par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE
Nous poursuivons l’étude de la saga BOYER. Cette famille nous a posé bien des énigmes !
Ainsi que précédemment indiqué, les BMS dont nous disposons pour LAPANOUSE DE SEVERAC n’étant pas antérieurs à 1619, nous nous sommes appuyés sur les actes notariés. Nous résumons ci-dessous les informations fournies par ces différents actes.
les différents actes notariés étudiés
Accord du 13 avril 1637 entre les 7 enfants de Mathieu Boyer, décédé ab intestat, sont nommés dans l’ordre de primogéniture, les fils puis les filles : André, Jean, Gabrielle, Claire, Marie, Catherine, Madeleine.
Au sujet de cet accord : on peut conclure que le montant en argent de la succession est de 182 livres, à diviser entre les 7 héritiers (part de chacun : 26 livres). Ajouter le montant des dettes calculées par Jean et mises de côté par lui avant partage (61 livres) Logiquement l’ensemble (61 + 182 = 243 livres) représenterait la valeur de la maison de Lapanouse.
André et Gabrielle, cette derrière est dite en 1638 fille de Marie Palot. C’est sans aucun doute le cas d’André. Il constitue la dot de sa sœur (80 livres + literie et robes). M. Delmas pense que la dot est payée avec le reste du prix de la grange vendue le 13 avril 1637 par lui à Jean (110 livres, moins 30 livres !). Jean s’engage, lors de l’accord de 1637, à leur payer rapidement ce qu’il leur doit.
Jean [1], qui, avec l’appui moral de Claire, s’est chargé d’autorité du règlement de la succession Boyer sur Lapanouse, et les quatre filles du 2e mariage, soit dans l’ordre Claire (dite fille de Suzanne Delmas), Marie, Catherine (dite fille de Suzanne) et Madeleine (la seule des 4 filles de Suzanne qui se mariera, héritant de ses sœurs).
En ce qui concerne cette conversion, nous sommes éclairés par l’analyse (voir ci-dessous) du contrat de mariage de Gabrielle Boyer, de 1638 (mention du serment fol. 146, lignes 4 et 5), acte dans lequel il est précisé qu’André prête serment « la main levée à Dieu, suyvant sa religion... »
aux XVIe et XVIIe siècles
I. Guiral BOYER
Né ca 1540, et décédé <1605. Guiral BOYER [2] était Hoste de La Panouse (Séverac-en-Rouergue) comme indiqué dans le CM de son fils Mathieu en 1605 analysé dans notre article : www.genealogie-aveyron.fr/spip.php ?article1651
Divers actes notariés nous permettent d’établir sa descendance comme suit :
1. Mathieu BOYER qui suit
2. Jeanne BOYER citée au testament de son beau-frère Jehan DESMONS le 15.11.1586, ainsi que dans la quittance du 23.04.1589. Jeanne avait épousé Jacques VINCENS, laboureur de Lapanouse. [3]
3. Madeleine BOYER
En premières noces, Madeleine BOYER épouse Jehan DESMONS, hoste de Lapanouse. D’où :
– a. Estienne DESMONS, laboureur de St Grégoire
– b. Antoine (Audouyn) DESMONS, Hoste, °ca 1585, qui contracte mariage le 19.07.1609 avec Jeanne PUEL. [4] . Il décèdera le 27.06.1631.
– c. Claire DESMONS épouse Pierre CHAPAT, cordonnier. CF. QRD du 15.03.1586 [5] ; Quittance de Pierre CHAPAAT, cordonnier, pour Audouyn DESMONS cordonnier son beau-frère pour somme constituée pour leur douaire ; Mention d’Estienne DESMONS laboureur de St Grégoire frère d’Audouyn. Claire DESMONS teste le 13.07.1595 [6] Cités : Louise CHAPADE sa filhe ; Guilhaume CHAPAT son fils ; Me Audouin DESMONS, cordonnier dudit lieu son frère ; Claire DESMONS sa filheule filhe du susdit Audouin ; autre Claire DESMONS aussi sa filheule filhe de Jean DESMONS ; Héritier universel : Pierre CHAPAT son mary.
Jehan DESMONS teste le 15.11.1586 [7]. Cités : Estienne et Antoine DESMONS ses fils à marier ; Claire DESMONS sa fille ; Magdeleine BOYER sa femme ; Audouyn et Jacques DESMONS ses frères ; Jeanne BOYèRE sa belle-soeur pour son mariage ; Héritière universelle : Magdelaine BOYèRE sa femme par foy de comis pour Estienne DESMONS son fils.
En secondes noces, Madeleine BOYER épouse Phelip CABPLAT par CM du 19.11.1587. [8]. Philip CABPLAT teste le 04.02.1600 [9] Héritière universelle : Magdalène BOYèRE son épouse par fidéi comis pour Catherine et Flore CAPBLADEs leurs filhes.
