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Cercle Genealogique de l’Aveyron
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Famille TREMOLET de MILLAU
Les origines de Pierre TREMOLET, médecin du roi
Article mis en ligne le 5 février 2024
dernière modification le 17 mars 2024

par M. Jean Delmas, Monique BRUNEL , Suzanne BARTHE

Notre adhérent, Jean-Louis LEBECQUE, poursuit une étude sur un médecin célèbre : Pierre TREMOLET, qui fut le médecin de Louis XII et de François Ier. L’origine de ce personnage semble quelque peu confuse en fonction des sources...

Jean-Louis a sollicité notre aide pour la lecture d’actes du XVe siècle, et M. Jean DELMAS a bien voulu accepter de s’emparer de la tâche, de façon ponctuelle, et dans le cadre de notre rubrique AU FIL DES ACTES

Dans un premier temps, nous vous proposons, ci-dessous, l’analyse par M. Jean DELMAS, que nous remercions, de la DONATION faite par Bernard TREMOLET à son fils Pons TREMOLET. Puis, dans un second temps, l’analyse du testament de Bernard TREMOLET (1482).

Commentaires de M. Jean DELMAS

Le notaire Arnaud Delbosc est très bavard et cet acte de donation est un véritable casse-tête ! Il promettait beaucoup par ses dimensions (5 pages), mais ce notaire n’arrête pas de tourner autour du pot, à vous donner le tournis, répétant dix fois les mêmes mots ou des synonymes !

C’est visiblement un brouillon et le résultat est maigre.
L’essentiel est d’avoir les précisions généalogiques (4 générations entre les Trémollet, les Géli et les de BANIS).

DONATION entre vifs de Bernard Trémollet à Pons son fils, 4 août (vers 1480 probablement 1478)

Arch. Départementales de l’Aveyron, 3E 11522, fol. 141-143 (Arnaud Delbosc, notaire de Millau)

[Fol. 141 ro et vo] In nomine Domini. [1]

[146. ], 4 août… Sage homme (providus vir) Bernard Trémollet [2] pareur de draps (parator pannorum) de Millau, fils de défunt Hugues Trémollet [3] et de défunte Dalphina Gelia, elle-même fille et héritière universelle de défunt Esteve Geli, [4] habitant du mas de la Guarda, paroisse et mandement de La Panouse de Sévéragués (Panusia Saveyraguesii), ledit Bernard, considérant ses droits paternels et maternels, sachant qu’il a plusieurs enfants, garçons et filles, nés de son mariage avec honnête femme (honesta mulier) Prosseta Bannas, fille de Pons Bannas de Millau, mu à l’égard de Pons Trémollet, son fils, d’un amour et d’une affection véritables, déclare donner à celui-ci, absent, mais représenté par le notaire, les biens et droits qu’il tient de ses héritages paternels et maternels.

[Fol. 142 ro et vo] Ledit Pons mineur ( ?, in minori etate constitutus) devra le moment venu, après le décès de son père, faire célébrer un obit, deux trentenaires de messes de requiem pour l’âme de son père et pour celles de ses parents, tant à Millau que dans l’église de La Panouse de Sévéragués, dans l’année suivant le décès.

[Fol. 143] Fait dans la maison de Petrus Tremolleti, frère dudit Bernard.

Présents :

  • Geraldus Brunelli,
  • Johannes Rauzelli (?) tanneur (pelliparius),
  • Anthonius Bonnemayre (Bonematris),
  • Raimundus Daures (de Auris),
  • Matheus de…, tailleur (sartor), de Millau.

Arnaudus de Bosco, notaire.

Mais un autre document est d’un grand intérêt, il s’agit du testament de Bernard.
Dans ce testament les rapports de Bernard avec Pons y paraissent moins affectueux et la date de la donation pourrait se rapprocher plus de 1480 que de 1460

Le TESTAMENT de Bernard TREMOLET

Testament de Bernard Trémolet, pareur de draps de Millau, 10 septembre 1482 [5] Bernard TREMOLET est alors installé à Millau, où nous retrouverons plusieurs générations de TREMOLET, drapiers, pareur de draps, potier d’étain, etc...

Par ailleurs, Bernard Trémolet se dit, en 1482, propriétaire d’un moulin drapier à Creissels et d’instruments de pareur, petite mention intéressante pour le prochain ouvrage du CERCLE GENEALOGIQUE DE L’AVEYRON : CREISSELS, des femmes, des hommes et leurs racines, à paraître en septembre 2024.

