Nous vous proposons aujourd’hui le second épisode de notre feuilleton sur la charmante cité de COMPEYRE.
Pour visionner le premier épisode veuillez cliquer sur le lien suivant : www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1525.
La ville de COMPEYRE porte d’azur à trois lettres P. d’or, surmontées de trois fleurs de lys, aussi d’or, rangées en chef.
Ces armoiries ont donné naissance à plusieurs hypothèses :
– s’agit-il de trois lettres "P"
– s’agit-il de clés inversées, faisant allusion à St Pierre,
le mystère demeure ... Mais un fait est certain, ces armoiries sont basées sur une empreinte sigilaire utilisées par les consuls en 1388.
C’est avant la fin du XIIIème s. que les habitants de la ville, qui comportait alors un grand nombre de nobles, obtiennent la concession d’une charte de franchise portant création d’un consulat, dont l’exercice est attesté en 1286. [1] Le premier sceau connu des consuls de COMPEYRE apparait en 1303.
Place forte de la vicomté de Millau, COMPEYRE fut d’une grande importance stratégique, à la fois militaire et économique, du fait de sa situation au confluent des vallées du Tarn et du Lumensonesque. La cité était dominée par l’ancien fort d’Avaruejouls, auquel elle s’est substituée.
COMPEYRE fut tout d’abord un "château" "Castrum de Competro", à l’intérieur de ce "castrum" s’était formée une ville qui devint le chef-lieu de la paroisse de Sainte-Marie-de-Lumenson.
Le village médiéval de COMPEYRE, qui domine le confluent du Lumensonesque et du Tarn, possède un très riche passé que nous allons tenter de vous faire brièvement découvrir, afin que, fidèles à nos objectifs, nos lecteurs puissent « planter le décor de vie de leurs ancêtres ».
L’histoire avant l’histoire
Selon toute vraisemblance, on peut émettre l’hypothèse qu’un « oppidum gallo-romain » occupait la colline de l’Ermitage, au nord de Compeyre, et portait le nom d’ « Avaruéjouls » (le suffixe « ouls » est typique des racines celtiques). Ce mamelon a probablement servi pour la défense dès l’époque gauloise. Des fragments de briques et de poteries indiquent qu’il le fut aussi à l’époque gallo-romaine.
Par ailleurs, le cadastre de 1534 nous indique qu’au XVIème siècle des vestiges de l’enceinte de ce castrum subsistaient. Par ailleurs, des vestiges gallo-romains ont été trouvés à Pailhas et à l’est du confluent du Lumensonesque. De plus, la tradition orale soutient que dans la vallée se trouvait une cité gallo-romaine, ornée de belles villas mais aussi de succursales de la cité potière de la Graufesenque, ce qui expliquerait la découverte de poteries lors de certains travaux…
Cette cité aurait été détruite par le passage des invasions barbares, notamment celle des Vandales, au VI° siècle de notre ère. Les habitants se seraient alors réfugiés sur les hauteurs. D’où l’occupation du site de Compeyre.
L’époque des seigneurs et coseigneurs
Le premier texte connu date de 937 : Compeyre est déjà une place forte importante et le siège d’une viguerie dépendante du vicomte de Millau. Elle s’émancipe de la tutelle de Millau en 1187, ce qui contribuera à exacerber la rivalité entre les deux cités. Compeyre est alors dirigée par des Seigneurs, parfois des coseigneurs, situation que nous avons déjà rencontrée à de nombreuses reprises dans nos études précédentes.
En 1310, les deux coseigneurs de Compeyre, concluent un accord avec le Sénéchal du Rouergue, représentant du Roi de France, et celui-ci achète la juridiction du château de Compeyre. Le Roi a dès lors toute autorité sur la ville et ses dépendances, de Carbassas à Lugagnac.
Compeyre cité royale
L’administration municipale avait la charge des établissements charitables. L’hôpital de COMPEYRE existait déjà en 1266. Date à laquelle Brenguière GUIRAL lui fit un leg.