- Catherine CABPLAT
- Flore CABPLAT contracte mariage le 15.02.1618. [10] avec Jean GAVALDA de St Léons. Témoin : Audoin DESMONS fils de Jean hoste.
II. Mathieu BOYER
Né ca 1575 - Chef muletier de La Panouse de Séverac-en-Rouergue.
En premières noces, Mathieu BOYER épouse Marie PALOT. De leur union naîtront :
1. André BOYER, qui suivra en III, né ca 1600. Mulatier à Florac en Gévaudan. Il s’était converti à la Religion Réformée. Il sera l’auteur des BOYER de Florac et fera l’objet d’un article séparé présentant la FAMILLE BOYER DE FLORAC. [11]
2. Gabrielle BOYER épouse Jean LUANS de Gaillac par CM du 29.12.1638
Contrat de mariage de Jean Luans, de Gaillac et de Gabrielle Boyer, de Lapanouse (1638, 29 décembre) - ADA 3E 7898, fol. 144 vo-146
[Fol. 144 vo] « Mariatge de Jean Luans du lieu de Galhac d’une part et Gabrielle Boyère du lieu de Lapanouze d’autre part »
1638, 29 décembre, Lapanouze, maison des héritiers de feu Mathieu Boyé.
Mariage à solenniser devant sainte mère Esglize catholique, apostolique et romaine entre Jean Luans fils de Luc et de feue Jeanne Lifre de Galhac et Gabrielle Boyère fille de feus Mathieu Boyé et Marye Palote du lieu de Lapanouze, en présence d’André Boyé mulatier de Florac, frère de ladite Boyère, [Fol. 145] agréant ledit mariage « et désirant l’acomplissement d’icelluy comme traité et accordé de son bon vouloir, plaisir et consantement et de leurs proches parans et amys... » lequel « constitue en dot et verquière à ladite Gabrielle sa seur futeure expouze dudit Luans… touctz les droictz qu’elle peult avoyr et préthandre sur les biens des ditz enfens Boyé et Palot, leur père et mère, la somme de 80 livres t. en argent, plus une couverte lict… de Mompelier, deux linsulz, une nape et deux robes cadis de Nismes, l’une colleur rouge et l’autre grize », le tout payable lors de la solemnisation dudit mariage, etc. [Fol. 145 vo] ; Gabrielle Boyère en acquitte son frère André ; Luans sera tenu d’en faire reconnaissance à ladite Boyère. En cas de prémorance, Jean Luans donnera 30 livres à Gabrielle B. et celle-ci 15 livres à Jean Luans, dans l’an après le décès. [Fol. 146] Serments devant Me Pierre Lacroix prêtre et recteur de Lapanouze, « ledict constituant » le faisant « la main levée à Dieu, suyvant sa religion... »
Présents : « Jean Capblat, Jean Vincens, Jean [12]et Guilhaume Palotz frères dudit Lapanouze, Guyon Delfau, musnier du Molin Tombat, Anthoine Perrin du molin del Pon, illitérés, avec lesdictes parties, et Blaize Boisson teysseran dudict Lapanouze, soubzsigné avec ledict Lacroix recteur et moy notaire... » Guiral .
En secondes noces Mathieu BOYER épouse Suzanne DELMAS fille de Sire Pierre DELMAS de Gaillac, le 17.04.1605 - [13] Voir l‘analyse de ce document en cliquant sur le lien suivant : www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1651
Mathieu BOYER figure dans un acte du 10 novembre 1606, enregistré par le notaire de Millau Antoine de Malrieu : Achat par André Martin à Mathieu Boyer d’un cheval et de 2 setiers et 2 quartes de froment, mesure de Millau (10-16 novembre 1606)) - Cf. notre article www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1655.
Le 04.09.1623, il est parrain de Marie VINCENS, fille de Jean VINCENS et Marie BARRAL.
Mathieu BOYER décède « ab intestat » le 07.07.1628 à Lapanouse.
Suzanne DELMAS s’éteindra le 21.11.1643 à Lapanouse.
De leur union étaient nés :
3. Jean BOYER, mulatier, hoste à Lapanouse qui suit en III
4. Claire BOYER, hostesse, à Lapanouse, qui teste le 01.08.1643. [14] Cités : André et Jean BOYER ses frères ; Gabrielle BOYÈRE sa sœur (x- Jean LUANS de Gailhac) ; Catherine BOYÈRE sa sœur de Lapanouse ; Susanne DELMAS sa mère ; Héritière universelle : Magdeleine BOYÈRE aussi sa sœur. Claire décèdera le 31.08.1643 à Lapanouse.
5. Marye BOYER, qui teste le 02.03.1640 [15] Héritière universelle : Claire BOYERE, sa sœur de Lapanouse.
6. Catherine BOYER , qui teste le 10.11.1643 [16]. Sont cités au testament : Susanne DELMAS sa mère ; Jean BOYER son frère et Anne BOYÈRE filhe de ce dernier ; Héritière universelle : Magdalaine BOYÈRE sa sœur. Catherine † 17.11.1643 à Lapanouse.