[fol. 273] 1482, 10 septembre, Millau [6]

Bernard Trémolet, pareur de draps (parator pannorum) de Millau, dans l’incertitude due à l’épidémie de peste, dont une de ses filles est atteinte (empedamiata), voulant pourvoir au salut de son âme et disposer de ses biens afin qu’il n’y ait pas de débat entre ses enfants, ses parents (amici ) [7] et proches, a fait son testament nuncupatif comme suit, devant les témoins qu’il a convoqués.

[fol. 273 vo] Il fait le signe de la Croix, disant : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », recommandant son âme et son corps « au Très Haut Créateur, Notre-Seigneur Jésus-Christ et à la Très Bienheureuse Vierge Marie, sa glorieuse mère et à tout le collège de ceux qui sont en haut (collegium civium (?) superiorum)... »

 Sa sépulture sera faite au cimetière paroissial de Notre-Dame de l’Espinasse, à Millau, dans la clôture (claustrum) de l’église paroissiale et dans le tombeau de Pons de Banis, son beau-père.

- Legs de piété et de charité pour l’âme du testateur

 Il lègue au « chapelain » curé de ladite église qui sera là au moment de sa mort les honoraires garantis (gadium) pour le service d’un trentenaire, selon l’usage à Millau, et hoc amore Dei et pro anima mea et in redemptionem peccatorum meorum . [8]

 Il lègue à tous les prêtres séculiers et aux moines de la ville de Millau qui seront présents à sa sépulture, à chacun 6 deniers tournois, en une fois, soit 2 deniers à l’entrée de l’escalier (in pede gradarii) de sa maison d’habitation, 2 deniers au sol de l’église et 2 autres deniers à son tombeau, et hoc amore Dei…

 Seront appelés à sa sépulture deux frères prêcheurs, deux frères mineurs, deux frères de Notre-Dame du Mont-Carmel, deux dames moniales et deux sœurs minoretas [9] des cinq couvents de la ville auxquels il lègue 6 deniers, et hoc amore Dei…

[fol. 274] - Il veut être reçu moine (monachari) et revêtir l’habit monastique de saint Benoît (habitus monachalis sancti Benedicti) et il lègue aux seigneurs (doms, domini) moines de ladite église qui seront là au moment de son décès et qui le revêtiront de leur habit 5 sols, et hoc amore Dei… Il prie lesdits moines de le faire participant de leurs bonnes œuvres (beneficia), prières, messes et de leurs actes sacrés (sacrificia), accomplis dans l’église paroissiale et dans le vénérable et saint monastère de Saint-Victor [10] Mais au cas où les moines refuseraient de le revêtir de cet habit, il veut que les 5 sols soient attribués à la célébration de messes de requiem sive de mortuis, pour son âme [11].

 Il lègue à tous les prêtres séculiers de la ville de Millau qui viendront à son tombeau à la fin de la neuvaine à chacun 2 deniers, et hoc amore Dei

 Il lègue à tous les prêtres séculiers de la ville de Millau qui viendront à son tombeau à la fin de l’an (in capite anni) de son décès à chacun 2 deniers, et hoc amore Dei …

 Il veut que chaque jour de l’an de son décès il y ait dans l’église paroissiale une offerte de pain, de vin et de lumière (cire), soit 2 deniers pour le pain, 2 deniers pour le vin et un denier pour la lumière, et hoc amore Dei …

[fol. 274 vo] - Il veut que dans les quinze années qui suivront son décès il y ait, sur ses biens propres, une charité (caritas) de 10 setiers de froment, mesure de Millau [12] , et une autre charité de 10 setiers de froment, au nom de Prosseta, son épouse  ; ils seront distribuables, sous forme de pains, à la cour royale de Millau aux pauvres (pauperibus personis) de la ville. Il faudra faire cette distribution les dimanches ou les jours de fête et l’annoncer par la voix d’un crieur public (per preconem) aux lieux et carrefours habituels, selon la coutume de Millau, et hoc amore Dei…

 Il veut que le jour de sa sépulture soit distribué à des pauvres de Millau, au choix de son héritier universel, une demi-pièce de drap « de moisson » (media pesia panni moyssonis), et hoc amore Dei

 Il veut que soit célébré durant sa neuvaine dans chaque église des couvents de la ville un service chanté (unum cantare), accompagnant une messe solennelle de requiem sive de mortuis, et il lègue pour chaque cantare, à chacune des églises, 5 sols, et hoc amore Dei…

- Legs à Johana, sa fille

 Il lègue, pour sa part, à Johana, sa fille légitime et de Prosseta sa femme, touchée par l’épidémie (impedamiata) 80 livres tournois, de monnaie ayant cours.

