Publié en 2021 [1], basé sur sa thèse de doctorat, ce livre très fourni décortique comme son nom l’indique les relations entre les comtes d’Armagnac et leurs possessions en Rouergue, aux XIVe et XVe siècles. Elle exploite pour ce faire de nombreux documents d’archives :

– la série A des archives départementales du Tarn et Garonne : hommage et reconnaissance féodale, du comte de Rodez, de la Vicomté de Creissels, de la baronnie de Roquefeuil ; gouvernement des principautés d’Armagnac et de Fézensaguet, comptabilité, administration judiciaire
– la série C des archives départementales de l’Aveyron : reconnaissances, affermages et arrentements, recettes et dépenses du comté, audiences de la cour
– le trésor des chartes, chambre des comptes et arrêts du parlement de Paris aux Archives Nationales

Un peu d’histoire

Je reprends l’explication donnée par Patrick Ozanne dans le livre annuel publié à l’occasion de nos assemblées générales : « en 1301, Henri, comte de Rodez, institue pour héritière sa fille, Cécile, épouse de Bernard VI d’Armagnac. Avec la Vicomté de Creissels et les baronnies de Roquefeuil et Meyrueis, cela fait des Armagnac une des maisons les plus puissantes du royaume et les possesseurs de l’essentiel du Rouergue. Ils répartissent leurs archives entre Rouergue et Gascogne. À la mort du dernier comte d’ Armagnac, son domaine revient à la couronne. Les archives de cette famille sont alors transféré en 1685 de Rodez à Montauban. »

Après la lente ascension de seigneurs qui ne sont alors que gascons entre le XIe et le XIIIe siècle, c’est bien Bernard VI qui constitue une véritable principauté avec l’absorption du comté de Rodez. L’administration de ce comté donne lieu à de nombreux actes d’hommages et reconnaissances : le Comte, en personne ou représenté, reçoit avec enregistrement par notaire l’hommage de ses féaux. La consultation de ces documents renseigne sur les familles présentes (principalement nobles : des roturiers peuvent apparaître dans les confronts) et leurs possessions.

Les reconnaissances féodales

Je donnais dans le livre de Cornus [2] la forme-type de tels actes :
« L’an (et jour) que dessus Moi-celui (XX) ou Nous-ceux (XX+YY) qui rend(ent) hommage(..) je reconnais de vous magnifique seigneur (Jean) d’Armagnac, par la grâce de dieu vicomte de Fezensaguet, de Brulhois et de Creyssel, maître de la baronnie de Roquefeuil, tenir en franc-fief un champ (au château dit de Cornus) que l’on nomme ZZZ.
(…) Je vous fais hommage, vous promets et jure fidélité, les genoux fléchis et les mains jointes
Nous Jean d’Armagnac vicomte recevons et acceptons cette reconnaissance de toi (XX) »
Emmanuel Johans analyse dans sa thèse plusieurs séries correspondant à des tournées des comtes Jean Ier (1323), Gaston de Fézensaguet (1308), Jean Ier de Fézensaguet (1348-1358), Jean III (1373-1384), Jean III (1384-1388), Bernard VII (1392-1418).

L’intérêt généalogique

Particulièrement difficiles à lire pour un non spécialiste, ces textes (en latin) sont cependant répétitifs, et en se concentrant sur les noms de lieux et de personnes, on arrive à en tirer des informations uniques (je donne là encore l’exemple du livre de Cornus, dans lequel j’avais tenté de reconstituer les hameaux disparus).
La thèse d’Emmanuel Johans fait le travail d’analyse et restitue ces informations sous forme de paragraphes consacrés à chaque famille. Les annexes comprennent pas moins de 48 tableaux généalogiques (voir liste) et les familles suivantes se voient consacrer au moins un paragraphe :

– Les baronnies et vicomtés rouergates : Benaven, Estaing, Panat vicomtes de Peyrebrune, Landorre vicomtes de Cadars, Castelpers vicomtes d’Ambiante, Arpajon seigneurs de Brousse et de Calmont-de-Plancatge, Castelnaudary seigneurs de Verdun,
– Les barons apparentés : Narbonne-Talairan seigneurs d’Agen, Cardaillac seigneurs de Malville et vicomtes de Murat
– Les seigneurs haut-justiciers : Montpeyroux et Esparron, Bessuéjouls, Bertholène, Vézins, Combret seigneurs de Broquiès, Pinet, Barrière et Soulages
– Les barons : d’Aurillac seigneurs de Thénières ; de Canilhac et les doms d’Aubrac seigneurs d’Aurelle ; de Peyre seigneurs de Chaudes-Aigues ; d’Apcher
– Saugnac, Escorailles, Leu de Rodez, Brossignac, Ebles, Penavayre,
– familles consulaires du bourg de Rodez : Rames, Séguin, Barthélémy d’Auzits, Seyrac, Criade, Madiès, Frechrieu
– changeurs ruthénois seigneurs haut justiciers : Rossignol, Bournazel
– bourgeois de Rodez dans l’administration Comtale : Viguier, Catel, Ségalar, Roux, Gaillard
– marchands de la cité : Vigouroux, Paillon, Maurel, Dodat, Mercier, Neuvéglise, Montagne
– L’anoblissement : Nattes, Gaffuier, Carlat, Hébrard, Crous, Carrière, Serres, Montferrier, Germain

… excusez du peu !

Une fois encore, il est plus que jamais nécessaire de consulter, diffuser et faire connaître un travail d’historien contemporain, focalisé sur l’Aveyron et fourmillant d’informations généalogiques.

Bonne lecture

Philippe Christol