maroc » et dans sa cantine un certificat de bonne conduite et une décoration du gouvernement chérifien " Le cinquième rang (chevalier) du Ouissam Alaouite Chérifien en considération de ses mérites. Qu’il le porte avec orgueil et qu’il le considère comme un témoignage du respect et de l’estime dont il jouit auprès de Notre Majesté. Fait à notre capitale Marrakech le 14 safar 1337" ( soit le 19/11/1918)

Huit mois plus tard, le 4 aout 1914 c’est la mobilisation, il repart au 9ème génie à Montpellier, Compagnie 16/1. Huit août il est a Mathicourt, et participe à l’offensive en Lorraine, puis c’est Xousse, combats de Rorbarch Bisping Luneville Lamath Gerbeviller et le 28 aout ils lancent des passerelles sur la rivière Mortagne.
Sa Cie quitte la Lorraine et part sur Bennecourt, avec cantonnement à Beaumont puis Montdidier et ce sera la bataille d’Ypres en Belgique. Commencera la guerre des mines avec creusement de puits, écoutes des mineurs ennemis, chargement de fourneaux (explosifs) parfois jusqu’ à 6000 kg

Le 6 décembre 1914 c’est le premier rapport de satisfaction pour ce régiment et cette compagnie, il y en aura beaucoup d’autres.

Février 1915 repos à Amiens puis c’est la Champagne avec cette citation pour sa compagnie 16/1 : " a exécuté sous le feu de l’ennemi les 1,2 et 3 mars 1915 un travail intensif avec une activité et un audace particulière, d’un bel exemple pour les troupes. "
Nouveau secteur, Beauséjour, (!) ou c’est une période intensive de la guerre des mines, avec creusements de puits sans aération, sous les bombardements et mitraillages ennemis et passage en 1ère ligne à Jonchery et Swippe.

La Cie 16/1 obtient 98 citations pour ses sapeurs et félicitations par le Général cdt.
Auguste Bouzat gazé est dirigé sur les éclopés du 9/5/1915 au 28/6/1915.
Juillet 1915 Bruits de pioches ennemies, écoutes au microphone.....le 16/1 charge un fourneau de 2.000 kg de dynamite pour contrer les sapeurs ennemis, opération réussie qui fera un cratère de plus de 20m de diamètre.....

Le travail du génie

Citation pour Bouzat Auguste et quelques compagnons, sapeurs très courageux toujours très dévoués dans les travaux difficiles. Les 24 et 25 juillet ont chambré et chargé 2 fourneaux de mine sous la menace constante du mineur ennemi qui préparait lui même son fourneau.

1916..secteurs de Tahure, Braisne , la Fille Morte, l’ Argonne ou le 9ème génie fournit un gros effort dans la guerre des mines.

Le 5 septembre 1916 Citation à l’ordre du régiment N°5, pour le sapeur Bouzat Auguste de la 16/1 Cie du 9ème RG, pour : "sapeur très courageux le 3 septembre se trouvant dans une galerie d’écoute et bien qu’incommodé par les gaz délétères a remonté du fond d’un puits de 12 m son sergent qui avait déjà perdu toute connaissance. "

Le 28 novembre 1916 le sapeur Bouzat est envoyé aux éclopés jusqu’au 16 décembre « gaz dans le secteur de la Fille Morte. »

D’un avion allemand tombé dans les lignes françaises, il récupérera un pistolet lance-fusée , un étui à carte contenant une carte de Belgique avec le front , une carte en allemand de Verdun d’aout 1916 avec le tracé du front, des cimetières et hôpitaux, une baïonnette ,un poignard de tranchée, quelques munitions et petits obus neutralisés.

Décembre 1916 demande de citation pour le capitaine de la 16/1 ; le 16 février 1917 Auguste Bouzat est nommé maître-ouvrier, il participe aux nettoyages de tranchées, à la construction d’abris, de boyaux de tranchées parfois en 1ère ligne, à l’organisation des positions conquises, aux raccordements de boyaux ….

Le 2 aout 1917 Auguste Bouzat est nommé Caporal et avec le S/L Pieu et l’adjudant du 81è RI en reconnaissance ils découvrent une batterie de 105 allemande, aussitôt les culasses sont enlevées et portées au PC du chef de bataillon !

