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Les origines aveyronnaises de Carlos GARDEL, légende ou vérité ?

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Les origines aveyronnaises de Carlos GARDEL, légende ou vérité ?
Suzanne BARTHE - le 18 novembre 2019

La famille GARDES de St-Geniez
… ses descendants…(ou pas…)
Et la migration vers l’Argentine

Le patronyme GARDES est extrêmement répandu dans le midi de la France, en particulier dans l’Aveyron et surtout dans la commune de St-Geniez-d’Olt et-d’Aubrac. Nous présentons dans cet ouvrage un certain nombre de « mini-généalogies » des différentes souches : Combetalade, Artigues, mais aussi Naves, La Fraissinède, les Bénézèches et la Molière (Cf notre chapitre sur les hameaux). Tout comme nous le faisons pour les généalogies complètes, il nous a semblé intéressant de présenter une étude de ce patronyme, ce dont nous remercions Jacques ASTOR.

Le nom de famille Gardes peut avoir le sens de gardien, garde champêtre, gardien des récoltes, guetteur. Mais, dans sa grande majorité, il est surtout issu d’un nom de lieu.
Le toponyme LA GARDE, LAGARDE est fort répandu dans le midi de la France. Il a donné lieu à de nombreux noms de familles par la relation du lieu à l’habitant.
Le sens radical est fort apparent : il s’attache à l’idée de « garder ». Et il se révèle que le sens historique du terme est en accord avec cette idée : il s’agit, dans la majorité des cas, de hauteurs servant de guet ou de fortifications, voire de châteaux.
Pour les La Garde / Lagarde de l’Aveyron, nombre d’entre eux sont des lieux de guet et/ou de défense à la proximité de la localité (Camarès, Castanet, Espalion, Mur-de-Barrez, Saint-Martin-de-Lenne, Lanuéjouls, Quins, Capdenaguet dans la commun de Balsac). Ils sont voisins de voies fréquentées (Baraqueville, Sauveterre, Le Serre, Lapanouse, Montlaur) et plus particulièrement de croisements (Druelle, Moyrazès, La Couvertoirade, Salles-la-Source, Le Vibal, Saint-André-de-Vezines, Sainte-Croix). Ils voisinent avec les limites administratives actuelles (communales : Sainte-Croix, La Selve, Le Vibal, Espeyrac, Nauviale ; cantonale : Montagnol). Certains d’entre eux sont sur des hauteurs qui permettent le guet et la défense dans les meilleures conditions (Espalion, Sainte-Eulalie-d’Olt, Espeyrac, Nauviale, La Roque-Sainte-Marguerite [vue plongeante sur la vallée de la Dourbie depuis le Larzac]).
De ce type de nom de lieu est issu le nom de famille Lagarde bien connu dans le département de l’Aveyron comme dans la plupart des autres. Le nom de famille Gardes en est également issu et a l’Aveyron pour département de référence après la Haute-Loire et avant le Tarn-et-Garonne. Foyer de fréquence du patronyme Lagarde, Saint-Geniez-d’Olt l’est aussi pour Gardes, au même titre qu’Aurelle-Verlac et Prades-d’Aubrac (J.A.)

La légende aveyronnaise, fort répendue à St-Geniez, pose la question suivante : le « père du tango aurait-il existé sans la morale austère des campagnes françaises à la fin du XIXe siècle ? » Nous pouvions légitimement nous poser la question en nous référant au postulat selon lequel « une jeune fille originaire de Saint-Geniez-d’Olt, Berthe GARDES, aurait eu une aventure avec un de ses cousins, séminariste de surcroît, Joseph GARDES ». Ce qui n’était pas acceptable ! Le séminariste aurait été « envoyé en mission en Asie, puis en Afrique ». Quant à la famille de la jeune fille, comme bien des aveyronnais, les Gardes, ainsi que Berthe et l’enfant qu’elle portait, « partirent pour l’Argentine ». Toute légende a toujours un fond de vérité… et nous sommes partis en quête de cette vérité…
Carlos GARDEL, roi du tango (1890-1935)
Carlos GARDEL, le roi du tango, meurt le 24 juin 1935 dans un accident d’avion près de Medellin en Colombie. Mais qui donc étaient ses ancêtres ?
Des hypothèses nombreuses et variées ont vu le jour… Evacuons tout de suite la piste uruguayenne, qui n’était qu’une échappatoire à la mobilisation pour la guerre de 14-18… Une autre piste nous menait à St-Geniez-d’Olt… encore fallait-il vérifier toutes ces traditions orales en les étayant par des actes d’état-civil.
Le seul point de l’histoire qui soit avéré est que Marie Berthe GARDÈS accouche à Toulouse le 11.12.1890, d’un petit Charles Romuald. Marie Berthe reconnaît l’enfant le 20 décembre suivant.

