par M. Jean Delmas, Monique BRUNEL , Suzanne BARTHE
Dans notre précédent épisode nous avons évoqué les origines millavoises de Pierre de TREMOLET., "médecin du roy". Cf https://genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1679.
Nos remerciements vont à A. CARAYON et JL LEBECQUE pour leur documentation, et bien sûr à M. Jean DELMAS pour ses transcriptions.
Nous précisons que seules les dates attestées par des actes sont mentionnées. Nous poursuivons nos recherches ...
Si dans son testament de 1482 [1] son père, Bernard TREMOLET semblait destiner son fils Pierre TREMOLET à la prêtrise, près de 20 ans plus tard, un acte conforte la piste des origines millavoises de Pierre TREMOLET médecin .
Il s’agit d’une reconnaissance de dettes en date du 29 aout 1501, émise par Pons ALDEGUER, et son frère Bernard. [2] Dans cet acte, Pierre TREMOLET est qualifié de "maitre en médecine", il n’a donc pas encore son doctorat !
Dette de Pons Aldeguier et de Bernard, clerc, son frère, de Millau envers Peire Trémolet, maître en médecine de Millau, 29 août 1501, 3 actes A.D. Aveyron, 3 E 11681, fol. 177-179
Acte I - Pons Aldeguier laborator et Bernard, clerc, son frère, de Millau s’engagent à payer leurs dettes envers Peire Trémolet, maître en médecine de Millau
[Fol. 177] 1501, 29 août- Pons Aldeguerii, laborator et Bernard Aldeguerii, clerc, son frère, de Millau, reconnaissent devoir ensemble à Maître Peire Tremoleti, maître en médecine (in medicina magister) de Millau, 30 écus d’or, chaque écu valant 35 sous tournois, dans le cadre d’un échange conclu à l’amiable (amicabili mutuo) entre eux [Fol. 177 vo] et d’une fin de compte, après avoir défalqué (la valeur d’) un cheval de poil fauve avec sa selle (equus pili fauvel cellatus) livré par Bernard Aldeguerii audit Tremoleti, ce même jour.
Le paiement des 30 écus s’échelonnera comme suit : 4 écus d’or à la Saint Michel prochaine, puis l’année suivante à la Saint Michel 4 écus, jusqu’à la fin de paie.
Ils se sont obligés, eux et leurs biens, et Bernard Aldeguier personnellement (persona sua propria), se soumettant au sceau authentique de la cour royale de Millau, au petit sceau royal de Montpellier et à la cour de l’Official de Rodez.
[Fol. 178] Fait à Millau, dans la maison d’habitation de sire Johan Cavalerii, juge royal de Millau. Témoins : outre ledit Cavalerii, Anthoni Bonna[mici ?], Johan Molinerii, Durand Artis bachelier ès loi, habitants de Millau.
Guilhem Garini, notaire royal.
Nous en avons la preuve par un acte du 15 fev 1522 dans lequel Raulet Trémolet reconnaît devoir à Peire Trémolet, docteur en médecine, les dettes contractées par quatre personnes (?), 15 février 1523 (n. st.) AD Aveyron 3 E 11756, fol. 69.
Le notaire Malevaldi (forme qui semble meilleure que Malaval) aime la concision, ce qui n’est pas le cas de tous. Ci-dessous la quasi-traduction de la reconnaissance de dettes en faveur de P. Trémolet.
« Pour sire Peire Tremoleti :
Le 15 février, l’an du Seigneur 1522 (anc. st.), honorable (providus) homme Raulet Tremoleti déclare devoir à Me Peire Tremoleti, docteur en médecine, absent, les dettes suivantes, savoir celles qui lui sont dues (debita sequentia videlicet contra) par noble Johan de Sénégra, noble Imbert de Montjaux (Montejovis), Peire Mazuc (?) et Peire Miquel pro suppos (itione ?) studii (?).
Fait dans l’ouvroir et des témoins Johan Bonh…, tisserand, Johan Chartrié et Malevaldi notaire. »
– Pierre voit le jour à Millau vers 1458. Nous ne disposons malheureusement pas de l’acte de naissance ou plutôt de baptême.
– Pierre TREMOLET fait ses études de médecine à Montpellier, ville où il épouse (vers 1490-1495) Marie de Cambis (alias Cambi, Camboyet, CAMBAYS ), dont il aura 6 enfants (voir ci-dessous son testament ).