Albert Carrière parle du monastère de Lumenson déserté par les moines dès 1313. Tout ou partie de leur cloître subsistait en 1534 selon le cadastre précédemment évoqué.
En 1339, le roi Philippe VI octroie une charte à Compeyre, qui devient « ville royale ». Malgré les destruction d’archives, on en sait suffisamment sur COMPEYRE pour dire que la ville était dès le XIIIème siècle sous le régime du consulat. La cité est administrée par quatre consuls élus, annuellement. Les consuls se réunissent à la maison commune. Ils veillent aux intérêts de la ville, collectent les impôts, administrent l’hôpital et rendent la justice au nom du roi. L’un des consuls est « juge royal ».
C’est à cette période que Compeyre est à son apogée. La ville et ses faubourgs (Aguessac, Paulhe, Carbassas et divers nombreux écarts) comptait 500 « feux » soit environ 2500 habitants. Compeyre est alors un carrefour commercial important qui organise plusieurs foires et marchés par an.
Au Moyen âge, Compeyre est au centre de la vie économique de la vallée à l’abri de son triple rempart, la petite cité garde jalousement le monopole de l’élevage des vins de l’ensemble de la haute vallée du Tarn. La bonification s’opère dans ses caves à « fleurines », d’où sort un vin de qualité que l’on retrouve alors jusque sur la table des papes en Avignon !
La guerre de Cent Ans (1337- 1453)
trouble à peine la prospérité de la cité : les Anglais de Compeyre, maîtres du Rouergue depuis le Traité de Brétigny en 1360 en sont brutalement chassés 9 ans plus tard après un mois de siège.
Le puits des Anglais a néanmoins conservé la mémoire de leur passage ! Ce puits devait néanmoins préexister et servait de ressource en eau au village. De tout temps, le problème de l’eau, indispensable à toute vie, s’est révélé crucial à COMPEYRE, village perché, dépourvu de cours d’eau à proximité. Ce puits magnifiquement creusé à 35 mètres de profondeur environ, préserve au mieux la qualité et la quantité de l’eau nécessaire aux hommes et aux animaux.
Nous signalerons également dans ce quartier, au pied du rempart, un toit-citerne : « les lauzes disposées en écailles de poisson imperméabilisent la surface portante et dévient par leur déclivité et leur orientation, les eaux de ruissellement dans des chéneaux de pierre. »
Par ailleurs le cadastre de 1534 fait mention
– des portes,
– des tours,
– des rues,
– des barrys,
– des monuments ...
La fin de la prospérité compeyrole
L’insécurité durant les guerres de Religion va mettre fin au monopole dans l’élevage des vins de Compeyre « la Catholique ». De nouveaux villages de caves voient le jour, en particulier celui des caves d’Entre-deux-Monts au-dessus de Rivière-sur-Tarn.
Dès 1337, COMPEYRE abrite des études notariales dont les minutes (certes parfois lacunaires) ont été conservées. Cf. www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1672
Nous avons précédemment présenté de nombreux documents des XVI et XVIIème siècles (contrats de mariage, constitutions de dot, testaments, etc) sur des famille de COMPEYRE : famille CASSAN (CASSANH), famille JALVI, famille ROQUEBLAVE (ROCABLAVA), famille VANEILHES (BANEILLE), etc. et nous invitons nos lecteurs intéressés par COMPEYRE à consulter ces études.
Pour cela il vous suffit de taper COMPEYRE dans le cadre RECHERCHER en haut à droite de votre écran, et les articles sur COMPEYRE apparaîtront.
Bonne lecteur !
S.B.
Sources :
– Jules ARTIERES
– CAUSERIE SUR COMPEYRE, par l’abbé Pierre Edmond VIVIER
– SAUVEGARDE DU ROUERGUE
– Al Canton
– Notes paroissiales publiées dan le Journal de l’Aveyron en 1925 d’après la monographie de COMPEURE, AGUESSAC et AULE par Albert CARRIERE.