Puis la famille s’installe sur les rives du Rio de la Plata. Charles transformera son prénom en Carlos, et remplacera le S final de son nom par un L plus sonore ; et voilà l’histoire !
Mais les choses ne sont pas aussi claires… En effet, dès 1998, le professeur Christiane Bricheteau prouve de façon irréfutable les origines toulousaines de Carlos GARDEL du côté maternel. Elle démontre qu’il est le fils naturel de Marie Berthe GARDES et qu’il est né à Toulouse, à l’hospice Saint-Joseph de la Grave, le 11 décembre 1890. (Cf acte ci-dessus).

En 2008, l’universitaire découvre que Carlos GARDEL (ci-dessus à gauche) était aussi le fils illégitime d’un toulousain nommé Paul LASSERRE (ci-dessus à droite). En 2010, photographies à l’appui, elle en fait la démonstration dans son livre intitulé « Carlos Gardel fils de Toulouse - Vérité et preuves en images ». Il s’agit de portraits de famille conservés par Berthe GARDES.

Berthe GARDES Paul LASSERRE Carlos GARDEL
Alors d’où venait cette piste menant à St-Geniez ? Tout simplement d’une autre descendante de la famille GARDES, bien originaire de St-Geniez cette fois. Cette romancière argentine du nom d’Elena Irene GARDES a passé sa vie de plateaux de télévision en conférences, multipliant les communications affirmant ce qu’elle considérait être la vérité, à savoir qu’elle était la petite nièce de Carlos GARDEL. Malheureusement les pistes généalogiques, suivies par elle, tenaient plus de la tradition familiale que de la réalité. Nous aurions bien sûr souhaité pouvoir nous entretenir avec Elena Irene GARDES, mais cette dernière a brutalement quitté ce monde en mai 2017, emportant avec elle sa légende de « petite cousine » du grand Carlos GARDEL…
Ce n’est pas par hasard si, dans les quartiers populaires de Buenos Aires en Argentine, Gardel était surnommé « El Francesito » (le petit Français). En France, la connaissance des origines toulousaines de GARDEL est toujours restée vivace à Toulouse, de même que sa naissance « entourée d’un parfum de scandale ». Enfin, les nombreuses visites que GARDEL fit à sa famille toulousaine et tarnaise, les photographies faites à l’occasion, ses courriers et son testament olographe étayent solidement et durablement la thèse des origines françaises de celui qui fut l’inventeur emblématique du tango chanté. Lors de sa tournée en France, il a rencontré la famille de Berthe GARDES, en la présentant comme sa propre famille, et ses lettres manuscrites à certains membres de cette famille GARDES parlent d’oncles et de tantes.
Quoi qu’il en soit, la voix de Carlos GARDEL a été déclarée patrimoine de l’Humanité par l’Unesco, qui présente officiellement l’artiste comme un « chanteur argentin né en France ».
De nombreux universitaires se sont penchés sur cette énigme des origines de GARDEL. De nombreuses biographies (parfois fantaisistes) concernent le chanteur. Des recherches effectuées aux Archives Municipales de Toulouse et Albi, ainsi qu’à l’état-civil de St-Geniez-d’Olt permettent d’établir la généalogie du fameux « roi du tango ».
I. Daniel GARDES †<1779 x Jehanne PELAT

II. Bernard GARDES (°ca1753 - †1841), « jardinier », x 21.09.1779, St-Etienne de Toulouse, avec Jeanne BONHOMME, fille de Jean et de Madeleine LOUPIAC. Le couple résidait à Toulouse lors de la naissance de leurs fils.
a. Vital (1782-08.08.1838, 2 rue Colombelle à Toulouse) « jardinier » x 26.06.1806 à Georgette LAPORTE.
b. Jean-Marie, qui suit