– Docteur en médecine, il deviendra médecin du roy, d’abord semble-t-il Louis XII, [3] puis François Ier [4]. Ce dernier anoblira Pierre de TREMOLET, par lettres de noblesse du 6 juin 1525. [5]
– En 1521, Pierre TREMOLET avait fait l’acquisition de la SEIGNEURIE DE MONTPEZAT dans le Gard. Cf ci-dessous.
– Pierre de TREMOLET décèdera avant 1529 . [6], après avoir testé le 10 octobre 1528 (Cf ci-dessous).
conseiller, et médecin phisicien ordinaire du roi , seigneur de Montpezat,. [7]
Par ce testament Pierre de TREMOLET demande à être inhumé dans l’église Saint Martial de la cité de Paris [8], voulant un service dans les églises de Montpezat et de Montpellier.
Pierre de Trémolet lègue :
- à Marguerite, sa fille, femme de Bertrand Rezeguier, conseiller au parlement de Toulouse, 1000 écus, voulant que son gendre poursuivre les procès du testateur à raison du château de Montpezat,
- à Madeleine, sa fille, 2500 livres ;
- à Charlotte, autre fille, 2500 livres ;
- à Bastlarme, autre fille,2500 livres ;
- à Jean Trémolet, son fils, s’il arrive à la médecine, 400 livres qui lui sont en partie dû par Jean Malerne, évêque de Cominge, et en outre tous ses livres de médecine et philosophie naturelle, son mas de Fréjorgues ;
- à sa femme noble Marie de Camboyet, le vivre, entretien honête et convenable en sa maison et sur ses biens,
- à Guillaume Delornas, son serviteur et à Guillaume de Lajus, prêtre ;
- Il institue pour héritier Antoine de Trémolet, son fils ainé, avec substitutions en faveur de ses autres enfants ;
– ses exécuteurs seront maitre Pierre de Garrigues, docteur es droits
et Gilbert Griffi, doyen de l’université de médecine de Montpellier ;– l’acte récité en la maison du Roy Pépin [9] dans la cité de Paris, le 10 octobre 1528, devant Me Pierre LETELLIER suivi d’un codicille.
La seule trace du décès de Pierre Trémolet, est la donation faite par son fils Jean, de son mas de Fréjorgues, en date du 12/09/1529, où il est déclaré "feu". [10]
Testament fait à Montpellier devant Me Coste, notaire, le 1er février 1579. Ce testament figure dans la liasse des testaments du "chartrier de Montpezat" étudié par Y Chassin du Guerny
Par ce testament, Anthoine de TREMOLET demande a être inhumé à Montpellier selon les rites de l’Eglise Réformée. Nous voyons donc qu’Anthoine avait adopté les idées de la Réforme.
Anthoine de TREMOLET lègue « par droit d’institution » à ses enfants :
- Louise de Trémolet, 1500 livres,
- Jean-Pierre de Trémolet, son mas de Fréjorgues, mais en réservant la jouissance à son épouse durant sa vie ;
- à Mathurin de Trémolet, sa terre et seigneurie de la Valette ;
- à Charlotte de Trémolet, outre les 1333 livres payées lors de son contrat de mariage devant Raimond Paul, notaire de Fons, 33 écus et un tiers d’écus ;
- à Pierre de Combes , de Montagnac, fils de feu Pierre de Combes, sieur de Combas et de Catherine de Trémolet, sa fille, une pension acquise des consuls et diocésains de Montpellier, à charge par ledit Pierre d’entretenir Isaac, Abraham, Jacques et Jean de Combes et Marguerite de Combes, leur donne en outre par droit d’institution une somme de 1333 livres ;
- à Pierre de Trémolet,fils de feu Guillaume, fils du testateur, les moulins qu’il a sur le Lez, près de Castelneau, et deux maisons sises dans les murs de Montpellier, outre la pension de 100 livres constituée lors du mariage dudit feu Guillaume de Trémolet avec Espérance d’Assas ;
- à Charlotte de Bucelly sa femme et bonne compagnie sa maison principale en laquelle elle fait demeure à Montpellier, etc. ;
- institue pour son héritier universel Jean de Trémolet, son fils ainé, avec substitutions
Ce château médiéval est situé dans la commune éponyme, dans le département du Gard, en région Occitanie. Villa Alsatis en 994, Castrum Montispesati en 1156 et Montpesat en 1435.
La bulle d’Adrien IV du 10 décembre 1156 recense déjà le château de Montpezat parmi les possessions de l’évêque de Nîmes. Bernard d’Anduze, fils de Bertrand d’Anduze, rend hommage, notamment pour ce château le 19 mars 1174 à Aldebert d’Uzès, évêque de Nîmes.