 Il lègue pour ses vêtements nuptiaux (vestes nuptiales) 12 livres. Ces sommes seront réparties comme suit [fol. 275] : 12 livres lors du mariage pour ses vêtements ; et 25 livres sur les 80 de la dot ; le reste après un an, à raison de 2 livres chaque année, non cumulables.

 Il veut, en attendant, que Johana ait la nourriture et les vêtements et vive dans sa maison selon sa condition. Au cas ou elle décéderait, soit encore pupille, soit mariée mais sans descendance légitime, Bernard Trémolet lui substitue son héritier universel.

- Legs à Margarita, sa fille, et à Brenguier Almayrac, fils de cette dernière

[fol. 275 vo]- Il lègue, pour sa part, à Margarita, sa fille légitime et de Prosseta sa femme, épouse de Maître Bernard Almayrac, chirurgien (surgicus) de Millau 10 sous tournois, outre la dot qui lui fut constituée lors de son mariage.

 Il lègue à Brenguier Almayrac, fils de Margarita et petit-fils (nepos) du testateur 20 sols.

- Legs à Pons, son fils

 Il lègue à Pons (Poncius) Trémolet, son fils légitime et [fol. 276] de Prosseta sa femme, deux journées par semaine, à perpétuité, sur son moulin drapier (molendinum drapperium), sis à Creissels, quand il sera en âge de mener ses affaires (negocia) et qu’il résidera en permanence à Millau ; et autrement non. Il ne pourra ni vendre, ni louer, ni arrenter (arrendare) sa part à autre personne qu’à son héritier universel ou à la descendance du testateur.

 Il lui donne une paire de forces (unas forses ) [13]., une des quatre qu’il possède. L’héritier universel du testateur prendra celle de son choix et Pons aura une des trois autres.

 Il lègue audit Pons 5 livres que celui- ci recevra dans les cinq années suivant son mariage, soit une livre le jour du mariage et une livre chacune des quatre années restantes. S’il décédait sans enfant légitime, Bernard Trémolet lui substitue son héritier universel, qui reprendra les deux journées de moulin, les forces et les 5 livres.

- Legs à Blasi, son fils

[fol. 276 vo] – Blasi (Blassius) Trémolet, son fils légitime et de Prosseta sa femme, s’il veut devenir prêtre, recevra la nourriture et les vêtements conformes à son état, en fonction des biens du testateur, tant qu’il vivra dans le monde (in humanis), ne disposant pas d’un bénéfice ecclésiastique lui permettant de vivre. Il veut que son héritier universel le tienne aussi dans les « écoles de grammaire » (in scolis gramaticalibus) [14] , jusqu’à la prêtrise.

 Il lui lègue, dans ce cas, un bréviaire (unum breviarium) jusqu’à la valeur de 8 écus d’or petits (scuta auri parva).

 Au cas où Blasi ne serait pas prêtre séculier et appartiendrait à un ordre religieux (ordo seu religio), il lui lègue 10 livres en monnaie, qu’il recevra à raison d’une livre par an.

 Et s’il n’est ni prêtre séculier ni religieux, il recevra 10 livres [fol. 277] et vivra dans la maison du testateur, nourri et vêtu jusqu’à l’âge de 25 ans.

 Si ledit Blasi décède étant encore pupille ou sans enfant légitime, Bernard Trémolet lui substitue son héritier universel.

- Legs à Peire, son fils

 Il lègue à Peire (Petrus) Trémolet, son fils légitime et de Prosseta sa femme, s’il veut être prêtre [15] , et non autrement, les nourriture et vêtements convenant à son état (juxta statum persone), en fonction des biens du testateur et tant qu’il vivra dans le monde (in humanis).

 Il lui lègue, dans ce cas, un bréviaire (unum breviarium) jusqu’à la valeur de 8 écus d’or petits.

 Il lui lègue 10 livres en monnaie, payables à raison d’une livre par an.

[fol. 277 vo] – Si ledit Peire voulait appartenir à un ordre religieux (religio sive ordo), il annule les legs précédents exception faite des 10 livres en monnaie, payables à raison d’une livre par an.

 S’il décède sans enfant légitime, Bernard Trémolet lui substitue son héritier universel.

- Legs à d’éventuels posthumes

 Il donne à un éventuel posthume, né de lui et de Prosseta, son épouse, comme à Blasi et à Peire.