III. Jean Marie GARDES, (né à Toulouse le 10.08.1794 et décédé le 10.07.1870), « entrepreneur de travaux publics », demeurant 10 rue Palaprat à Toulouse. Il épouse le 27.05.1841, Marie-Anne Pascale BONNEFOY (°29.03.1809-†18.09.1901, 10 rue Palaprat à Toulouse), fille de Pierre, maçon, et d’Antoinette CAZENEUVE, d’où :
a. Jeanne-Pétronille (°08.8.1829, †08.12.1889, 4 rue du canon d’Arcole à Toulouse) x 03.09.1853 à Toulouse, avec Bruno Marie BARRAT († à Toulouse le 13.12.1905),
b. Vital qui suit,
c. Anne Raymonde (1840-1919) x 24.09.1877 Antoine RUFFIE,
d. Pierre Augustin °17.03.1842 - †04.04.1845, 10 rue Palarat, Toulouse.

IV. Vital GARDES (°11.04.1835 - †10.03.1903, 10 rue Palaprat à Toulouse). Plâtrier, employé de mairie.
X1 14.05.1862, à Albi, avc Hélène Jeanne CAMARES (†20.08.1931 à Toulouse). Le couple divorce le 27.12.1889.
a. Jean Marie °11.04.1863, 10 rue Palaprat à Toulouse, † 09.07.1935 à Toulouse,
b. Marie Berthe qui suit.
X2 26.07.1890 avec Marguerite BEZAN (1855-1935), d’où : Emile °1891 et décédé à l’âge de 3 mois.

V. Marie Berthe GARDES, °14.06.1865, 10 rue Palaprat à Toulouse, †07.07.1943, à Buenos Aires, Argentine. « Lisseuse », repasseuse.

VI. Charles Romuald GARDES, °11.12.1890 à Toulouse, †24.06.1935 à Medellin (Colombie) – Chanteur, compositeur argentin de tango, acteur.
Comme nous le voyons, les éléments ci-dessus balayent la thèse développée par la romancière Elena Irene GARDES dans son livre « Carlos Gardel y la raíz de mi genealagia » où, se fondant sur sa propre tradition familiale, elle affirme que l’un de ses ancêtres, Louis GARDES, serait le frère du toulousain Vital GARDES, grand-père de Carlos.
Les éléments généalogiques ci-dessus et ci-dessous exposés démontrent l’absence de tout lien de parenté : Louis GARDES et Vital GARDES n’étant pas nés du même couple parental.
Voyons à présent les ancêtres de notre romancière argentine, originaire de Combetalade, de St-Geniez.
Elena Irene GARDES
Enseignante, poète et romancière

Famille GARDES de St-GENIEZ
I. GARDES Antoine, épouse ca 1630, VAYSSETTE Jeanne, d’où :

 GARDES Marc, °21.01.1637, bp 01.02.1637, p : Marc GARDES de Marnhac ; m : Marguerite VAYSSETTE

 GARDES Antoine, °27.08.1634 x ca 1665 avec ALEXANDRE Marguerite. D’où :
 Jean °23.10.1667
 Marguerite °21.07.1669
 Pierre °31.03.1675
 Pierre °04.02.1681

 GARDES François, °17.06.1644, †10.01.1666 à Combetalade

 GARDES Pierre, °13.09.1648, p : Pierre FRAYSSINHOUX, m : Marie GARDES de la Fage. « Tisserand de Combetalade », il contracte mariage le 02/12/1690 avec BOUSQUET Catherine de Soulages à La Capelle- Bonance, où le couple s’installe.

 GARDES Jacques, °02.03.1653 à Combetalade, p : Antoine BOUSQUET de Combetalade. †13.03.1653 à Combetalade.

 GARDES Jean, qui suit.