Au XIIème siècle, le village de MONTPEZAT est une place forte occupant une position stratégique sur les premiers contreforts des Cévennes. Son allure guerrière marque fortement le paysage.
Le château fut cédé à Saint-Louis en 1269 par l’évêque de Nîmes. Selon la tradition, le roi y résida.
En 1521, la seigneurie de MONTPEZAT fut vendue à Pierre Trémolet alors médecin de François Ier. La quittance de 1522 en fait foi.
Quittance des droits de lods payés à l’évêque de Nîmes, par Pierre de Trémolet, à raison de l’achat de la seigneurie de Montpezat, Pignol, notaire de Nîmes, 18 février 1522. [11]
– Pierre TREMOLET décèdera à Paris vers 1529, mais sa descendance conservera Montpezat durant plusieurs générations.
– En 1569, les Protestants s’emparent du château. Jean de TREMOLET en était alors le châtelain, et il avait lui-même adhéré aux idées de la Réforme.
– Le 15 décembre 1755 - ordonnance de mise en possession des biens substitués par Jean-François de Trémolet de Montpezat en faveur de Pierre de La Rouvière de Dions, président au présidial de Nimes. [12]
– En 1789, le château est incendié mais le feu est éteint par les habitants du village. Les escaliers furent brisés et les appartements pillés.
Avant 1789, l’édifice formait un quadrilatère, fermé au sud par une galerie ou un mur formant une terrasse. La chapelle est sur la terrasse, à côté de la tour. Le château conserve trois bâtiments principaux, entourant la cour sur trois côtés.
L’aile nord est percée, sur la cour, de deux larges arcades plein cintre et d’une petite porte du XVe siècle pour le rez-de-chaussée ; à l’étage, elle est percée de deux larges baies à croisées et meneaux.
L’aile Est se termine par une large tour carrée en partie ruinée mais dont les baies à croisées et meneaux existent toujours. Elle possède, au niveau de l’étage, une galerie en encorbellement.
L’aile ouest se termine au sud par une importante tour ronde, flanquée d’une tourelle d’escalier polygonale, portée par une trompe.
Les façades et les toitures du château font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 6 décembre 1949. [13]
Le 28 juin 1666 lettres d’érection de la baronnie de Montpezat en marquisat, données à Saint-Germain-en-Laye en juillet 1665 et enregistrées à Montpellier. (copie conforme) [14]
Notre propos n’est pas de vous proposer ici la généalogie de cette famille, nous en laissons le soin à notre adhérent Jean-Louis LEBECQUE. Néanmoins, nous résumons ci-dessous les éléments étudiés dans notre précédent article (Cf. https://genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1679) ainsi que les éléments produits ci-dessus.
I. Hugues TREMOLET x Delphine GELY (fille et héritière universelle de défunt Esteve Geli), [15]
d’où :
- Bernard qui suit
- Peire, cité au testament de son frère Bernard en 1482
- Johan, cité au testament de son frère Bernard en 1482
II. Bernard TREMOLET x Prosseta BANNAS (fille de Pons de BANIS), d’où :
- Raulet TREMOLET x Desirata ALDEGUIER, [16] [17]. Raulet (Rauletz) sera "pareur de drap" et marchand.
- Johanna TREMOLET
- Margarita TREMOLET x Me Bernard ALMEYRAC, d’où :
- Brenguier ALMEYRAVC
- Pons TREMOLET x (ca 1490) Astruguette BENOIT/BENEZECH [18]
– Blaise TREMOLET x Clarence ROBERT
– Pierre TREMOLET qui suit
IV. Pierre de TREMOLET, docteur en médecine, médecin du roy x Marie de CAMBIS, dont :
- Antoine de Trémolet, son fils ainé, héritier universel
- Marguerite, épouse de Bertrand Rezeguier, conseiller au parlement de Toulouse
- Madeleine
- Charlotte,
- Bastlarme,
- Jean Trémolet,
V - Anthoine de TREMOLET, Cf. testament ci-dessus
Il avait épousé Charlotte de Bucelly d’où :
- Jean de Trémolet, fils aîné et héritier universel
- Louise de Trémolet,
- Jean-Pierre de Trémolet,
- Mathurin de Trémolet
- Charlotte de Trémolet x
- Catherine de Trémolet x Pierre de Combes, sieur de Combas, de Montagnac,
- Pierre de Combes
- Isaac de Combes
- Abraham de Combes
- Jacques de Combes
- Jean de Combes
- Marguerite de Combes
- Guillaume de Trémolet x Espérance d’Assas
- Pierre de Trémole
Bonne lecture !
SB