Autres citations pour 2 S/lts et de 6 sapeurs dont le caporal Bouzat au 20/08/1917 : il a pris part à 2 faits de guerre suivant :
 1er le 20 aout 1917 à l’attaque du Mort d’Homme (Verdun) du 4 au 6 septembre au franchissement de l’ ailette
 2ème 23-26 aout au passage de vive force de la serre qui ont valu chacun une citation à l’ordre de l’armée et par la suite l’attribution de la fourragère aux couleurs de la croix de guerre.
Il sera nommé sergent.

Intoxiqué à nouveau dans l’Aisne le sergent Bouzat est évacué sur les éclopés du 26/10 au 03/12/1918.
Il pourra porter :
 la croix de guerre avec citations
 la médaille Alaouite
 la médaille interalliée
 la médaille commémorative campagne du Maroc
 la médaille militaire,

Il retourne à la vie civile, à Bonneguide le 13 mai 1919 mais pour une courte durée. Il se marié à Alrance en 1919 à Boutonnet Berthe couturière et ils vivront pendant 5 ans de leur métier, avec quelques animaux domestiques, au Mas Nespoulous. Deux enfants naîtront et seule Augusta survivra.

En effet en 1926 Auguste fait sa demande pour devenir gendarme ou gardien de prison. Il est accepté dans les deux catégories et il optera pour la gendarmerie. Le dossier lui aurait coûté un lièvre (pour qui ? Pourquoi ? Pas de souvenir)

Automne 1926, il est appelé à l’école de gendarmerie, peloton mobile N° 7 à Montferrand pour plusieurs mois. A la fin de sa période de formation il est nommé « gendarme à cheval », il prêtera serment au tribunal de 1ère instance de Clermont-Ferrand. Il se rendra ensuite avec sa famille pour la première affection à la brigade de Langeac (Hte Loire). Il devra suivre une autre période formation, pendant un an environ il fera des dictées et rédigera des procès-verbaux d’exercices qui seront commentés et annotés, sur un grand cahier dit d’instruction.

On y notera qu’au bout de 6 mois ayant fait de gros progrès en orthographe il sera dispensé de dictées. Quarante dictées et 40 procès-verbaux seront faits au porte-plume d’une écriture très appliquée. Dans un travail du 30 juin1928 il rédige un P.V. pour un conducteur d’attelage de vaches trop éloigné de ses animaux (plus de 40 m) et dans un travail du 11-5-29 pour animaux de traits en surnombre ; cet attelage avait 3 paires de bœufs et 2 chevaux en enfilade ce qui est considéré comme une infraction. Enfin on remarquera le 17/11/1928 un homme pour ivresse manifeste et publique que l’on n’a pu appréhender, la mairie de Pebrac n’a pas de violon !

Il obtiendra des félicitations à Langeac pour " a fait preuve de vigilance d’adresse et d’habileté professionnelle en découvrant un individu qui utilisait pour sa bicyclette une plaque de contrôle falsifiée. "

Fin 1929 après une longue période de maladie (séquelles de la guerre ?) il est déclaré inapte à l’arme à cheval pour « dyspepsie hyper-chlorhydrique hyperesthemique .... » il passera à l’arme à pied. Sa nouvelle affection sera la brigade de Vertaizon (Puy de Dôme).

Ses congés au mois de septembre chaque année se passeront au Mas Nespoulous. Chasseur et pêcheur il approvisionnera l’hôtel restaurant Angles Jules à Villefranche de Panat surtout en cailles et parfois en lièvres.

De ses états de services il apparaît comme tireur hors classe ou 1er tant au pistolet qu’au fusil de guerre ou de chasse.

Il quittera la gendarmerie nationale en 1935 pour aller comme garde chef aux H.B.A (Houillères du Bassin d’Aquitaine) aux mines de charbon du Gua commune de Cransac/Aubin (Aveyron), il se fera remarquer pour son professionnalisme et sera félicité mais c’est une autre histoire, non militaire et ….. C’était mon grand-père.

Réf : Mémoire des Hommes- JMO du 9ème génie – archives familiales personnelles

Alain Goulesque