Au hasard de nos recherches, Monique BRUNEL a découvert ce testament de Brenguier BRUNEL marchand de Millau. Nous remercions Monsieur Jean DELMAS d’avoir bien voulu réaliser l’analyse de ce texte (assez mal écrit). Brenguier BRUNEL possédant au demeurant un fort caractère !

Connaissant un peu cette famille de Millau, présente dans les lointaines ramures de plusieurs d’entre nous, il nous a paru intéressant de vous le présenter aujourd’hui. D’autant plus qu’il est, en quelque sorte, l’un des premiers jalons d’une autre découverte.

Ce testament donnera lieu à de nombreux rebondissements, pour prendre fin en 1598 par une sentence arbitrale que nous vous soumettrons.

Testament de Brenguier Brunel, de Millau, du 25 janvier 1553

AD Aveyron, 3E 11779, fol. 519 vo-522 vo (Jean de Malrieu, notaire).

[519 vo] 1553, 25 janvier, Henri, roi de France régnant. Sire Brenguier Brunel, marchand de Millau en Rouergue [520], vieux, en sa parfaite mémoire, ordonne son testament comme suit :

– Il fait le signe de la Croix, disant : Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Il

« recommande son âme, corps et biens à Dieu le Père tout puyssant, à la Saincte Trinité et à la benoiste Vierge Marie, mère de Jésu-Christ, et à tous les sainctz et sainctes de Paradis ; et s’il avoit donné aucung povoir à l’Inimi de nature, Diable d’Anfer, icelluy [testateur] a cassé et s’est confessé de tous ses péchés, sa vie durand comis, et en a requis à Dieu pardon... »

OBSEQUES, LEGS PIEUX ET CARITATIFS

– Il veut ses obsèques à Nostre-Dame de l’Espinasse, sa sépulture au tombeau de sa première femme feue Anthoinette Tauriague [1] . Il veut

"4 torches cire et les entortilhes [2] comme est de costume »

que soient appelés les prêtres qui sont au rolle de Purgatoire [3] de ladite église, ainsi que les autres prêtres habitants de Millau.

Il lègue à chacun d’eux

« un sol six deniers à payer quand son corps sera sorti de sa maison, troys deniers devant la porte et autres troys deniers t., quand le mettront en son vas [4] ». Chaque prêtre sera tenu de dire uns messe pour son âme [520 vo] et prier en la chapelle qui est aux cloîtres dite la Capela de Mess. de Monzillis (?)… Son héritier donnera alors à chacun 12 deniers t. et leur tiendra « ung clerc pour ayder à dire lesdictes messes ».

– Il lègue aux couvents de la ville, Prêcheurs, Frères mineurs et Carmes, à chacun 10 sols. Ils célébreront pour son âme une messe chantée avec diacre et sous-diacre.

– Il lègue aux bassins du Purgatoire, des Cinq playes [5] et torches… (?) instituées en ladicte église, à chacun cinq sols.

– Il veut que soit faite une offerte….. de 4 d. pain et 4 d. vin, comme est de coutume, la moitié donnée aux pauvres et l’autre moitié à ladicte église, etc. ; et le jour de sa sépulture, pour amour de Dieu, soit donné aux pauvres

« ung cestier [6] bled mescle [7] en pain , le jour de la neuvaine un cestier et le jour du chef d’an un autre cestier. »

– Il veut que soit donné aux pauvres le jour de sa sépulture un drap burel [8] et pour la neuvaine un autre drap. Les pauvres choisis par son héritier

« porteront les torches quand son corps sera porté à ladite ecclésiastique sépulture ».

– Il veut que le jour de la neuvaine soient appelés lesdits prêtres [521] qui sont au rolle de Purgatoire ainsi que les autres prêtres de Millau, les Prêcheurs, Frères mineurs et Carmes, et aussi le jour de son chef d’an, et que soient donnés chaque fois à chacun 15 deniers t.

– Il lègue pour l’amour de Dieu, 15 cestiers bled seigle, mesure de Chasteauneuf de Lévéson, pour qu’ils soient donnés aux plus pauvres des paroisses d’Estalane et de Chasteauneuf…

– Il lègue pour l’amour de Dieu et la rémission de ses péchés, pour le mariage de trois pauvres filles, orphelines de père et de mère, 30 livres t. qui seront payées dans les quatre ans suivant son chef d’an.

LEGS À SES HÉRITIERS

– Il lègue à Etienne Brunel, son fils, 200 livres, à lui payer dans les quatre ans révolus, plus un patrenostre d’argent et deux culiers d’argent, objets qui sont dans son coffre.

– Il lègue à Catherine Brunelle, sa fille, femme de Marcely Portal [9], outre sa dot [521 vo] dix livres à payer dans les cinq ans.

– Il lègue à Pierre Brunel, son fils,

« jaçoit que [10] lui soit esté ingrat »

100 livres soit 50 livres, quand il se mariera, et cinq livres chaque année suivante.

– Il lègue à Etienne et Ramond Brunelz,

"que a dict ledict testateur estre ses filz naturelz »

à chacun d’eux dix livres, quand ils se marieront ou qu’ils prendront un métier. Son héritier sera tenu

« de les tenir à vie et acotrés jusqu’à ce qu’ils [pourront] gagner leur vie ; et sera tenu les metre à mestier ».

– Il lègue à chacun de ses nepveus et niepesses [11] cinq sols, à payer après son décès.

– Pour tous ses autres biens et droits, il institue son héritier universel Jehan Brunel son fils, qui paiera ses légats.

[521] – Il désigne le vicaire et son régent de l’église paroissiale comme exécuteurs testamentaires, pour le cas où

« son héritier dessus nommé ne feroit son debvoir et ne satisferoit auxdits légatz..., [par lesquels] a volu que sondict héritier soit constraint. »

CLAUSES FINALES ET TÉMOINS

Il casse et annule les testaments et dispositions qu’il aurait pu formuler antérieurement et il demande à ses témoins qu’ils en soient recordans.

Fait à Millau, dans la maison de l’Hôpital mage.

Présents : Frère Anthoine Maynia, commandeur et gouverneur dudit hôpital, Hostaci [12] Ricard, Hugues Creyssel, Anthoine Bolcié (?), fils de Guillaume, laboureur de Millau, Anthoine Fabrégua de Montelhetz, paroisse de Nostre-Dame de Bergonhos [13], demeurant pour serviteur avec ledit Maynia, Jacques Vidal laboureur de Millau, Bernard Damis (?), natif de Codolz [14]. , serviteur dudit frère Anthoine Maynia.

Jehan de Malrieu, notaire royal [15]

J.D.

Quelques éléments généalogiques

Brenguier Brunel, fils de Gérald Brunel et petit-fils de Laurens Brunel, est-il non seulement l’ancêtre d’une lignée de marchands mais également l’ancêtre d’une autre branche dont l’auteur se distingua pendant les guerres de religion  ?

Vous trouverez très certainement la réponse à cette question en découvrant dans notre prochain épisode un acte daté du 08.05.1598.

Bonne lecture !