 Si c’est une fille, comme à Johana.

- Legs à Desiderata, sa belle -fille

 Il lègue à Desiderata sa belle-fille (nurus), femme de Raulet Tremolet, son fils et héritier universel. 20 sols.

- Legs à Peire et Johan Trémolet, ses frères

Il lègue à Peire et Johan Trémolet, ses frères, à chacun 10 sols.

- Legs à Proseta, son épouse

[fol. 278] - Proseta/Prosseta, son épouse, vivant un honnête veuvage dans sa maison avec son héritier universel, aura la nourriture et les vêtements convenables, selon sa condition et l’état des biens laissés par le testateur. Si elle ne s’accorde pas avec son héritier, elle aura une pension annuelle de 6 setiers de froment, mesure de Millau, 6 quartiers (carteria) de vin bon, pur et vermeil, mesure de Millau, 3 « quarterons » (cartayrones ) [16] de viande salée, une canne de bois de chauffage de chêne (ligna de rove ?), plus leur lit commun, avec son matelas (culcitra), son coussin (coxinum) de plume, 3 couvertures et 4 draps de lit.

 Il veut que son héritier traite ladite Proseta bien, avec honneur et honnêteté, selon sa condition et l’état des biens du testateur.

 Il veut que pour l’âme de ladite Proseta son épouse, lors de ses décès et sépulture, soit donnée une demi-pièce de drap « de moisson » (media pesia panni moyssonis), aux pauvres personnes qu’elle aura désignées.

 Plus, il veut que, dans les quinze ans qui suivront son décès, il y ait une charité de 10 setiers de froment, distribuables en même temps que les 10 setiers de froment du testateur [17].

- Legs à Raulet Trémolet, son fils et héritier universel

[fol. 278 vo] - Sur tous ses biens, meubles et immeubles, droits et actions, il nomme Raulet Trémolet, son fils légitime et de Prosseta sa femme, son héritier universel et général, le chargeant de régler tous ses legs (legata), mentionnés précédemment, ses dettes, ses droits et ses obligations qui seraient découvertes après sa mort (omnia alia debita, clamores, rancuras ) [18] et légitimement dues.

- Exécuteurs testamentaires

Bernard Trémolet désigne comme garants (gadiatores), en ce qui concerne ses légats et ses volontés, et ses exécuteurs testamentaires, Gui (Guido) de Montejovis, pareur de draps, et Peire (Petrus) Gay chapelier (cappellerius) de la ville de Millau, auxquels il concède licence et autorité. Il leur donne mandat et pouvoir d’exécuter, payer, même au prix de la vente ou aliénation de ses biens. Et pour leur peine, il leur lègue 5 sols.

Clauses finales et témoins

[fol. 279] Fait et récité dans un champ de Peire Trauca appelé Camp Dolen, sis dans la juridiction de Millau, lieu-dit En Angles, près du Mas de Labat appartenant audit Trauca.

Présents :
 Gui de Montejovis, pareur de draps,
 Peire Gay, chapelier,
 Pons de Banis, chapelier,
  Peire Tremolet(i),
 Bernard Aldeguerii, laboureur (laborator),
 Maître Bernard Almayrac chirurgien,
  Durand de Banis fils dudit Pons [fol. 279 vo] de Banis, lui aussi chapelier, habitants de Millau.

Ymbert Mercerii, notaire royal de Millau, bachelier en lois, a pris note de cet acte.

QUELQUES ÉLÉMENTS GENEALOGIQUES

I. Hugues TREMOLET x Delphine GELY (fille et héritière universelle de défunt Esteve Geli), d’où :

  • Bernard qui suit
  • Peire
  • Johan

II. Bernard TREMOLET x Prosseta BANNAS (fille de Poons de BANIS), d’où :

  • Raulet TREMOLET qui épousera Desirata ALDIGUIER, à Millau, le 20 janvier 1481 (1480/1) julien. Il sera "pareur de drap" et marchand.
  • Johanna TREMOLET
  • Margarita TREMOLET x Me Bernard ALMEYRAC, d’où :
    • Brenguier ALMEYRAVC
  • Pons TREMOLET qui épousera vers 1490 Astruette BENOIT (alias BENEZECH)
  • Blaise TREMOLET.
    Il épousera Clarence ROBERT

Par ailleurs, il nous a semblé utile de "planter le décor" en évoquant plus longuement Pierre TREMOLET, et la seigneurie de Montpezat, nous vous présenterons quelques éléments dans un prochain épisode.