7. Madeleine BOYER, (Héritière Universelle de ses sœurs Claire, Marye et Catherine). Madeleine épouse Antoine ROUGIER, « mareschal » le 23.02.1648, à Lapanouse de Séverac. Elle teste le 27.04.1648. Cités au testament : André et Jean BOYERS ses frères ; Gabrielle BOYèRE sa sœur (x- Jean LUANS) ; Estienne BOYER son nepveu fils du susdit Jean ; Héritier universel : Anthoine ROGIER mareschal son époux. Elle décède le 23.05.1648.
III. Jean BOYER
mulatier, hoste à Lapanouse
NDLR : Il signait BOUIER
En premières noces, Jean BOYER contracte mariage le 21.10.1641 [17] avec Marie LESCURE, fille de † Pierre Cantaloube (Psse St Chély) Séverac, et de Delphine RODGIER. Cités : André et Estienne BOYERS ses enfants (x1) et de + Marie LESCURE ; Jean - Pierre - Alexandre et Marie BOYERS autres enfants et filhe et de Marie ROUVELETTE son épouse "pour tel de ses enfants ou filhes" (x2) que bon lui semblera.
De l’union Jean BOYER x Marie LESCURE :
- Anne BOYER, °ca 1642, marraine de son frère Pierre en 1653. Elle est également citée au testament de sa tante Catherine.
- André BOYER °18.04.1644. Parrain : Jamme VINCENT . Marraine : Dauphine ROTGIER.
- Etienne BOYER °15.03.1646. Parrain : N. Etienne - Cantaloube. Marraine : Madeleine BOYER.
- Etienne BOYER °30.11.1648. Parrain Etienne TREMOLET de Lagarde. Marraine : Jeanne LESCURE.
- Pierre BOYER °19.11.1653. Parrain : Pierre TREMOLET, marraine Anne BOYER, sa sœur.
Marie LESCURE décède le 24.04.1657 à Lapanouse.
En secondes noces, Jean BOYER épouse Marie ROUVELETTE, fille de Jean ROUVELET et de Jeanne MONTELHE des Fons (Psse St Dalmazy). CM 01.06.1657 [18]
De l’union de Jean BOYER avec Marie ROUVELET :
- Marie BOYER °04.08.1658. Parrain : Jean ROUVELET. Marraine : Marie SOUQUET. Marie épousera Jean MALAVAL le 19.09.1678. Témoins : CAPLAT, notaire ; CAPLAT Tristan, praticien ; ALBESQUIER Bernard ; CASTANIER Jean.
- Jean BOYER °29.03.1661. Parrain : André BOYER, frère. Marraine : Jeanne MONTELS.
- Pierre BOYER °01.11.1663. Parrain : Etienne BOYER . Marraine : Suzanne ROUVELET.
- Alexandre BOYER, °07.11.1667. Parrain : Jean CASTANIER . Marraine : Marie BOYER. Tisserand, il contractera mariage avec Marie LAVIT de Lapanouse le 10.11.1695. D’où :
- Marie °2511.1696,
- Jean °14.03.1700.
Jean BOYER teste le 23.03.1671 (AD12 3E 7868 - Capblat Pierre) Cités : André et Estienne BOYERS ses enfants (x1) et de feue Marie LESCURE ; Jean - Pierre - Alexandre et Marie BOYERS" autres enfants et filhe et de Marie ROUVELETTE son épouse pour tel de ses enfants ou filhes " (x2) "que bon lui semblera".
Deux fois veuf, Jean BOYER décède le 20.01.1675 à Lapanouse. Il est enseveli le 21.01.1675 en présence des “prêtres collégiats”, ce qui attestait son rang social ! Nous rappelons que Jean BOYER signait tous les actes dont nous avons fait mention.
Certains muletiers menaient (ou faisaient conduire) des caravanes à travers la France jusqu’à l’étranger et les plus actifs pouvaient être fort riches. C’est pourquoi on peut être surpris que Mathieu, père d’André I [19] , ait laissé si peu de biens à ses enfants (accord de 1637 cf. www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1652). Jérémie, petit-fils de muletier, peut acheter une charge de sous -fermier de l’équivalent du Bas-Gévaudan et son fils André les offices de notaire et de collecteur de la communauté de Florac !
En Rouergue, on appelait certains muletiers des cotals et d’autres des traginiers. Dans Moeurs et coutumes du Rouergue III, 2018, M. Jean DELMAS parle au chapitre 90 des traginiers qui cumulaient les activités de transporteurs (+ marchands) et celles d’entrepreneurs exploitants de mines de charbon. C’est un autre exemple d’enrichissement et d’ascension sociale.
J.D.