II. GARDES Jean, CM 28.09.1675 à St-Geniez avec SERRE Jeanne, fille de Pierre et de Jeanne MAS de Combetalade, d’où :

III. GARDES Pierre, CM du 21.06.1711 avec GACHE Antoinette de Corbières (St-Martin-de-Montbon), d’où :

IV. GARDES Jean Pierre, x 31.01.1741 à Prades-d’Aubrac avec Jeanne GAY (alias GUY), d’où :
 GARDES Louis, qui suit
 GARDES Antoine, « tisserand » à St-Geniez
X1 (11.10.1786 à St-Geniez) avec LAPORTE Marianne, d’où : Victoire (1787-1805)
X2 (28.11.1787 à St-Geniez) avec NOYRIGAT Marie

V. GARDES Louis, x 23.01.1776 à Castelnau-de-Mandailles avec DISSE Marie Anne, d’où :
 GARDES Louis, qui suit
 GARDES Marie, X1 (15.02.1808 à St-Geniez) avec RAYLET Antoine (Pierre), X2 (22.05.1819 à St-Geniez) avec CANUT Antoine
 GARDES Jean Pierre, °19.07.1789, x 27.01.1815 à Pomayrols avec AUGUY Magdeleine. Il décède à Combetalade le 18.06.1868

VI. GARDES Louis, (°10.12.1782 - † 08.08.1814), x 07.05.1808 à St-Geniez avec CAYZAC Marie Victoire, de Pomayrols, d’où :

VII. GARDES Louis, (°19.06.1809 - †16.01.1888), cultivateur à Combetalade, épouse le 13.09.1838, à St-Laurent-d’Olt, COURTIAL Marie Rose (°14.06.1814- †16.02.1851)
 Louis Artémon, (°07.01.1840 - †11.02.1840)
 Marie Rose, °17.12.1840
 Louise Julie, °16.10.1842
 Geniez Louis GARDES, qui suit
 Marie Héliodore, (°17.10.1846 - †28.08.1859)
 Marie Philomène, °08.11.1848
 Joseph GARDES, °30.01.1851, x 07.04.1875 à St-Geniez avec IMBERT Marie Anne.

VIII. Geniez Louis GARDES, (°09.08.1844 à Combetalade et décédé à Buenos Aires). Il avait épousé le 08.01.1868, à Aurelle, Lucie (Virginie) GREGOIRE (°22.10.1844 et décédée en 1929 à Buenos Aires). D’où :
 Joseph, ° 14.12.1868, et décédé le 15 novembre 1938 à Buenos Aires, à l’âge de 70 ans. D’où six enfants.
 Louis Etienne, berger (né 1870 et décède à l’âge de 16 ans le 30.06.1886),
 Lucie Marie (1871-1873),
 Edouard (1874) qui suit,
 Lucien (1875-1876),
 Antoine (1878),
 Marie Elizabeth (1879),
 Lucien (1880),
 Félix Pierre (1882),
 Cécile (1883).

IX. Edouard GARDES, né le 15 avril 1874, Les Pessoles, Saint-Geniez-d’Olt décédé en 1963 à Buenos Aires (Argentine), à l’âge de 89 ans.

X. N… GARDES (décédé en 1990) x > 1948 avec N… à Buenos Aires .

XI. Elena Irene GARDES est née le 24.06.1948 à Flores , district de Buenos Aires.
Professeur d’anglais, elle enseigne de 1991 à 2017. Par ailleurs, Elena a consacré une grande partie de sa vie à son « grand homme », Carlos GARDEL, tentant sans relâche de prouver sa parentée avec le célèbre chanteur ; se disant tantôt « descendante directe », mais nous savons que Carlos GARDEL est mort sans postérité. Puis se disant sa « petite nièce » avec un montage généalogique douteux…

Elena décéda subitement le 10 mai 2017, « dans la rue », à Buenos Aires , et fut inhumée dans le cimetière de San Justo, section 4A, sépulture 186.

Elena Irene avait épousé M. WILBERGER, dont elle divorç a. Elle eut quatre enfants : Marcelo, Susana, Valeria, Silvia.

En conclusion, nous n’avons trouvé aucune trace de Berthe GARDES à St-Geniez (mais nous l’avons trouvée à Toulouse), ni aucune trace d’un Joseph « séminariste… missionnaire… » Il apparaît à présent tout à fait clair que la ville de St-Geniez ne peut compter dans ses « Marmots » le roi du tango, mais doit être fière de compter une écrivaine et poétesse argentine du nom d’Elena Irene GARDES…
S.B.