par Jacques ASTOR , Jean DELMAS, Monique BRUNEL , Suzanne BARTHE
Dans le premier épisode nous avons présenté LE MAS DE LA FAGEOLE de CORNUS dans son ensemble (étymologie, patrimoine vernaculaire, succession des patronymes) .
Nous vous proposons cette fois un focus sur la famille MAURY avec l’étude du patronyme par Jacques ASTOR ainsi que l’étude d’un acte de 1499 que M. Jean DELMAS a bien voulu analyser. Nous les remercions pour leur participation toujours appréciée par nos lecteurs.
Etymologie du patronyme Maury
25 saints Maurinus ont été représentés au cours de l’époque gallo-romaine et du haut Moyen Age. Il s’agit d’un cognomen romain dérivé de Maurus « Maure » signifiait « brun comme un Maure » : qui a les cheveux bruns ou noirs, qui a la peau basanée, olivâtre.
On connaît particulièrement un martyr du VIe siècle, un diacre supplicié à Lectoure dans le Gers, à 50 km au sud-ouest de Saint-Maurin.
On doit à Maurinus le patronyme MAURIN issu du nom de baptême. Il est connu dans la grande majorité des départements des pays d’Oc et beaucoup plus rare en pays d’Oïl.
Ses départements de référence sont les départements du Gard, des Bouches-du-Rhône, de la Lozère, de la Haute-Loire, de l’Hérault et du Vaucluse.
MAURY est la variante phonétique occitane de MAURIN (cf. Moulin et Mouly, Martin et Marty). Les deux patronymes sont fort répandus, néanmoins Maury est plus connu que Maurin.
Maury est très connu en pays d’Oc : il a pour départements de référence le Gard, les Bouches-du-Rhône, la Lozère, la Haute-Loire, la Gironde, l’Hérault et le Vaucluse. Suivent les Alpes-Maritimes, le Var, l’Ardèche, les Landes, la Drôme, le Lot-et-Garonne, les Alpes-de-Haute-Provence, le Puy-de-Dôme, la Haute-Garonne, l’Aveyron et l’Aude, pour ne citer que les départements au-dessus de 70 naissances car tous les départements occitans sont concernés.
Maury est répandu dans l’ensemble de l’Aveyron et particulièrement abondant en Sud-Aveyron : Millau et Millavois, Larzac (La Cavalerie, Cornus), Saint-Affrique et Saint-Affricain… Il a néanmoins une présence atténuée dans le Ségala (hormis Sauveterre, Gramond et Sénergues) et les Pays d’Olt (excepté Espalion) [1]
Dans le 1er épisode de notre feuilleton sur LA FAGEOLE DE CORNUS nous avons vu que la famille MAURY y était attestée depuis au moins 1426.
http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1515
Nous vous proposons aujourd’hui l’étude par Jean DELMAS d’un acte de 1499.
Reconnaissance faite à Anthoni Peytavin(i) par Peyre et Vésian Maurin(i), du mas de la Fajola, juridiction de Cornus (de Cornutio)
[bleu]« 1499 [/bleu] ( vieux style [2]
[bleu]Personnellement constitués, Peyre et Vésian Maurin(i), habitants du mas de la Fajola, paroisse et juridiction de Cornus, ont solidairement reconnu et confessé avoir reçu d’Anthoni Peytavin(i), fils de feu Johan, futur mari (vir futurus) d’honnête fille Catherina, fille de Johan Maurin(i), la somme de cinquante cinq florins, monnaie présentement courante dans le royaume de France, sur ou pour la dot ou verquière [3]. (hoc de dote et pro dote sive verqueria), somme que ledit Anthoni avait promis apporter tant en monnaie qu’en biens équivalents (tam in denariis quam in denayratis), conformément à la constitution de dot, reçue et notée par moi [de Banis] notaire, à sa date[/bleu] [4].
[bleu]Lesquels frères Maurin(i) se considèrent comme bien payés et ils en ont fait quittance audit Anthoni. Ils ont promis rendre ladite somme, dans l’éventualité d’une restitution ou reprise, - que cela ne soit pas ! [5].- (eventu restitutionis sive reppetitionis… quod absit). Et si lesdits reconnaissants, d’un côté, et Johan Maurin(i), le père de Catherina et beau- père d’Anthoni Peytavin(i), de l’autre, tous trois en ce qui concerne leurs biens communs, tenus en indivision (simul comunes et megerii in omnibus eorum bonis), étaient amenés à en faire la division ou partage (ad divisionem et dispartimentum), la restitution se ferait tant en monnaie qu’en biens équivalents (in denayratis), à raison du paiement, chaque année, à la Saint Jean Baptiste, de cinq livres tournois en déduction des 55 florins et cela jusqu’à épuisement de la dette. Il est en outre envisagé que Johan Peytavin(i), frère d’Anthoni, pourrait apporter la somme de 40 florins, promises dans un autre contrat, noté par le même notaire, à sa date, et dans ce cas cette somme serait déduite (in deductionem et actenuationem) des 55 florins reconnus et dus par lesdits frères.[/bleu]
[bleu]En garantie de ces conventions, les frères Maurin(i) reconnaissants se sont soumis eux et leurs biens meubles et immeubles à l’autorité des cours de Nant, de Cornus, de la vicomté de Creissels et du vénérable official de Vabres.[/bleu] »[/bleu]
L’acte précédent et ses contradictions apparentes ne pourraient être profitablement analysés que si nous disposions des deux actes dont le notaire fait mention, sans précision de date, d’abord le contrat de mariage d’Anthoni Peytavin(i) (pourtant encore appelé : futur mari) et de Catherina Maurin(a), ensuite d’une probable reconnaissance de dette de Johan Peytavin(i), frère d’Anthoni, envers les frères Maurin(i), cousins de l’épouse.
A cela il faudrait ajouter un acte inconnu, mais probable, le contrat d’affrairement ou société fraternelle [6].liant entre eux les frères Maurin(i), en remontant peut-être à la génération précédente, celle de leur oncle Johan, le père de Catherina.
Autant d’inconnues ! C’est dire que la découverte de ces actes corrigerait, voire annulerait peut-être nos hypothèses et déductions. Prudence donc !
J.D.
NDLR : le contrat de mariage, rédigé par le même notaire, a dû avoir lieu peu de temps avant (distinct du sacrement de mariage qui n’a pas encore eu lieu ; en effet, Anthoni Peytavi est encore dit futur mari). Malheureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, ces minutiers du notaire De BANIS ne figurent pas dans les AD 12. Si par miracle un de nos lecteurs a connaissance de ces actes nous le remercions de nous les communiquer !!!
[rouge]Dans le prochain épisode, nous allons étudier le testament de Catherina Maurina, en date du 11 novembre 1554 dans lequel d’une part les dispositions pieuses sont nombreuses et intéressantes. et d’autre part, la testatrice nomme ses enfants et gendres, un petit-fils et une nièce, Magdalena, fille de Peyre Peytavi (voir épisode N°3).[/rouge]http://www.genealogie-aveyron.fr/spip.php?article1522