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1591 - Testament de Paul de Malrieu marchand protestant de Millau
Article mis en ligne le 28 juillet 2023
dernière modification le 2 août 2023

par Jean DELMAS, Suzanne BARTHE

Voici l’analyse, avec des extraits, du testament de Paul de Malrieu, en 1591. Curieux document dans lequel le testateur, protestant, réfugié à Sainte-Eulalie du Larzac, parle des excès des affrontements de la guerre civile ; mais le premier témoin de son testament est le vicaire (comprendre curé) de La Cavalerie.

Testament de Paul de Malrieu ou Demalrieu, marchand de Millau (11 mars 1591)

AD Aveyron, 3E12292 Marcellin Baldin, notaire de Sainte-Eulalie), fol. 30 vo-31 vo

[Fol. 30 vo], à Sainte-Eulalie, diocèse de Vabres, le 11 mars 1591.

Paul Demalrieu (de Malrieu), marchand de la ville de Millau,

« lequel scain de ses scens, entendement et mémoyre, considérant qu’il est proffitable à ung chescun crestien et crestienne, pendent qu’il est en son bon scens…, ordonner des biens que Dieu luy a donnés en ce monde affin que après son décès, entre ses parents et amis [1] ne survienne aucun procès, débat ny question ; voyant aussy ceste guerre cyville (?) quy régne en ce royaulme de France et peu d’ordre en ceste Aulte Marche [2] de Rouvergue, ne y ayant aucun chief d’ung party ne d’aultre religion que soyt obéy, mais se comettent toutz les jours ung infinitté de meurtres, voleries de bestaylh, tellement que le laboratge [3]. et comerce cesse en cettedite Aulte Marche, dans laquelle aucung personnatge ne à aulcun … à négotier ces affaires ny sortir de sa maison quy ne soyt en grand dangier de sa vie... »

Il fait donc son testament en ces termes :

- « Quant Dieu aura fait à son comandement… quant son âme sera séparée de son corps, sondit corps soyt ensepvelly comme ceulz de la Religion Refformée ont accoustumé faire dans le cymityayre dudit Milhau et tombeau de ces avantiers . »


  « Item… lègue au bassin des pouvres dudit Milhau la somme de 100 soulz, payables dans un an après son dessès » ;

 Item il lègue à « honeste femme Margueritte Daures, sa très honnorée mère, vefve en premières nopces à feu Dominique Demalrieu et en secondes nopces de feu Brenguier Seyton, en leur vivant dudit Milhau, la somme de 33 escutz un tiers, revenant à 100 livres t. et ung sien champ qu’il a assiz au terroyr dudit Milhau dict En Barry, payable ladite somme dans ung an après son dessès, pour sa vie durant jouir dudit champ et somme susdite... ». A son décès, cette part reviendra à son héritier [Fol. 31] et, si celui-ci était décédé sans enfant, que sa mère agisse à sa volonté.

 Item, il lègue à Pierre, Jean, Martre, Marie Seytons, ses frères et sœurs utérins, à chacun un escut deux tiers, payable, etc.

 Item, il lègue à Mestres Anthoyne Demalrieu notaire et Luc Demalrieu ses oncles, savoir à Anthoyne 10 escutz et à Luc un escut or sol, payables, etc. Au cas où son héritier, ou héritière, décéderait sans enfant, il donne audit Mestre Anthoyne, notaire, une vigne au terroyr dudit Milhau, lieu dit Al Bas Crès.

 Item, il lègue à Anthoinette Demalrieu, sa tante, femme d’Esperit Borguignon, marchand de la ville de Saint-Affrique, 20 escutz or sol, payables, etc.

 Item, il lègue à tous ses autres parents prétendant avoir droit en ses biens, un escut, payable, etc.

