par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE
Ce bail à ferme ou arrentement de 1570, comporte un inventaire des immeubles par destination de la boutique de feu Dominique Demalrieu équipés de serrurerie, dont "un plest", serrure de bois.
Ce document rare nous donne une description précise de la localisation de la boutique et de son contenu. Bonne lecture !
Nous savons qu’il s’agit de Dominique de MALRIEU dont nous avons présenté le testament, en date du 13.10.1570, dans notre article précédent :
www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1663
Dominique laisse deux orphelins en bas âge : Pierre et Paul De Malrieu. Leurs tuteurs, Albert DAURES, marchand , beau-père du défunt, et Me Antoine de Malrieu, notaire, frère du défunt, soucieux de préserver les biens de leurs "pupilles", ne tardent pas à "arrenter" la boutique.
Ce type d’inventaire des immeubles par destination, que le rentier ou fermier ne risque pas d’emporter, mais de dégrader, est très précis et rare .
la susdite boticque avec sa rière-boticque, sous la maison dudit feu Dominique Demalrieu, dans la Rue Droite , confrontant devant avec ladite rue, dessus avec ladite maison, d’un côté avec la maison et boutique de Anthoine de M… [1] d’autre côté avec la boutique où travaille ledit Me Anthoine Demalrieu
Dans son ouvrage "Milllau à travers les siècles" Jules Artieres indique que la rue droite « carrieira drecha », doit son nom à son tracé rectiligne. Il s’agit là de l’antique chemin qui devint plus tard la voie gallo-romaine de Lodève à Rodez. La rue Droite est la plus longue parmi celles de l’antique cité, traversant Millau d’est en ouest, entre le causse du Larzac et le causse Rouge.
La rue Droite constituait jadis l’un des deux axes de la ville (l’autre axe étant la rue de la Capelle). La « rue Droite » a longtemps conservé son cachet de rue moyenâgeuse. Elle formait d’ailleurs à cette époque l’artère la plus vivante de Millau. Sa fonction économique et sociale était fort importante. De nombreuses corporations y tenaient boutique. Des marchands y négociaient des articles de mercerie, chaussures, vêtements de peau et de fourrure.
Un grand coffre probablement lourd et fixe, un salis, une porte d’entrée, deux étals de pierre, un ratelier, une pize de pierre, une armoire murale ou placard...
Arrentement de la boutique de feu Dominique Demalrieu (de Malrieu), de Millau, par les tuteurs de ses enfants pupilles à Jean Malbois, marchand de Saint-Jean du Bruel (2 novembre 1570)
AD Aveyron 3 E 11702, fol. 419-420 vo (Raimond Gaujal, notaire de Millau)
Transcription littérale des 6 premières ligne (à l’exception de la référence au roi)
1- "L’an 1570 et le second jour de
2- novembre, régnant......
3-... la ville de Milhau en Rouergue et
4- dans la boticque des hoirs de feu Dominicque Demalrieu
5-merchant en son vivant de lad. ville devant moy notère.
6- et tesmoings soubz scriptz..."
[Fol. 419] 1570, 2 novembre- Millau, dans la boutique des héritiers de Dominique Demalrieu,
Albert Daures, fils de Paul, marchand, et Me Anthoine Demalrieu notaire, habitants de Millau, tuteurs des enfants pupilles dudit Dominique Demalrieu, ont arrenté et affermé à Jehan Malbois, marchand de Saint-Jean du Bruel, résidant à Millau, la susdite boticque avec sa rière-boticque, sous la maison dudit feu Dominique Demalrieu, dans la Rue Droite , confrontant devant avec ladite rue, dessus avec ladite maison, d’un côté avec la maison et boutique de Anthoine de M…, [2] d’autre côté avec la boutique où travaille ledit Me Anthoine Demalrieu, dernier [3] […] la maison de Guilh[aume] Gache et ses autres confrontations… [Le passage qui suit [4] est reproduit dans la version originale, ligne à ligne]
« …. laquelle boticque seroit guarnye de cab Peut-être occ. : cabal (Voir ce mot à la fin). [5] [?...]
postz [6], dernier de deux coustés d’icelle peintes [… bon..]
formé : - de ung grand coffre servant de monstre [7] fermé
à deux ressortz avec une clef, - de ung salis [8] à tenir sel
de postz , fermé devant de postz, ormis l’entrée, a metre […]
sel, - la porte de l’entrée de ladite boticque, fermée de deux
grandz portes bois et le gisquet [9]d’icelle à demy-porte
guarnies de deux cadaules [10] par dernier, l’une et la plus aulte
grande et la plus basse petite fer, de deux palastrag[es] [11]
de chesque cousté et le gisquet d’ung cousté d[…]
deux avec tras-berrolh [12] ? , plest [13] et clef et berrolh,
plest à fermer ladite boticque, - de deux tabliers [14]de pierre,
l’ung couvert d’une post rompue avec ung rastelier
à tenir merchandise sur l’entrée de ladite boticque, g[uarni ?]
de petitz crochetz fer tout neuf. À la rière-boticque, une
pize [15] pierre couverte de postz avec palastrages pour
[Fol. 420] tenir huile, contenant deux charges [16]ou environ. Et du
cousté de la maison dudit de Monbouc (?), dans la murralhe
ung armoire fermé de porte, berrolh et sarrure sans
clef…. »
Le bail de ces locaux est conclu pour cinq années complètes à compter du 2 novembre 1570 , finissant à semblable jour, pour le prix, chaque année de 12 livres tournois, payables la moitié à Noël et l’autre moitié à la Saint Jean-Baptiste. A la fin, Malbois devra rendre la boutique meublée dans le même état.
Les tuteurs paieront les talhes (impôts fonciers). Le cabal [17]et les marchandises se trouvant dans la boutique ont été estimés par Brenguier Ysseute [18] et George Hugla, marchands de Millau, prudhommes à ce commis par les parties, à la somme de 171 livres 2 sols 7 deniers tournois , somme que Malbois remettra aux tuteurs.
Présents :
- Barthélémy Bonaffos (qui n’a pas su signer), cordonnier,
- Me Guilhaume Mercier prêtre, signé avec les parties.
- Raimond Gaujal, notaire.
Nous développerons ce thème dans notre article :
www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1663