 En ses autres biens meubles et immeubles, il institue ses héritiers universels, à part égale, « Suzanne Devaus. [4], sa femme bien aimée et le postum qu’elle porte dans son ventre… et veult que sadite femme vivant en viduitté soyt mestresse, seigneuresse de cesdits biens, sa vie durant... », la chargeant de rendre son hérédité au posthume, sans qu’elle puisse avoir aucune quarte [5] Si elle se remariait, il lui confirme l’ajancement Don fait par le futur à son épouse, au moment du mariage, parfois donation réciproque. [6] que ledit Demalrieu lui a fait lors de leur contrat de mariage et, outre cela, il lui lègue [Fol. 31 vo] 50 escutz payables dans l’an suivant son remariage. Il désigne Me Gelibert de Vaux, docteur en théologie, et Me Anthoyne Demalrieu, comme tuteurs (?) dudit posthume. Et si ledit posthume décédait avant mariage, son hérédité reviendrait de plein droit à Suzanne Devaus sa femme, pour en faire à sa volonté.

Clauses finales.

Présents :

  • Frère Pierre (?) Cadilhac, vicquaire de La Cavalerie,
  • Jehan Mazerand, de Belvèze, terre de La Couvertoirade,
  • Anthoine Sollier, de…,
  • Jehan Gros, de Sainte-Eulalie, sous-signés avec le testateur,
  • Gabriel Gelly (?),
  • Phelip Baldin dudit lieu et Jehan Baldare de La Panoze,

ne sachant signer.

  • Marcellin Baldin notaire royal de Sainte-Eulalie.

Jean Delmas

Quelques dates concernant Paul de MALRIEU

En 1558, la Réforme protestante apparait dans la province de Rouergue, à Millau et Villefranche-de-Rouergue. Les idées se diffusent chez les notables lettrés, et en particulier les marchands drapiers, qui fréquentent les foires du Languedoc. Millau devient une place forte protestante pendant les guerres de Religion.

Mais cela ne va pas sans dégâts, comme l’indique dans ses Mémoires "un calviniste de Millau", les habitants vivaient alors des "temps fort calamiteux"  ! [7]

  • 1567 - Paul De MALRIEU, fils de Dominique DE MALRIEU et de Marguerite DAURES voit le jour, dans une famille protestante millavoise.
  • 1570 - Son père Dominique de MALTIEU décède à l’âge de 34 ans.
  • 1572 - Devenue veuve, sa mère, Marguerite DAURES, (fille d’Albert DAURES et d’Astrugue JULIEN) épouse en secondes noces le 12 février 1572, à Millau, Brenguier SEYTON, d’où : Pierre, Jean, Marthe et Marie. Brenguier SEYTON décèdera avant 1591.
  • 1591 - Paul de MALRIEU teste une première fois, fort probablement peu après son mariage avec Suzanne DE VIALETTES . Voir plus haut l’analyse du testament.
  • Le 20.08.1607 - Quittance par ledit Paul DE MALRIEU, marchand, et Jean BALMAGUIER marchand de Milhau, « fermiers pour le Roy [8] en l’année 1601 des droits de loz et ventes et blés censuelz de Milhau »
  • 1613 - Sieur Paul de MALRIEU, bourgeois de Millau, époux de Suzanne de VIALETTE (fille d’Anthoine VIALETTE) de Religion Réformée, testera une seconde fois le 09.12.1613. Depuis le testament de 1591 trois fils et trois filles sont nés : Paul, Jean, Anthoine, Suzanne, Claire, Anthoinette.
  • Le 01.03.1615 – Acte passé par Delle Bourguyne COSTES Veuve d’Antoine VIALETTES. [9]
    Rappel et confirmation de la relaxation des biens et hérédité de son défunt mary à Suzanne VIALETTES sa filhe, épouse de Sire Paul de MALRIEU bourgeois de Millau [10] .
  • Le 07.03.1633 - Testament de Suzanne de VIALETTES
    Religion réformée. Sont cités au testament : Paul, Jean et Anthoine de MALRIEU ses fils ; Claire de MALRIEU sa filhe (épouse (1622) de Me Gabriel TAURYNES Dr en droits de St Affrique) ; Anthoinette de MALRIEU autre filhe (épouse (1632) de Charles JAUSSAUT marchand de Milhau) - Héritier universel : Paul de MALRIEU son mari
  • Le dernier testament de Paul de MALRIEU date du 09.04.1647, il est alors veuf. Il sera présent au mariage de son fils Anthoine de MALRIEU le 20.02.1649.

Suzanne BARTHE

Une étude sur la famille de MALRIEU de Millau
vous sera prochainement proposée.